Ce qui déborde |
Plus d'un mois. presque deux.
Un mois et vingt jours exactement.
Un mois et vingt jours exactement.
Pour l'instant, je tiens.
Un jour après l'autre.
Je ne crois pas avoir passé aussi longtemps sans.
Cinquante et un jours que je n'ai pas mis les pieds dans une librairie.
Je me rappelle bien la date, parce que j'ai un mail de la libraire, ils se sont trompés dans le décompte, j'ai payé un livre en double et ils me font un avoir.
C'était des cadeaux. Il y a fait juste un seul livre pour moi, deux tout au plus.
Je suis presque tentée d'essayer un an sans librairie. Un an sans acheter de livre.
Je lirais tous ceux que j'ai en stock.
Je relirais tous ceux que j'ai aimés de mes étagères.
J'ouvrirai enfin tous ceux qu'on m'a offert et que je n'ai pas touchés.
Et s'il le faut, je reprendrai un abonnement à la bibliothèque.
Ou alors j'y retourne après épuisement des stocks.
J'hésite encore. Je ne sais pas bien à quoi rime cette nouvelle idée.
Ou plutôt j'essaie de trouver une solution, de contenir ce qui déborde.
Depuis quelques temps (qui se mesurent en semaines, mois si je suis honnête), je ne peux plus ranger ce qui a été lu dans les étagères des bibliothèques du palier.
J'ai bien une option, celle d'aligner des ouvrages sous les toits de la chambre, dans l'espace inutile et inutilisable où s'allonge le regard au bas du sol, ouvre la place sans permettre d'y aller si ce n'est à quatre pattes. Le luxe de l'espace inoccupé sous les toits.
Faire de la place, ne garder que l'essentiel, vider les piles qui montent aux différents endroits de la maison, découvrir peut-être une pépite enfouie ici ou là depuis parfois quelques années.
J'ai de doutes, autant sur le bien fondé de mon idée, que sur ma constance pour y arriver.
Est-ce que mon libraire va survivre ?
Est-ce que acheter des livres pour offrir ça compte ?
Est ce que se faire offrir des livres ça compte?
Vais-je arriver à éviter les librairies sur ma route?
Est ce qu'il va mettre possible de rentrer dans une libraire sans rien acheter?
Autant demander à un addict d'acheter de la dope pour quelqu'un d'autre. L'idée ne semble pas hyper crédible, si elle n'est pas cynique elle est illusoire.
Comme pour les joueurs invétérés, se faire interdire de librairie?
Au moment de la baisse des budgets de la Culture, est-ce bien sage ?
Mon devoir de citoyenne n'est-il pas de soutenir les autrices, les petits commerces?
Je peux y aller par étapes : d'abord la pile sur la table derrière mon bureau, puis celle de l'étagère à droite de mon bureau, et enfin celle de la salle à manger (l'excuse : ce sont des livres susceptibles d'intéresser les autres).
Avant de trier les bibliothèques du palier et de se séparer de ceux qui ne m'ont pas marquée, de ceux dont j'ai carrément oublié le fond, et de ceux que je n'ai pas aimé. Cela fera de l'espace, du vide pour ranger les piles lues.
Se désengorger.
Se désintoxiquer.
Et tout recommencer.
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