On ne fait pas de géant sans déplacer les montagnes @Grenoble |
Je connais le nom des héros
Mais pas celui de leurs soeurs
Je vibre au fracas des combats
Mais pas au murmure des partages
J'entends la voix des soldats
Je ne vois pas les mains qui soignent
Toutes les épreuves de force
Nous rendent muettes et aveugles
Pour jouer leur vie et leur mort
Aux jeux de pouvoir et d'argent
Auxquels la plupart sont perdants
Les hommes se sont mis d'accord
Pour garder les femmes dans le noir
Confisquer leur territoire
redessiner leur histoire
Quand je vois la statue d'un homme
J'oublie les mortes de sa gloire
Quand je lis le livre d'un homme
J'oublie celles qui ne savent pas lire
Quand j'admire le tableau d'un homme
J'oublie qui fut son modèle
Quand j'entends la chanson d'un homme
A quelles voix dois-je rester sourde?
Qui reçoit l'amour et les soins
que les femmes donnent de leurs mains?
Qui connaît la douleur, le chagrin
Que les femmes nourrissent dans leur ventre ?
Qui écoute les mots et la chair
que les femmes portent dans leurs chants?
Pour dire l'amour et les soins
La douleur la chair, le chagrin
Les statues ne sont pas de taille
Et les mots ne suffisent pas
Pour que les enfants grandissent
Pour désarmer les soldats
Pour abattre les murailles
Du maudit patriarcat
Il nous faut tremper nos âmes
Il nous faut durcir nos voix
Il nous faut chanter les flammes
Montant dans le coeur des femmes.
Martin Winckler - L'Ecole des soignantes
Nous sommes le 8 mars, journée des luttes des femmes, et ce poème tombe à point nommé.
Je viens de terminer de roman, écrit en 2019. C'est une dystopie/utopie. ce n'est pas aussi sombre que La servante écarlate, sans etre non plus une totale utopie (personne ne se marie et encore moi n'a beaucoup d'enfants). C'est une roman d'anticipation - on aimerait tellement -, qui travaillent nos imaginaires sur ce que pourrait être le soin et aussi une façon de vivre ensemble.
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