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Le cliché de la princesse

Nush Eluard, photo de Dora Maar


Difficile d'échapper au cliché. 
Même quand on est écrivain, dit social. 
Même quand on est écrivain à Goncourt, qu'on prend des positions souvent inattendues, à défaut de plaire elles interpellent. 
La position inattendue l'et bien moins dès lors qu'elle est cliché, et quitte à tomber dedans faire grand.

Tout le monde devait être au courant, sauf moi je pense. Il faut que ça passe dans le Monde, c'est le seul journal main stream que je lis. Tout le reste (de ce que je lis) est du militantisme, blogs ou newsletters,  souvent féministe, écologiste parfois politique. Bref, très teinté et orienté et pas un média où j'aurai pu lire ce genre de ragot.
Je reviens à mon écrivain tombé dans le Cliché (avec une majuscule tant qu'à faire). 
Je parlais de Nicolas Mathieu précédemment, dans mes histoires de vie en boucle ou en ligne, une interview de lui m'avait éclairée. Je m'étais gentiment penchée sur son roman récemment paru, A ciel ouvert, tout en me disant que je n'avais pas envie de lire la nième histoire d'un mec qui trompe sa femme. Mais je peux comprendre l'envie d'écrire sur le sujet ou de lire ce qui peut se vivre comme des amours contrariées. 
Je pense surtout que dans l'adultère, le secret est ce qui fait l'histoire. La même relation au grand jour n'a pas la même intensité. Et le paradoxe c'est que c'est un secret que tu as envie de partager alors même que tu ne peux pas, tu ne dois pas par précaution (de quoi on se le demande?). 
Tu brules d'envie d'en parler, ce qui est principe contraire de l'adultère.

Il y a plus de vingt ans, on avait comme très proches amis un couple, dont lui était un ami d'enfance de mon iMari (pas encore iMari à' époque). On était à leur mariage, mon iMari a été témoin, on sortait beaucoup ensemble, passaient les uns chez les autres  se racontaient nos vies, buvaient tard la nuit en refaisant le monde, partaient des week-ends, passaient le Nouvel An ici et là... On se voyait à quatre. 
Ils ont eu un enfant, ils sont moins sortis, on se voyait chez eux. Puis elle a commencé à me proposer de se voir toutes les deux. Déjeuner, verre en fin de journée. 
Pour me raconter son histoire extra conjugale. 
Ses cinq à sept avec un mec de son boulot. Son mari ne devait pas savoir, mais elle avait besoin de raconter. J'ai été cette confidente, malgré moi. 
Evidemment, elle n'a pas quitté son mari, je ne sais pas exactement ce qui s'est passé si elle lui a dit ou s'il l'a découvert, mais un jour il l'a su. Il a aussi su que je savais. Et je crois que c'est ce qui l'a le plus meurtri.
Elle est retournée avec son mari, finies nos rencontres à deux, finie aussi son histoire avec le mec du boulot et finie notre relation à quatre. 
Je l'ai revu, elle, des années après quand elle a accouché de son deuxième et qu'elle était contente de me dire que son mari lui avait acheté une nouvelle voiture avec des fauteuils chauffants.
Depuis j'associe l'adultère au secret que tu ne peux pas t'empêcher de raconter et aux fauteuils chauffants des voitures. 
Le besoin de raconter. Quoi qu'il arrive, tu as besoin de raconter l'adultère secrète que tu vis.

Nicolas Mathieu a été hyper créatif, il a raconté son histoire sur Instagram au fur et à mesure, sans dire à l'époque que c'était une histoire vraie, et hop il en a fait un livre ensuite. A l'écouter en parler, je ne m'étais pas posé la question de qui était la personne, ce ne semblait pas important, ni d'actualité d'ailleurs. 
C'était juste une histoire, à la limite on peut rêver d'être à la place de cette femme, d'être désirée comme ça, aimée à haute voix, publiquement.

Et, les tabloids viennent à la rescousse de la littérature, du romantisme réaliste, parce que toute de même Nicolas Mathieu est l'écrivain du terrain, du social, lui même transfuge de classe. 
Patatra, la belle de l'histoire est une princesse ! Charlotte Casiraghi, princesse de Monaco.

J'ai trouvé ça tellement comique, puis pathétique, puis cliché.
Même quand on est écrivain social, on est attiré par l'aristocratie, par le luxe, par la représentation. 
Même quand on est un intello de gauche on se met en couple avec une princesse de 10 ans plus jeune.
Même quand on a la Goncourt a un moment on veut faire la une de Paris Match, on veut devenir people.

Mon iMari qui ne comprenait rien à l'article du Monde sur le sujet, ni aux raisons pour lesquelles je gloussais en le lisant, me demande "qu'est ce qui est choquant en fait?". C'est une bonne question  bien pragmatique.
Ce n'est pas qu'il ait une histoire avec une autre femme, ni qu'ils ne soient pas du même milieu social : on pourrait se dire chouette il y a de la mixité sociale. 
C'est le cliché  : on ne résiste pas à l'appel des sirènes surtout quand ce sont des Princesses avec dix ans de moins.


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