Pascale Senk - Ciel changeant Haïkus du jour et de la nuit
C'est le haïku du jour qui me cueille dans le TER me menant au fond d'une vallée pour une nouvelle mission. Nouvelle à plusieurs titres : elle démarre et elle est d'un genre nouveau. Je n'en ai pas beaucoup mené des comme celle-là. Elle vient me chercher à un endroit où je pourrais me sentir vulnérable.
Comme tout ce qui est nouveau d'ailleurs. C'est curieux cette attirance et cette trouille du nouveau. Envie et peur en même temps, heureusement que je suis curiste et que je brave l'adage ; curiosity kills the cat.
Je sens en cette rentrée le besoin d'ouvrir les rideaux de ma tête. Le besoin dépasse les réflexions sur les escalators, c'est ce sentiment qui monte parfois où j'ai envie de hurler "I need a change". Je ne crois pas que ce soit uniquement lié aux besoins de nouveautés (comme l'envie d'un nouveau T-shirt ou d'une nouvelle coupe de cheveux) qui passent aussi rapidement qu'ils sont venus. C'est un besoin plus profond d'élargir les horizons, de trouver de nouvelles routines (bien que je n'en ai pas beaucoup, rien ne me fatigue plus que les routines, tout le contraire de l'iMari). Je crains que ce ne soit la recherche d'un nouvel équilibre.
J'ai l'âge pour le nouvel équilibre.
Si je suis honnête, ce n'est pas la première fois que j'ai envie d'ouvrir les rideaux dans ma tete, j'aimerai me dire que c'est lié à l'âge, mais je ne crois pas. C'est lié à ma personne plutôt. Je suis comme ça, un truc bien installé, puis huilé, bien routinier (ah ce mot) me lasse. Il y a toujours un moment où j'ai envie de tout foutre en l'air.
Je me lance dans les travaux, refaire les chambres des enfants, qui ne sont plus des enfants, mais bien entre deux lieux. J'acculture l'iMari à l'idée de repeindre la maison. De finir ce qui n'a jamais été fini quand on a emménagé (des coins de murs qui demandaient du plâtre, des plafonds qui devaient sécher après une fuite et qui sont extrêmement bien secs maintenant) et de rafraichir ce qui a presque 15 ans cette année. L'iMari a besoin d'étapes de réflexion : d'abord admettre la nécessité. C'est fait.
Puis l'idée qu'on va le faire faire. Du bas en haut. Acquis aussi. Ce sont des projets, pas un nouvel équilibre. Mais au moins quand les rideaux s'ouvrent le mur est blanc, propre et neuf.
Je me forme. J'ai un boulimie de formation. Une planifiée en fin d'année, une autre au premier trimestre et chaque nouveau sujet que je croise me donne envie d'aller plus loin. Finalement ce sera peut etre deux au premier trimestre.
Je ne fais plus du sport 3 fois par semaine, mais 4, je vais au renforcement musculaire le vendredi, avant l'apéro. Ce qui me vaut d'être en retard quand je suis invitée à dîner, d'arriver calmée et fraîchement douchée , de refuser l'alcool et de ne pas me contenter juste de manger, mais de bien manger, bon et sain. J'ai inscrit l'iMari au club de running, il vient aussi, moins assidu (l'excuse des bouchons avec le retour en voiture), je ne sais pas combien de temps il va tenir, ni si ça va rentrer dans sa routine.
J'ai la bougeotte, envie de prendre le train dès le samedi, de me promener dans des endroits qui ne sont pas ma semaine, de trainer dans des cafés et de longer des rues inconnues. Au lieu de ça, la queue devant la Maison Européenne de la Photo m'a juste renvoyée à la réalité sur des sentiers hyper battus, j'ai passé mon chemin, me suis retrouvée dans le flot des touristes vers Notre Dame. Comme si je ne connaissais pas! Je rêve de l'exposition de Françoise Petrovitch à Montpellier qui se termine début novembre, mais les enfants s'annoncent les uns après les autres, et nous n'avons plus de week-end libre pour prendre le train.
Je vais danser dimanche soir. Depuis quelques mois je zieute ces séances des mardi, jeudi et dimanche : deux heures avec un chorégraphe et un DJ, le tandem change à chaque fois. Deux heures sans parler, sans alcool et sans téléphone. Deux heures à soi, pour bouger.
J'ai besoin de bouger en plus des séances de running, je peux passer le soir une heure avec la musique à fond à danser seule dans mon salon, finir en nage, déboussolée et contente.
Ce n'est la bruine, ni la fin août (ou fin septembre) qui m'inquiète c'est le retour à plus de la même chose. Ouvrir grand les rideaux c'est laisser entrer la lumière et avec la nouveauté, ou juste le changement de regard sur les choses de la vie.
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