Accéder au contenu principal

A la recherche de la beauté

Fresque de Malala Andrialavizadrazana à Palais de Tokyo

Nous avons besoin chacun et chacune à sa manière de ces confins où la disgrâce du monde ne peut nous engloutir. Des lieux où se retirer en silence, d’espace où il est possible de rêver plus loin, de terrier où s’inventer d’autres réalités, de livres qui évadent où s’élève la pensée et de poches bien profondes où enfoncer les mains. Autant d’ailleurs intimes ou collectifs, réels ou fictifs, des confins qui peuvent être proches comme lointains car il n’est pas nécessaire de se déplacer pour changer de perspective : c’est un bougé en soi.
Corine Morel Darleux – Alors nous irons chercher la beauté ailleurs

Paris n'est pas très joli sous la pluie depuis une semaine.

Il y avait trop la queue pour rentrer à l'exposition que je voulais voir.

Je lis les carnets d'une femme en prison.

Je regarde une série tellement angoissante que je la regarde par demi-épisode en me disant j'arrête là, je ne verrai pas la suite et pourtant j'y reviens comme une droguée. Qui espère que ça va s'arranger. 

Je manque de confins ou de poches profondes.

Alors je mets un peu de musique dans mon casque, et peut être je devrais ouvrir un livre de poésie ou de photo,  me plonger dans des projets de voyages et de randonnées.

malgré l’usure

de tes genoux

tu sais encore marcher

 

et tu resteras jusqu’au bout

une femme de désir

 

soulevant à chaque pas

la beauté

endormie sous la poussière

 

le désir est un horizon

debout

Louise Duprè - Exercices de joie

Demain j'irai courir sous la pluie, et enrichirai mon carnet de course à pied.

Ce n'est évidemment pas la prise de note des temps, de la distance, de la performance en face de la météo et du terrain (terre lourde, chemin sec...).J'ai rencontré un jour quelqu'un qui dans un fichier Excel notait où il skiait avec plein de données sur l'état de la neige (couche en cm, qualité ...), la méteo, les descentes etc... c'est avant l'avènement de Strava et autres applis qui consignent tous nos exploits. Sauf les miens, de un je ne fais pas d'exploits et de deux  j'ai trop peur des Stravaleaks.


J'ai commencé un carnet de course à pied  -  une idée de Cécile Coulon  (encore!) - où je consigne ce qui me passe par la tête pendant que je cours. Ce sont des confins (ça y ressemble), qui explorent des liens qui se tissent un peu hasard ou qui s'emmêlent comme les fils de mes écouteurs. Au choix.

Son carnet à elle est publié sur Instagram, c'est une forme poétique de la course. Je rappelle que c'est la personne qui pendant qu'elle écrivait la langue des choses cachées, elle courrait dix kilomètres tous les matins comme Murakami l'avait fait pour l'écriture de ses romans.

Mon carnet de course à pied est pour l'instant dans un fichier Word (ça vaut l''Excel des descentes en ski), quelques lignes à chaque sortie. Le test est combien de temps je le tiens et si ce qui y est consigné ne tourne pas en rond, comme la boucle des 400 mètres du stade.


C'est en regardant les autres qu'on se donne des autorisations.

Comme celle de ne pas mettre de réveil le matin en semaine (Cécile Coulon, encore)

Comme celle de ranger sa bibliothèque par couleur sans se sentir ridicule (Rebecca Amsellem). 

Comme celle de se laver les dents sur un pied pour la force des chevilles (mon iAdo)

Comme celle d'assumer ma passion pour les chaussettes de marche (mon ostéopathe)




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Je te souhaite

Borne, une lumière pour nous guider Je te souhaite un ciel étoilé à contempler, une remise en ordre dans les constellations,     -  Aldeberan, Betelgeuse et Antarès sont mieux rangées      que dans ta bibliothèque, des contes qui organisent le bordel laissé  par des héros destructeurs qui se prennent pour des mythes. Je te souhaite  des promenades dans les pas d'autres que toi  de croiser les trajectoires de ceux qui habitent là,  de les deviner sans les voir -  eux ne te louperont pas -  apercevoir leurs empreintes, imaginer leurs chemins sont déjà un luxe Je te souhaite  d'entendre  la couche craquelée qui scintille de t'enfoncer dans le velours de la neige tout juste tombée de te couler dans le crissement de sa rondeur  quand tu avances. Je te souhaite une montée entre chien et loup une arrivée à la nuit un dernier regard aux couleurs qui se couchent la chaleur du refuge après l'effort. Je te souhaite  de...

Petites aberrations et grands agacements

C'est l'automne à Cachan  Il y en a en ce moment une conférence à Pusan en Corée, celle du comité intergouvernemental de négociation sur le traité plastique. Intergouvernemental. C'est bien nommé comme ça. Ce qui signfiie que la négociation concerne les gouvernements.  Ils négocient entre eux tout ce qui concerne le plastique (de sa fabrication à son recyclage), cette année on y parle de sa production notamment pour la réduire. En tout cas c'était le but de la négociation : réduire la production plastique. L'Europe a envoyé 191 personnes par la représenter ainsi que ses pays membres.  Les chercheurs et scientifiques sont environ 70, donc des ecotoxicologistes qui démontrent tous les jours les dangers du plastique sur la santé. Les lobbyistes de l'industrie pétrochimique sont eux 220, de toutes les entreprises concernées : du pétrolier TotalEnergies, au chimiste Arkema pour ceux qu'on connait bien en France. Ils représentent sans nul doute le septième contine...

Le chouchou ultime, le roi-dieu (#portraits cambodgiens)

prise en 2008, quand l'étage du Bayon était accessible C'est mon chouchou. Il l'a toujours été. Il est beau, il est grand, il est bouddhiste, il est visionnaire. Je le vois tous les jours. Et avantage ultime, il est mort depuis plusieurs siècles.  Ça commence il y a quinze ans, avec la découverte du Bayon - même s'il faut le reconnaitre mettre sa tête sur les quatre côtés des 54 tours de son temple montagne a quelque chose de narcissique et mégalomane. Il n'empêche, le Brayon avait déja eu son effet sur moi en 2008, la première fois. Plus qu'Angkor Vat (la grandiloquence), plus que Phnom Kulen (la victoire de la forêt), plus que le Kumbh Melea (le plus sauvage). Jayavarman VII est réellement mon idole. Il trône en photo grand format dans ma salle à manger. Le beau, le grand, le bouddhiste, le visionnaire. Il est connu pour être un grand roi bâtisseur khmer, mais dans les faits il est bien plus que ça.  Comme Alienor (d'Aquitaine, parfois je me passionne pou...