L'Anse Saint Jean - Quebec |
Il y a une activité que je ne pratique que l'été. Qui requiert un ensemble de circonstances précises. Une activité intense, si on y réfléchit un peu. Une activité qui me semble presque indispensable, et qui me manque en région parisienne.
En été, dès que je peux, je m'installe pour regarder les étoiles. Un moment, plus ou moins long, au moins jusqu'à ce que j'ai vu une étoile filante. C'est assez simple de voir une étoile filante, il suffit d'y rester assez longtemps. Le problème avec les étoiles filantes, c'est un peu comme la chocolat avec des grains sel, j'ai du mal à m'arrêter. J'en ai vu une, j'en veux une autre. Je peux y rester longtemps en fait, pour peu que je sois bien installée, pour peu qu'il ne fasse pas trop froid, pour peu que le ciel soit dégagé.
C'était le cas hier soir. Ciel dégagé, après des jours de pluie. Adirondack bien confortable. Température correcte (en québécois ça veut dire bien voire très bien), et j'avais une couverture pour être un peu plus que correcte.
Même pas besoin d'un verre de vin ou d'une tisane. Juste le ciel. Je n'y connais rien aux étoiles sauf comme tout le monde la Grande Ourse et Cassiopée, et je n'ai aucune envie ni besoin d'en avoir plus. Juste regarder. Et attendre les étoiles filantes. Il y en a toujours.
L’affut était une prière. En regardant l’animal on faisait comme les mystiques : on saluait le souvenir primal. L’art aussi servait à cela : recoller les débris de l’absolu.La panthère des neiges – Sylvain Tesson
Ce n'était pas l'affut de Sylvain Tesson, mais c'était bien une histoire de patience. Où alors je me leurrais complètement et l'étoile filante attendue n'était qu'un prétexte. Et alors c'était pour reculer les morceaux de l'absolu.
C'est peut-être histoire de ralentir, de contempler, d'attendre sans hâte, sans rendez-vous, en sachant que ça viendra. Profiter d'être là, d'être perdue dans le ciel, dans l'environnement qui nous contient, dans la nuit, dans les bruits qui entourent.
Ici, c'est le bruit de la rivière, du bruissement délicat des feuilles, une branche qui craque de temps en temps, une voiture au loin ou la musique dans un chalet plus loin, qui d'un coup s'arrête. Il n'y a plus de chants d'oiseaux à cette heure, le geai s'est tu et la chouette n'a pas pris le relais. Je serai bien allée jusqu'au chalet plus loin sur le chemin pour leur demander d'éteindre leur lumière extérieure, mais dans les faits ça ne me dérangeait pas tant que cela, même la Voie Lactée était extrêmement présente.
C'est arrêter le défilement du temps, ne plus y penser, être là comme une partie du tout. Respirer, regarder. Jusquà oublier qu'on est en train d'attendre.
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