oh! James |
(attention ce qui suit est un total spoiler du dernier film de James Bond)
La question qui agitent les milieux féministes en ce moment est "comment peut-on être en couple hétérosexuel et être féministe?".
Moi ma question c'est : comment peut on aller au cinéma voir James Bond et être féministe?
Je ne suis pas une féministe exemplaire, je suis mariée, j'ai des enfants, je travaille dans une boite où mes associés sont tous des hommes et j'aime les films de James Bond. Surtout ceux avec Pierce Brosman. Moins ceux avec Daniel Craig.
Mais surtout pas le dernier. Mourir peut attendre.
Ben non. Ça ne peut pas.
Ça ne peut plus attendre. Il faut tuer James Bond, il n'y a rien à sauver dans ce qu'est devenu ce personnage .
Je préfère un bon vieux machiste, le sexisme surjoué et identitaire tel une deuxième peau.
Je préfère un James Bond qui s'amourache de toutes celles qui passent et qui les oublie aussi tôt.
Je préfère la caricature assumée.
A ça.
C'est à dire un héros qu'on essaie de rendre humain (déjà l'oxymore), des gens avec des blessures qui essaient de "survivre" en tuant, des déclarations d'amour irréelles en préalable de toutes les scènes de bagarres. Rien dans les messages qui se veulent humanisants n'est crédible, ils sont juste grotesques. Comme des copier-coller de mauvaises com-rom (comédies romantiques) qu'on aurait mis là pour respecter le cahier des charges et ses exigences.
Exigence de diversité : donc des femmes et d'autres profils que des personnes blanches. Ce qui donne une Latino (Paloma au début), la nouvelle 007 une grande black avec un accent So British et Moneypenny une métis. Et évidemment Madame Bond : Léa Seydoux. A noter que toutes ces femmes sont bien plus jeunes que notre héroïque James.
Exigence de "tous les âges" : il est vieux notre James, à l'image de l'acteur, d'ailleurs on le sort de sa retraite pour cette mission-là. Apparemment dans le cahier des charges ça ne gêne personne que notre James vieillissant (joué par un acteur de 53 ans) soit en couple avec une jeune femme bien plus jeune (jouée par une actrice de 20 ans de moins).
Exigence de renversement des rôles : ce n'est plus uniquement James qui prend l'initiative du flirt (voire plus si affinité), mais aussi les femmes. Donc Paloma (sa partenaire de bagarre à Cuba) prend l'initiative. Ça n'étonne personne qu'elle soit très jeune et qu'elle soit irrésistiblement attirée par un vieux grigou. Elle est d'ailleurs présentée comme une newbie , avec juste 3 semaines d'entraînement, tête de linotte (quand elle est sous stress elle oublie les consignes, avoue-t-elle).
Exigence de féminité : une femme qui sait se battre. A poil sous sa robe, bout de tissu là juste pour montrer qu'elle n'est pas nue. Elle se bat avec des stilletos à bride. Toutes celles et ceux qui ont déja porté des talons aiguilles savent combien il est déja difficile de marcher avec ces chaussures sans parler de courir ni même de se battre.
Exigence de conformité au code 00 : la nouvelle 007 est une grande Black (exigence de diversité), mais pas aussi wild que James. Il n'y a que les hommes qui peuvent se permettre d'être libres et de désobéir. La nouvelle 007 est polie, bonne élève et loyale. Ses bons tuyaux, elle les reçoit de James et elle le dit. Et elle, elle demande la permission de tuer avant de le faire. Obéissante. Une 007 obéissante, c'est quoi ce concept? M le remarque et dit l'apprécier. Elle semble juste un peu idiote, gentiment niaise, pas tout à fait autonome, face à James, qui lui sait et fait, sans jamais demander.
Il y a eu tant d'efforts dans ce film pour gommer le machisme et tacher de se moderniser au regard de la "diversité" ou de l'égalité entre les sexes, que les scènes caricaturales nous sautent aux yeux :
- ce sont les hommes qui règnent sur le monde, les Grands de ce monde (les gentils, les méchants, les génies) tous des hommes. Ils le disent même "regardons nous, des vieux à se dire les mêmes choses" dans une scène à la prison entre James, le chef de Spectre, M qui écoute au loin et son conseiller spécial qui est juste derrière la porte.
- au moment de fuir l'île, un peu avant l'apocalypse, James met les 3 femmes dans le canot et lui reste sur le quai "I need to finish this" , "I know" lui repend sa compagne. Bien sûr, vaincre l'apocalypse est un job d'homme.
- je n'ai toujours pas compris pour quelles raisons on a introduit une enfant dans le scénario. James en père? Drôle d'idée. Surtout quand le seul geste qui se rapproche d'un truc "paternel" est de ramasser le doudou tombé dans une des innombrables bagarres. Reconnaitre le doudou de son gamin, c'est être attentif, même s'il reste incapable de lui dire une phrase qui tienne la route.
Donc les femmes se battent, des héroïnes. Mais nues sinon c'est pas drôle.
Les héroïnes sont obéissantes, surtout à leur supérieur hiérarchique masculin.
Les héroïnes ne trahissent pas, quand elles mentent c'est par amour.
Elles sont toujours attirées par des hommes plus âgés, parce qu'ils sont totalement irrésistibles.
Les enfants sont là avec leur doudou.
Mourir ne peut pas attendre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire