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Vaudeville des mondes parallèles

sur Instagram

Notre politique française est un vaudeville. Un vaudeville même pas drôle. Pathétique plutôt.
Je rappelle qu'on a voté à gauche aux législatives, et qu'on se retrouve avec un gouvernement à la droite extreme, mais qui ne se veut pas extrême droite, même si ceux-ci ont dernièrement acquis un certaine respectabilité. Et ce malgré les casseroles de fraudes, de détournements d'argent publique qui leur valent des condamnations. 

Enfin, un gouvernement de droite extrême, quand on en a un. 
Ça devient difficile, par les temps qui courant d'avoir un gouvernement. Nos premiers ministres ces derniers mois se sont lancés dans la compétition à qui reste le moins longtemps.
Gabi, François et Seb sont dans un bateau, Gabi tombe à l'eau qui reste-t- il? 
François a bien résisté à Betharam, moins au budget. François on le savait n'avait pas la carrure, mais il a pu endosser l'armure quelques temps, et quand il est tombé du bateau il a coulé, trop lourde cette armure.
Reste Seb. qui a mis (très) longtemps pour nous trouver un nouveau gouvernement. Encore une fois je me demande qui sont ces personnages politiques qui ne parlent pas la même langue que moi. Nous n'avons pas le même compréhension de ce qui continue une nouveauté. Ce qui me rassure un peu, c'est que nous sommes nombreux à ne pas avoir compris ce concept de nouveau gouvernement.
Sa caractéristique première n'était pas d'être nouveau mais d'être éclair. Aussitôt né, aussitôt mort. 
Pardon démissionnaire est le terme exact. Une étoile filante ce nouveau gouvernement, de celle des cieux d'été, qui laissent une petite trainée polémique, on est loin de la comète de Halley.
Nos ministres d'état jouent comme les premiers ministres, mais dans une autre catégorie, celle des ministres le plus longtemps démissionnaires.

Dans la même semaine je termine un livre : la force du silence et j'écoute un podcast avec Salomé Saqué.
L'un exhorte au silence, l'autre à prendre la parole.
Le silence, dans la nature, est donc la musique audible des éléments et la sensibilité de notre compréhension est encore plus grande si nous adaptons notre échelle de la perception à celle du souffle, du bruissements ou des cris qui nous entourent 
Cristinia Noacco - la force du silence
Coupons le son et regardons le vaudeville politique : ce sont les mouvements qui apparaissent, les entrées, les sorties, les mêmes d'un côté, de l'autre, un va et vient de postures. C'est une pantomime grotesque. Aucun mouvement d'ensemble ne se dégage, aucune logique. Simplement des gesticulations. Ce n'est pas une politique pour gouverner un pays en temps incertains et changeants.

Nous aurions besoin de silence politique, de silence gouvernemental. Nous aurions besoin du silence de la part des politiques, ces gens qui sont censés nous représenter, incarner le rôle pour lequel ils ont été élus et jouer dans les règles de la démocratie. 
Nous aurions besoin qu'ils écoutent ce qui se dit, ce qui se vit en France, ce qui se passe dans le monde et comment le peuple réagit. Comme le souffle, les bruissements et les cris qui les entourent.
Nous aurions besoin qu'ils arrêtent de nous dire que nous n'avons pas compris quand les lois qu'ils font passer, soulèvent de la colère ou des pétitions. 
Nous avons besoin qu'ils se disent : "nous ne vous avons pas compris".
La citation de Stephane Hessel au chapitre Le poison de l'indifférence dans le livre Résister
La pire des attitudes est l'indifférence, dire je n'y peux rien je me débrouille . En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des composantes essentielles qui fait l'humain. Une des composantes indispensables : la faculté d'indignation et l'engagement qui en est la conséquence.
Salomé Saque - Résister
Nous avons très bien compris que 
  • si nos frontières se ferment, si on stoppe l'immigration, il n'y aura jamais assez de monde pour s'occuper de nos parents vieillissants (puis de nous) qu'ils soient en Ehpad ou à domicile, ni assez de bras pour faire les vendanges des grandes fortunes françaises qui ne veulent pas payer d'impôts, ni de taxe à Trump. Il suffit de regarder les conséquences du Brexit chez nos voisins.
  •  si on vote la loi Duplomb, si on ne se préoccupe pas des Pfas, on augmente le trou de la sécurité sociale, 
  •  si nous arrêtons les énergies renouvelables (qui ne sont pas non plus la solution miracle), nous nous déplacerons à pied, contingenterons les prompts aux IA et continuerons à creuser le trou de la sécu (toujours le même)
  •  si nous arrêtons les ZFE (zone à faibles émissions), les ZAN (Zero artificialisation nette), nous tuons juste le monde dans lequel on vit  plus de problème de main d'œuvre ou de coût de la sécu (d'ailleurs)
  •  interdire la publicité alimentaire à la télévision pendant les programmes pour enfants améliorerait leur santé mais réduirait les budgets de la Culture 
  • l'A69 est un choix politique datant d'une trentaine d'années, tissée par un système "mafieux" d'arrangements personnels où finalement l'intérêt des usagers ne rentre que peu en ligne de compte 
  • ...
Si moi, comme d'autres parmi nous le comprenons,, qu'est-ce qui fait que ces gouvernants, élite de la France, hyper-éduqués, au fait de la vie de la cité (ie politique) passent à coté de ce qui semble évident ? 

Première hypothèse, nous ne vivons pas dans le même monde. Nous n'avons pas le même langage, l'acceptation du mot nouveau en est le premier indice. D'autres indices ces derniers temps : Gabi au Ministère de l'Education, Castex avec son vol en jet privé à plus de 10 000 euros pour aller voter, en appelant le peuple à prendre le train. Ils vivent dans un monde parallèle, loin des contingences de la vie, de la planète, de ses limites, hors sol. Il existerait un monde où ils ne sont pas atteints.
Dommage, messieurs dames, je suis au regret de vous dire que vous êtes dans le même monde que nous : vous subissez aussi les émissions des gaz d'échappements quand il n'y plus de ZFE, vous ne serez pas mieux accompagné vieux, ni épargné quand vous serez malades des pesticides ou des Pfas. 
Les ministres de l'environnement de l'Union Européens ont fait des tests sanguins, ils sont tous contaminées par les polluants éternels.  C'est un article du monde.
Tous. Contaminés. 
A des niveaux élevés, au delà des normes dites acceptables.

Que diriez vous messieurs dames ministres démissionnaires et députés élus de faire ces mêmes tests?
Cela changerait peut-être votre visions des choses et vous ramènerait dans le même monde que le peuple qui vous a élu. 

J'ai vu ce matin sur Instagram - pour ne pas le nommer - la reprise d'une citation de Bertold Brecht
Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple.
Nous ne vivons pas dans le même monde.

Deuxième hypothèse, ils ne sont plus là ni pour gouverner, ni pour servir la démocratie. Ils ont perdu le sens, le but ultime, c'est une crise de la vocation. Alors que font-ils la? La pièce de théâtre que nous regardons. sauf que quand je vais au théâtre je choisis scrupuleusement ce que je vais voir, c'est à dire pas n'importe quoi. Il faut être un peu critique. 
Quand je vais au théâtre, si la pièce n'est pas celle que j'ai choisi, je me lève te je me casse (comme dirait A. Haenel). Choisir une carrière d'acteur plutôt que politique, le cours Florent plutôt que l'ENA.
Un minimum d'éthique et d'incarnation de ce qu'est un rôle politique versus une carrière. 
Dans service publique il y a service : quelque chose de plus grand que toi, tu sers une cause qui te dépasse. 
Et publique tu es le gérant de ce qui ne t'appartient pas. Ni les intérêts - qui ne sont pas les tiens -  ni l'argent qui ne sert pas à financer ta campagne (on peut finir en prison même si on a été Président de la République ) ou à financer les pizzas du dimanche soir avec les enfants (merci la Mairie de Paris). 

Troisième hypothèse : le pouvoir corrompt. Un très bon article dans the conversation sur le coût de l'ego, qui inverse la logique habituelle : ce n'est pas l'ego qui mène au pouvoir, mais le pouvoir qui renforce / développe l'égo et le rend tout puissant. En résumé, le pouvoir crée une addiction où le but final est juste de rester au pouvoir.
L’intoxication par le pouvoir résulte d’une relation dysfonctionnelle du leader au pouvoir : lui et le pouvoir ne font plus qu’un, ils fusionnent. Valérie Petit pour the conversation
Je pense que c'est une savante intrication des trois hypothèses, un modèle bien tricoté, une spirale qui s'alimente toute seule, comme le mouvement perpétuel des montres automatiques. 
Notre politique est devenue un mouvement perpétuel automatique qui n'a besoin que de lui pour perdurer.
C'est flippant.
Ça me donne presque envie de m'engager en politique.


Epilogue (vraiment ?) ou saison 2, avec Steve Waring en générique (eeeeet le matou revient, le jour suivant, le matou revient, il est toujours vivant...) 

J'ai écrit ce billet entre jeudi et vendredi, publié vendredi soir.
Samedi matin, l'iMari - qui a évidemment lu toute la presse avent que je n'ouvre un seul oeil - m'annonce "il y a une super nouvelle ! Habemus Primus, devine qui? "
J'en ai cité quelqu'un·es, assez optimiste. Raté.
Je n'aurai pas osé l'imaginer.
Seb, le retour!
Décidément le concept de nouveau premier ministre est vraiment galvaudé. 


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