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Portraits de poétesses en feu

Je lis de la poésie. Aussi. Souvent. Régulièrement. Un peu tout le temps.

Rimbaud, Baudelaire, Prevert, Hugo et Aragon ont longtemps étaient les seuls. Ils ont soudain eu l'inconvénient de n'être que des hommes.

Puis il y a eu Emily Dickinson, Sylvie Plath, Cécile Coulon, Milène Tournier, et Amanda Gorman (bien sûr!). Et des recueils piochés à droite et à gauche, au bonheur des trouvailles.  

Et hier, est sorti un livre dédié aux poétesses, concoctée par une illustratrice (Diglee de son nom de plume). Elle y rassemble les invisibilisées et les oubliées, des biographies et ses dessins. Comme hier, ça a fait ma journée (OMG quelle semaine !) Ce livre est désormais sur ma wish list. 

Dans une interview pour Sorocité, elle raconte comment est né ce projet, et là où l'a mené ses recherches. Les poétesses ont été invisibilisées, niées, occultées, sciemment. L'histoire est racontée par les vainqueurs, il ne reste presque que des poètes dans nos anthologies, et enseignés à l'école, il ne reste que des hommes.  Alors que des poétesses ont été primées par des Goncourt, des prix de l'Academie Française, elles ont été décorées Chevaliers des Arts et Lettres, elles ont été effacées de nos anthologies, inexistantes tout au long de notre parcours éducatif. 

La recherche des poétesses est comme le reste, une volonté, un acte conscient. Elles ne viennent pas spontanément quand on nous demande nos poètes préférés (ou connus). Heureusement, certaines s'en chargent.

Je serai le feu est le titre de son recueil. C'est un vers de Claude de Burine. J'ai cherché ses poèmes sur internet, on en trouve quelqu'uns et surtout certains de ses ouvrages sont consultables sur Gallica (la plateforme numérique de la BNF qui numérise les indisponibles). j'adore le concept et surtout sa mise en pratique : on trouve des pépites. J'en partage une, issue du recueil Le Passeur


PUIS SUR LE TARD
Puis sur le tard
Est venue l'ombre
Avec ses dents de jeune loup

Je l'ai vue
Remonter jadis
l'Avenue silencieuse
De ton corps

Tout se taisait alors
Sous la pluie transparente
C'était l'heure
Des vertiges

Et pour le plaisir, celui qui a donné le titre à ce livre 



LA VOYAGEUSE

Si l'on parle de moi,
Je me cacherai sous les violettes
Et deviendrai
Le scarabée d'or.
Si l'on me touche
Je serai la musique qui tourne
Au-dessus de vos saisons de Mai.
Si l'on m'aborde,
Je serai le feu.








En bonus parce que je me suis régalée, les illustrations de Diglee pour Inktober 2017 : une poétesse une illustration par jour

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