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27 choses plus agréables

@Tate Modern- London 

Parfois c'est l'horreur. Pas souvent. Une fois par an, peut-être moins, pas beaucoup plus. Je compte les jours jusqu'à la fin, je compte les minutes avant de raccrocher.
Et je me pose deux questions : qu'est-ce que j'aurai pu faire pour éviter ça? qu'est ce que j'en tire comme enseignement pour ne pas renouveler l'expérience ?
Inutile de préciser : pas grand chose des réponses de l'une ou l'autre ne m'évite pas de retomber annuellement dans une situation merdique. Je parle d'une situation merdique avec un client, sur une mission qui ne se passe pas comme on voudrait, qui nous met à mal et qu'on vit mal.

Les causes sont connues, diverses : la demande qui ne correspond pas au besoin, la précipitation qui ne permet pas l'exploration de la demande (encore moins du besoin), l'implicite dans lequel on se prend les pieds, notre envie de faire différemment...
Les signes avant coureurs, souvent on les a. Les signaux faibles sont bien là, parfois ils font faisceau de présomption parfois c'est plus ténu et on passe outre. Il arrive aussi qu'on ne passe pas outre et bien qu'en ayant levé l'implicite, il nous est demandé de continuer, j'ai deja raconté une de ces expériences.
La dernière est moins violente, insatisfaisante au mieux, humiliante au pire. Ennuyeuse c'est sûr, déprimante par moment.
Déprimant est bien le qualificatif adapté à la "réunion" en visio de la semaine dernière. Les pires conditions de travail s'étaient installées : mon collègue et moi en visio chacun dans son coin, une autre personne en visio et une douzaine de personnes ensemble dans une salle de réunion pour travailler en sous-groupe. Réunion hybride : à éviter. Groupe de travail hybride : à bannir. Nous ne savions pas pourquoi on était là, et comme on décompte les jours, impatients d'en terminer  on s'est tu en se disant que ce mauvais moment nous approcherait de la fin. Choix en conscience, difficile avant, douloureux pendant, presque honteux après. 
On s'est tellement ennuyé pendant ces deux heures et quelques, on s'en sentis inutiles, terribles, idiots , embarrassés...
Les textos ont crépités sur un rythme frénétique à la hauteur de notre désillusion sur notre pertinence d' intervention.
Deux heures de catastrophe que nous avons nommées
Bérézina 
Titanic
Fukushima
Hiroshima
AZF
Librizol
Bopal
Tchernobyl 
....
Ça ne nous a pas aidé pour autant.

De mon côté j'ai essayé de lire un article (intelligent) sans y arriver, j'ai envoyé de la doc à un autre client, je suis intervenue avec trois contributions que je voulais intelligentes (mon collègue me dit que c'est inutile, ils ne (com)prennent rien), je me suis maudite et j'ai dressé mentalement la liste de 27 choses plus agréables 
  1. lire l'article du la litéracie du futur (essayé sans succès)
  2. envoyer ce mail auquel je pense (fait)
  3. reprendre mon livre (les fantômes de l'hôtel Jérome de John Irving, un pur bonheur) j'aurai eu l'air tellement contente que ça aurait été louche 
  4. éditer les factures en retard 
  5. chauffer de l'eau pour un thé ? ou un chicorée ? (fait!)
  6. penser au menu du soir, le cuisiner
  7. ranger mon tiroir à chaussettes et rassembler les orphelines 
  8. mette les affaires d'été sur l'étagère du haut et celles d'hiver en bas
  9. vérifier que  la robe prévue pour le mariage de ce week end est propore
  10. essayer les chaussures à talons que je n'ai pas mises depuis ... tellement longtemps que c'est embarrassant 
  11. dégivrer le congélateur 
  12. ranger le placard de l'entrée où on entasse tout
  13. ouvrir le courier postal qui s'accumule sur le meuble près du canapé 
  14. faire une sauvegarde de mon ordi (ça aurait déconnecté la réunion !)
  15. poursuivre les correspondances entre Maria et Albert (tu me manques, je t'aime) ou même celui de l'intranquilité 
  16. réciter un poème appris dans l'enfance (demain dès l'aube ...)
  17. lister tous les pays où je suis déjà allée (quelle utilité ?), et tous les endroits où j'ai envie d'aller (aurai je assez de temps?)
  18. me rappeler les meilleurs petits-déjeuner pris à l'extérieur 
  19. rédiger mes directives anticipées 
  20. trier mes photos 
  21. me vernir les ongles (à défaut je me les suis limé)
  22. déclarer le dégât des eaux à l'assurance avec les photos 
  23. aller acheter des tomates et des concombres pour agrémenter la feta 
  24. masser la tendinite du talon d'Achille à gauche (pétard, ces coureurs nous enquiquinent avec leurs bobos)
  25. m'inscrire à un semi-marathon 
  26. prendre des nouvelles de mes iAdo qui ne sont plus à la maison 
  27. regarder le film 27 robes, (à défaut écouter Benny and the Jets)
27 robes (de Anne Fletcher avec Katherine Heigl), c'est une comédie romantique de 2008 gentille, pas lourde, pas progressiste non plus, que je ne conseille pas nécessairement, à l'exception d'une scène dans un bar où les deux protagonistes ne sont pas d'accord sur les paroles de Benny and the Jets de Elton John. Ils se chamaillent puis finissent pas chanter ensemble et à tue-tête la chanson debout sur le comptoir du bar, avec certainement chacun sa version des paroles.

A16h, mon collègue s'est déconnecté pour aller cherche sa fille à l'école. La vie reprend le dessus. Ces gens là débordent de partout, notamment sur  les horaires. 
Fidèle au poste je suis restée jusqu'a bout (j'avais fini les 27 choses)
Fidèle à moi même j'ai préparé un petit résumé de conclusion, encore une fois que je voulais intelligent et utile pour eux.
Fidèles à eux-mêmes : ils ne m'ont pas rien demandé. 
Sauf de répéter ce que j'avais écrit dans mail : la liste (encore!) de ce qu'on ferait pour finir la mission, et si on pouvait compléter les parties mentionnées comme "illisibles" sur le document qu'on avait mis au propre. 
Comment dire poliment : on a écrit  "illisible" ce qu'on ne savait pas relire/déchiffrer/décrypter/voir (et toute une suite de synonymes), et que rien de nouveau ne le rend lisible cette semaine (pas même le soleil).
Sauf à demander à ceux qui ont écrit ce qu'ils ont écrit et ils sont dans la même salle que vous à l'instant,  pas avec moi et mes 27 choses plus agréables à faire.
Médiocrité et culot ne font pas un bon mélange (cette formulation n'est pas de moi, à l'origine c'est plutôt connerie et culot).
La bonne nouvelle est de se rapprocher de la fin. 






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