Johnno - Top of the lake (Arte) |
C'est probablement ma favorite.
Je dis rarement ça. Je ne sais pas répondre à ces questions, même quand c'est juste au sujet du plateau de fromage "which is your favorite?" me demande la nièce australienne. Je ne sais pas répondre, j'aurai trop peur qu'en choisissant le roquefort les autres soient vexés. Et je ne voudrais pas manger du roquefort toute ma vie. Et d'ailleurs le chèvre était peut être mieux, ou le brie à la truffe...
Pourquoi en choisir un quand on peut tous les avoir sur un plateau?
Quel est le pays que tu as préféré ? C'est bien une question d'anglo-saxon ça (les Australiens encore). Combien en as-tu de visiter? Et dans l'ordre de préférence. Il m'est évidemment impossible de répondre. Je n'ai pas compté, je me dis que peut-être un fichier Excel pourrait m'aider?
Quelle idée saugrenue! Je verrais dans un tableau mon empreinte carbone.
Mon livre préféré non plus. J'ai une bibliothèque de livres préférés.
J'ai une bibliothèque de livres que je prête, que j'offre, qu'un jour je relirai.
Et pourtant quand dimanche je l'ai vu sur Arte, j'ai explosé de joie. C'est à peine exagéré. Je ne l'avais vue qu'une fois, à sa sortie, et récemment j'avais eu envie de la revoir.
Je parle de la série Top of the lake.
Ce n'est pas une série au sens pur du terme, c'est une fiction en 6 épisodes. C'est un très long film, donc.
Pourquoi celle-là?
D'abord (first of all) elle est créée par Jane Campion.
En 1993, Jane Campion est la première femme à recevoir la Palme d'Or à Cannes pour The piano (la leçon de piano). Il a fallu 47 festival pour qu'une femme reçoive la Palme d'Or, et c'est elle. Elle vient d'un tout petit pays de l'autre bout du monde, la nouvelle Zélande, pas spécialement connu comme un gros exportateur de culture.
La série se passe en Nouvelle-Zélande, sur l'ile du sud, dans des coins hyper reculés, comme on peut trouver dans ces pays-là, où la civilisation, - ie la loi ne s'applique pas - "dans ce coin, ils font leur loi eu même", dit un personnage (policier) à notre héroïne.
La première fois qu'on a voyagé en Australie, en 2006, dans notre grand périple, nous sommes allés dans la Daintree Forest, et le projet était de poursuivre au nord. Ce qui nous a été impossible : la route était inondée, et donc infestée de salties (les crocodiles de mer), et la route n'étant pas carrossable, notre voiture de location n'était pas assurée. Quand nous avons raconté ça aux cousins de mon iMars, ils ont hurlé qu'heureusement nous étions pas allés là-bas, tous les outlaws (les hors-la-loi) s'y retrouvent et que ce n'était pas un endroit fréquentable.
C'est un peu ça, autour de Lake Top, dans la région de Queenstown, un endroit de hors-la-loi, pas très fréquentable.
Il y a une station de police cependant, c'est le point de départ, bien que ce ne soit pas une série policière. C'est une série sociétale dans toute la complexité des relations humaines, des histoires de vie, de leurs résonances et résurgences. Il y a plein d'histoires dans l'histoire, chaque personnage est dense, avec une vrai existence, sa vraie ambiguïté, ses tours et détours (comme dans le roman de la vilaine fille*)
Je crois que c'est exactement ce que j'aime dnas cette sériée, l'ambiguïté de tous les personnages. Pas un n'est tranché, ils ont tous leurs zones d'ombre, de vulnérabilité, leurs forces... et on doute de chacun tout le long.
Je doute de ce qu'ils vont faire ou pas, de ce qu'ils expriment ou pas, de ce dont ils sont capables, le pire te le meilleur ...
C'est bien loin des téléfilms de Noel où il y a en général trois variantes de scénario et dès les premières minutes, on connait la fin, les rebondissements et même les répliques des personnages.
Dans Top of the lake, la logique d 'action si est elle compréhensible, elle est peu prédictive, la logique d'expression et de ressenti ne l'est pas.
Tellement humain.
On voyage en Nouvelle-Zélande, c'est un personnage à part entière, ah les paysages!
On y retrouve Holly Hunter (The piano) en gourou, ni bienveillante, ni mystique.
On y découvre Elisabeth Moss enfin moi, car j'ai vu Top of the Lake avant Mad Men.
On y rencontre Thomas M. Wright dans le personnage de Johnno.
Mmmh Johnno, personnage à fantasmes. Il est grand, beau, tatoué, ex-opiomane, ex-taulard, esprit libre, ambigu et aimant. Il n'est pas adorable, mais je ne peux pas ne pas l'aimer. Je suis tentée de chercher d'autres films dans lequel il a joué. Je sais, c'est un personnage, mais tout de même j'aimerai rencontrer Johnno, et je vais le chercher dans les autres rôles de Thomas M. Wright. Autre option : se faire un montage qui concatène toutes ses scènes? En voila une idée, comme un concentré que je pourrais regarder en revenant de déplacement quand je suis très fatiguée et que j'écoute James Blunt en boucle.
Ce n'est pas un feelgood movie, ce n'est pas une histoire de Noêl, ils ne se marient pas à la fin pour avoir des enfants, même si il y a bien des enfants qui ont besoin de parents solides.
C'est une histoire un peu glauque, violente et triste. Il n'y a pas de happy ending, la fin est juste, c'est juste la vie, on se doute que la suite ne sera pas plus facile, quel que personnage que ce soit.
Mais c'est la complexité de la vie, qui jongle avec les incohérences des gens
Et c'est une très bonne série fictionnelle pour contourner les films de noêl.
C'est sur Arte, en streaming.
*tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa
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