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Pépites de fin d'année (séries à regarder)

à regarder sans modération 

Deux séries qui font du bien sans être happy ending ou niaises, ou rêveuses. Deux séries qui sont la vie, avec des vraies personnes, qui se parlent bien, qui se disent les choses, qui ont des conversations qui comptent. 

La période de fin d'année est propice aux films de Noël sur Netflix notamment, produits par Hallmark. Il y a exactement deux scénarios possibles, et une version "royale" (où le héros est un prince héritier incognito). 
Scénario 1 : un personnage revient dans un lieu à la campagne c'est à dire  loin de la grande ville,  ce peut etre un retour sur lieu d'enfance, ou un lieu qui a compté pour sa famille au sens élargi,  en général pour régler un truc (vendre une maison, réglé un héritage, aider une personne de la famille).  Il rencontre l'autre personnage qui lui fait découvrir la vie au calme, les gens qui se connaissent, la solidarité, la beauté secrètes du lieu... Evidemment le personnage en visite tombe amoureux de ce nouveau mode de vie et de l'autre personnage initiateur (ou initiatrice) du meilleur chocolat chaud du monde (jamais du vin), là où  acheter son sapin directement chez le producteur, le rituel d'allumer un sapin avec une communauté (on n'a pas ça en France)... Les personnages ne sont pas genrés, le visiteur est alternativement un homme ou une femme. Ils sont blancs, hétérosexuels.
En revanche dans le scénario 2, c'est une femme en difficulté financière  - elle vient de perdre son job, elle a une grosse dépense à venir, elle lutte pour developper son business ... qui rencontre  un homme souvent de passage par hasard et qui va lui sauver la mise dans le vouloir. Sans le vouloir, car ce n'est jamais lui qui propose  le contrat qui va bien, ou qui va solliciter la "demoiselle en détresse". Lui n'a pas de besoin direct, c'est sa mère qui cherche un traiteur pour Noel, son père qui cherche une chanteuse, son manager qui a besoin d'une organisatrice d'évènement... Alignement des planètes, des besoins et des compétences, des hommes qui font les entremetteurs et par la même sauvent des femmes et tout fini par une chaste baiser sous le gui. Toujours blanc, toujours hétérosexuel, l'homme est celui qui sauve.
Je pourrais les écrire ces scénarios. 
Non, je ne pourrai pas les écrire, ils sont déjà écrits, version 1 ou version 2.  Les ingrédients picturaux sont les mêmes : un grand plan de la petite ville de province sous la neige, un taxi jaune qui arrive et dépose devant une maison, des intérieurs très (trop) décorés, des grandes demeures, une scène de pâtisserie où on décore des cookies (ou on les brûle au choix); Cette année, il y avait la même maison (le même décor) dans deux des films (scénario 1 les deux).
Plus besoin de regarder, je vous les ai racontés. 

Inracontable, los anos nuevos sur Arte. L'inverse des films de Noël se passe une semaine après, au nouvel an, au moment de la bascule de l'année.
Ils se rencontrent une veille de Nouvel An via leur bande de copains qui se croisent et s'emmêlent. Dix épisodes, dix Nouvel Ans, dix années de suite. J'ai lu quelque part que le tournage a été fait sur 10 jours. Ce n'est pas une histoire d'amour à l'eau de rose, c'est une histoire entre amour et amitié, une histoire de liens dans la durée, de moments ratés, de tout en même temps et de plusieurs choses à la fois. 
Je salue les dialogues, je salue la capacité de ces personnes à se dire où elles en sont, à comprendre qui ils sont, où ils en sont, à ne pas hésiter à dire leur vulnérabilité pour renforcer la relation, à prendre des risques à ne pas toujours en sortir gagnant, ou grandis. Ils prennent le risque de poursuivre. 
Je salue la loyauté qu'ils ont à ce qui les unis, j'aimerais être comme ça avec ceux qui comptent autour de moi. 
Je salue l'envie, l'attention, le "en même temps", 'l'amour en plusieurs endroits en plusieurs instants.
J'adore ce genre de fiction, celles où on suit les personnages sur plusieurs années, où on les voit vieillir, se rapprocher, se séparer, se retrouver ou se perdre définitivement. Dans le même genre  : Normal People la série issue du roman de Sally Rooney (je suis une inconditionnelle de Sally Rooney), One Day le film avec Anne Hattaway (not a love story). 

Emouvant et remuant Empathie sur Canal (doit se trouver sur des sites de streaming plus ou moins legit comme dirait les iAdo). C'est une série québécoise, avec tout le woke dont nos amis outre-atlantiques sont capables. 
Le pitch est simple sans donner particulièrement envie non plus : une psychiatre prend son poste dans un Institut Psychiatrique à Montréal après 2 ans d'arrêt pour ... on l'apprend petit à petit. Il y a peu de séries qui brassent comme celle-là. Dans le même plan, j'ai pu passer du rire aux larmes, à plusieurs reprises dasn le même épisode. C'est tellement remuant, que je ne peux regarder qu'un épisode à la fois, il me faut ensuit le temps de le digérer. La seule autre série dont je ne pouvais regarder qu'un épisode par jour  - et encore si je n'étais pas seule à la maison -  était The Handmaid's tale (la Servante écarlate) et ce n'était pas pour les mêmes raisons : elle m'angoissait terriblement. Empathie : c'est juste trop remuant, trop plein d'émotions, au bord de l'overdose à chaque épisode. 
Les dialogues sont savoureux, ciselés et minimalistes. La série est écrite et réalisée par Florence Longpré (québécoise), qui joue le rôle principal. C'est juste extraordinaire. J'aimerais poser des questions comme elle : justes, nettes, précises, sans implicite ni inférence. Juste être la dans le dialogue. Comme los anos nuevos, les gens sont authentiques et savent dire là où ils en sont. C'est tellement aidant dans la vie. 
Tous les personnages sont travaillés (on pourrait se croire dans un roman de John Irving), ils ont chacun leur histoire qu'elle soit loufoque, triste, réaliste, dévastatrice...elle est là.
Il a des (tout petit) bouts de comédies musicales, des danseuses et danseurs en tutu noir (et les danseurs avec des pointes : première fois que je vois ça), l'accent québécois, les expressions qu'on aimerait importer (ta blonde, arrête de me niaiser, tu le sais tu ...).

C'est histoire de regarder des fictions qui nous révèlent ce qui fait de nous des humains, ce qui nous grandit dans les relations. 
Et j'en sors avec de l'espoir.

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