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Un coeur en perle - First Nation Quebec - (sans nitinol) |
Il restait une gêne à droite. Une semaine après l’intervention j’avais encore l’impression qu’on m’était passé dessus, que le côté droit était enroulé sur lui-même, je frottais régulièrement pour détendre les tissus, pour faire passer un truc.
Une gêne comme un muscule froissé, comme un truc qu’il aurait fallu enlever.
A la visite post-opératoire, je lui en ai parlé, je lui ai montré où, précisément.
- Vous avez vu la radio avec votre stent ?
C’était pile là.
La gêne, c’était le stent.
Il s’est gentiment moqué de moi quand j’ai dit que je croyais que le coeur était à gauche du sternum. La partie droite du coeur est juste à droite du sternum, dans le début de la courbe du sein, juste au bord du décolleté.
Je le sentais bien.
Et si plutôt que de le considérer comme une gêne, je lui faisais de de la place?
Faire de la place à ce qui aidait mon cœur. Accepter l’intru dans mon corps, accepter la nouveauté pour alléger la vie.
C’était désormais une partie de moi.
Ce « dispositif médical implantable » (comme le décrit si bien la carte de porteur que je dois présenter à mes praticiens) est désormais une partie de moi. Pour mon intégrité, je dois le considérer comme mien, s’organiser autour.
Dans les heures qui ont suivi la gêne était passée.
Si j’y mets de la conscience, je le sens, je sais qu’il est là et qu’il est à moi. Qu’il est moi.
J’ai de la gratitude pour ce stent, j’ai presque envie de le lui donner un nom. Je lui parle, je l’encourage quand je cours. Il change ma vie, pas celle au jour le jour, mais celle de l’effort, celle de la course, celle de la randonnée, celle de l’énergie. La sensation physique de l’effort n’est plus la même, plus légère, plus vive, plus endurante.
J’ai comme un trop plein d’énergie, ce qui fatigue tout le monde d’avance autour de moi.
Je lui ai fait de la place et il s’y est bien installé. Mon stent et moi c’est à vie.
Quant au médecin, celui qui est au bout des mains qui ont placé le stent, je lui ai aussi fait de la place dans ma vie (et dans mon coeur) il a juste plus de mal à la prendre. Ça semble plus compliqué que pour le dispositif médical en nitinol (alliage nickel titane), probablement aussi que contrairement à l’alliage nickel titane, lui il ressent des choses :
Et je voulais vous dire la dernière fois après notre consult que j’avais eu envie de pleurer tellement vous avez été gentille et bienveillante. C’est pas tous les jours qu’on ressent ça quand on est docteur
L’alliage soumis aux émotions de mon coeur ne fond pas et reprend sa forme si pression, le médecin n’a pas une once de nickel encore moins de titane en lui pour ne pas s’effondrer en cas de trop de sollicitude.
Un jour, il arrêtera de prendre date pour un diner ou un verre et l'annuler.
Un jour, il viendra. Je serai là. Comme lui a été là deux ans après pour m'opérer.
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