Cécile Becq - copie d'Instragram |
Je suis dans une phase très sociable, je sors l'iMari (ce qui est aussi bien plus facile depuis un mois qu'il ne travaille plus) et je lance des invitations à dîner. Ce qui a deux conséquences : les gens arrivent avec des trucs (assez variés je dois dire, et leurs conséquences aussi !) et ils repartent avec des livres et des BD. C'est l'astuce du flux sortant, pour pouvoir de nouveau en faire entrer sans être obligée de réfléchir à une nouvelle bibliothèque (t'es sure ? dirait l'iMari, pour la mettre où?). J'ai toujours fait circuler les livres, j'aime bien les prêter, et j'aimais qu'on me les rende. Depuis quelque temps je les fais passer en me rendant compte que s'ils ne reviennent pas ce n'est pas dramatique, qu'ils mènent leur vie sans moi (comme les iAdos), qu'ils continuent à éclairer d'autres vies que la mienne et c'est bien. Ça a commencé avec le médecin qui m'avait demandé Le vide et le plein , et ça s'est poursuivi au fil des diners. Je donne les livres dont on parle sans m'angoisser de leur éventuel retour. Ils oeuvrent auprès d'autres et c'est exactement leur vocation.
Ce week-end, est entrée avec les invités une grande corbeille pour ranger le bois près de la cheminée. L'objet utile et gracieux, qui va rassembler discrètement vieux journaux, boites d'œufs, petit bois et grosses buches, tout le kit démarrage et entretien du feu dans la cheminée. La conséquence de cette arrivée est que pour l'installer à ce qui était sa place, j'ai du dégager, ranger et excaver les piles de livres, BD, journaux qui stagnaient là depuis ... bien longtemps vu l'archéologie que j'ai du pratiquer pour accéder à ce coin derrière le canapé.
Et surprise, j'ai retrouvé deux BD dignes du pied de sapin qui approche, et une autre qui n"était plus dans la pile car donnée à des visiteurs d'un soir d'octobre.
Deux bandes-dessinée écrites et dessinées par des femmes, qui racontent des histoires de femmes et qui passent le test de Bechdel. C'est mon obsession, je sais, je ne suis pas la seule. Dans une interview, Alice Zeniter disait que plus jamais elle n'écrirait un roman qui ne passe pas ce test. Elle avait mis du temps à s'en rendre compte mais qu'aujourd'hui ça lui semblerait impensable.
Trois chardons de Cecile Becq se passe sur l'île de Skye dans les années 30, où les hasards de la vie font que trois soeurs se retrouvent un temps dans la même maison. Trois parcours, trois aspirations , trois styles de vie ... Evidemment, maintenant je n'ai qu'une envie c'est d'aller passer des vacances sur l'ile de Skye. Les dessins sont très beaux, on y sent le vent, l'humidité, la solitude et la rudesse des gens. L'histoire est finalement douce, sans être ni simplette ni résolument optimiste. Cecile Becq a réussi à dessiner le désir et la tension amoureuse en quelques images. Elle aussi un compte Instagram, pour se remettre régulièrement dans ces coups de crayons et son imaginaire.
Soixante printemps en hiver de Aimée De Jongh et Ingrid Chabert est une toute autre histoire, celle du
ras le bol, ou de l'émancipation - c'est selon - d'une femme qui vient d'avoir 60 ans et qui en a juste marre de sa vie rangée, son mari, ses enfants adultes ... de tous ces gens qui attendent des choses d'elle. Elle part sur un coup de tête et ... la vie commence. Puis s'arrête, sans que ce soit la fin, ni triste.
Et une dernière qui n'était plus dans la pile déjà partie avec des invités : les Pizzlis de Jérémie Moreau (oui un homme). Pizzlis c'est l'assemblage de ours polaire et grizzlis. L'histoire bascule de Paris en Alaska, sans laisser derrière paradoxes et difficultés. Les dessins sont oniriques, l'histoire une poésie fantastique. J'aimais déjà l'Alaska depuis que j'avais lu Le grand marin de Catherine Poulain. Anchorage est désormais inscrite sur ma liste de "place to go" (et sur mon empreinte carbone).
Un petit choix pour éviter de tomber dans le marketing bien rôdé de Astérix, Gaston Lagaffe et XIII ou Largo Winch qui de façon fort a propos sort un nouveau album juste avant les fêtes.
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