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Feu (#Maria Pourchet)

Passion Adirondack

J'ai fini Feu. En fait je ne l'ai pas quitté. J'ai aimé le rythme, l'histoire (même si elle cède à une petite facilité narrative, celle que l'on devine aisément et où on se dit "non elle ne va pas céder, elle va pas faire ça" et bien si elle le fait), les deux personnages assez à contre-temps dans un roman, mais bien dans le temps de la vie réelle. 

Elle écrit presque comme elle parle. Ce ne sont pas toujours des phrases grammaticalement correctes, l'implicite est partout, je suis sûre qu'il m'en manque. Des références à des milieux du travail précis : celui de la finance dans les tours de La Défense, de l'université pour les enseignants-chercheurs, c'est vivant, exigeant à la lecture, une maîtrise du vocabulaire et des tournures qui en disent bien plus long que le seul assemblage des mots. Une histoire farfelue, gentiment pathétique, d'une adultère qui nait entre deux personnes; se développe et ... si on passe par dessus la facilité, ne tourne pas à la romance mais une histoire, une vraie.

Certains diront que ce n'est pas de la littérature, et pourtant dans Le Point (que j'ai acheté et lu ... mon excuse : Sylvain Tesson en couverture, passion honteuse) Marc Lambron (de l'académie Française) fait une critique élogieuse de son  nouveau roman. Je doute qu'elle ait changé son style d'écriture, et d'ailleurs la critique titre "le grand retour". C'est donc que ce Monsieur de l'Académie Française avait du apprécier le premier, bien qu'elle prenne des libertés avec le phrasé. Ce Monsieur écrit à propos de Western (celui qui sort cette rentrée : 

Travaillant à contre-fil, Maria Pourchet dynamite le lamento convenu de l'autofiction, le moule behavioriste des magazines féminins traitant des sentiments en rase-mottes plaintifs. Y concourt une écriture étrangement fluide dans ses rigidités, un flux de phrase en émulsion, des jets de vocables en courant continu. Le fond sociologisant pourrait évoquer Bourdieu sous MDMA, la description des engluements psychiques consone parfois avec le Sartre juvénile de la Nausée.

Je me demande si ce monsieur se relit ? 

Heureusement qu'il nous aide en comparant avec Bourdieu et Sartre, mais pas exactement au fait de leur gloire ou de leurs capacités, pour être au niveau des génies de la littérature, il faut soit que ceux-ci soient sous emprise de drogue ou encore très jeunes, donc immatures dans leur littérature.

Revenons à Feu, et laissons ce monsieur qui à la tête enflée par le col trop serré de ses chemises et le déjeuner entrée-plat-fromage- dessert et vin tous les midis, réglés en note de frais par l'Etat.

Se cheveux dans mes yeux, elle dit tu penses à quoi. la phrase du Français qui fonctionne exactement comme un bulldozer avec je compte sur toi, mais on n'est pas là. Ce sera dans cinq minutes ou dans dix ans. Je dis quitte à l'ouvrir, la vérité.
- J'étais pas prêt.
Tu ne l'aurais jamais été repond-elle avec une voix d'un femme qui me connaitrait, qui m'aurait fait. Ça m'a refouru la trouille, qui venait de guerre lasse tout juste de me lâcher.

Les protagonistes ne sont pas des héros, ou alors juste de la vie quotidienne. Ils sont pathétiques parfois, même quand ils sont sincères. 

C'est une histoire de notre temps, rapide, vide et un peu triste aussi.

 

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