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Revanche sur les princesses au petit pois

Val André en Bretagne

Le petit-déjeuner est le moment sacré de ma journée.
Je peux y passer des heures au sens littéral du terme. Je fais ma théière et sauf impératif (par exemple visio client) je ne bouge pas de ma chaise tant qu'elle n'est pas vide.
Je lis.
Ce qu'il y a à portée. L'actualité, les magazines, mon livre du moment. 
Contrairement à l'iMari pas de vidéo au petit déjeuner, ni jamais d'ailleurs. Je ne regarde jamais de vidéos, ce n'est pas un principe, c'est juste une perte de temps. Soit un film, soit un documentaire mais une vidéo jamais. Pas de réels sur Instagram, pas de YouTube.
Autre principe : pas de vocal. Je ne les écoute pas. Avec le temps qu'il me reste je ne vais pas changer mes habitudes. Un bon vieux texto, c'est très bien. A la limite avec des emojis, c'est encore toléré. 
Des mots, bon sang, des mots qui font des phrases. 

Le petit-déjeuner en séminaire c'est l'angoisse. C'est le moment du séminaire que je déteste. Il est rare de pouvoir se mettre à une table à part. Je me retrouve au milieu des gens qui parlent dès le petit-déjeuner.
Pas moyen d'ouvrir un livre, ou de lire le Monde.
Et en général, la conversation du petit-déjeuner c'est la complainte de la nuit, la rengaine des bruits empêcheurs de dormir, la litanie de ce qui ne va pas.
Il faut dire que les hôtels sont souvent des quatre étoiles, il y a vraiment de quoi se plaindre.

Je ne dis rien, parce que c'est le matin, parce que ce sont mes clients, parce que souvent ça cache autre chose. Au mieux je dis que moi j'ai bien dormi, pas entendu les bruits, et que tout va bien. Et c'est vrai.
Ce sont plus souvent les femmes qui se plaignent, elles font leur Princesse au petit pois. Ça doit donner l'air précieux de mal dormir à cause d'un petit bruit. Moi qui peux dormir dans le vacarme, tout ça m'échappe. Et me saoule dès le petit-déjeuner.
C'est aussi par manque d'habitude ; quand on dort chez soi tout le temps, un petit changement perturbe. Je me rends compte que peu de personnes se déplacent, que les vies sont souvent routinières. Alors même l'hôtel quatre étoiles, avec vue sur la mer déroute.

Et, ce sont aussi des nuits après des soirées exceptionnelles, apéritif au champagne, dîner copieux et vins, puis souvent digestif avant de poursuivre pour certains jusqu'à une heure avancée.
Ce que je n'ose pas leur dire c'est ça : "vous avez beaucoup mangé, beaucoup trop bu et vous vous êtes couchées bien plus tard que vos soirées télé-tisane avec pépère à la maison. Arrêtez de vous plaindre de la ventilation de votre chambre et assumez votre soirée de débauche". 
C'est sûr, vu comme ça elles ont moins un air de princesse.

Je ne leur dis pas, parce que c'est le matin, parce que ce sont mes clientes, et parce que j'ai juste envie de lire au lieu de leur dire leur quatre vérités (chacune correspondant à une étoile de l'hôtel face à la mer).
Les lendemains de seminairee, c'est la complainte des ivrognes, la rengaine des gueules de bois, la litanie des migraines alcooliques. Tout de suite moins glamour.

Alors moi les surlendemains de seminaire quand je suis enfin chez moi au petitdéjeuner ce n'est pas une mais deux théières que je m'enfile, et je lis jusqu'à midi histoire de prendre ma revanche sur les Princesses au petit pois.


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