Accéder au contenu principal

Où sont les femmes ?



Dans le train. 
Pas la chanson.

Je reviens de Nantes, aujourd'hui avec une des rares train en circulation de la journée. Je n'ai pas eu de la chance, j'ai juste changé à chaque fois ue le trajet retenir était supprimé. Vous imaginez bien que ça ne s'est pas fait du premier coup et qu'au final je suis arrivé la veille et repartie le lendemain, pas au premières heures. 
Dans le train, dans mon wagon de Première (en vieillissant, je joue le confort et le plaisir de la place isolée)  est quasiment complet. Quand je lève le nez et que je regarde autour de moi, que des hommes. Pas tous en costume cravate, j'ai vu sur un calligraphe qui passe les deux heures à écrire ses signes en japonais et dessiner autour (je me plais à imaginer des haïkus), un grand gars genre bobo cool (le baba cool qui a vieilli) qui parle au téléphone d'un voix suave en hollandais, le coincé d'un mètre cinquante en jean serré qui regarde un film un mercredi matin à 11h. 
Peu de costume cravate.
Peu de femmes. C'est frappant. Dans un wagon complet, niveau haut nous sommes 4. Et à nous quatre nous couvrons toutes les tranches d'âge des femmes actives.
Quatre. 
Où sont elles ?

A la manif féministe, nous sommes le 8 mars.
Au niveau bas de la voiture : elles ont le vertige, refusent de prendre les escaliers, elles sont fatiguées...
En char à voile parce que même l'empreinte Carbone du train c'est trop pour leur sensibilité à la planète. 
En haut de l'Everest pour faire des exploits, sur l'Altantique pour remporter le record de traversée, dans un labo pour trouver le nouveau vaccin contre le cancer
Devant leur piano, leur cahier, au bouts de leur pinceaux pour créer des oeuvres qui nous éveillent 
Au Sénat pour amender cette p** de reforme des retraites  dans l'hémicycle pour voter un budget de lutte contre les violences faites aux femmes...
J'aimerai bien. 
Mais la réalité n'est pas celle-là, nous sommes rattrapées par les statistiques 

En seconde  : elles n'ont pas les moyens de se payer la Première classe.
C'est mercredi : elles sont à temps partiel, pour s'occuper de la maison, trimballer les enfants à leurs activités, passer chez le coiffeur, se faire épiler, visser la grand mère à l'Ehpad ...
C'est grève : elles doivent garder les petits puisque la crèche est fermée, l'école aussi ...
En train de trimer dans leur job mal payé où le seul déplacement c'est celui de la serpillière, du tapis roulant des achats, du bus pour aller d'un domicile à un autre pour les toilettes, d'une machin à une autre. Aucun déplacement qui ne soit une pause ou une respiration.
En train de se faire harceler dans la rue, tabasser par leur conjoint, violer par l'ami de la famille.

C'est ça la réalité des femmes. 

C'est le leaflet que m'a donné ce matin une enfant d'une dizaine d'années qui défilait avec sa maman et d'autres femmes. Elles étaient habillées en tenue bretonne, violette. Elles étaient décidées, calmes et presque silencieuses. 
Cette enfant a marché vers moi d'un pas très décidé le bras en avant avec son prospectus. 
Je l'ai remerciée, j'étais émue et fière (de quoi?). Je l'ai gardé, je l'ai lu.
Merci, belle enfant.

Je suis juste une privilégiée dans le train le mercredi matin.





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Je te souhaite

Borne, une lumière pour nous guider Je te souhaite un ciel étoilé à contempler, une remise en ordre dans les constellations,     -  Aldeberan, Betelgeuse et Antarès sont mieux rangées      que dans ta bibliothèque, des contes qui organisent le bordel laissé  par des héros destructeurs qui se prennent pour des mythes. Je te souhaite  des promenades dans les pas d'autres que toi  de croiser les trajectoires de ceux qui habitent là,  de les deviner sans les voir -  eux ne te louperont pas -  apercevoir leurs empreintes, imaginer leurs chemins sont déjà un luxe Je te souhaite  d'entendre  la couche craquelée qui scintille de t'enfoncer dans le velours de la neige tout juste tombée de te couler dans le crissement de sa rondeur  quand tu avances. Je te souhaite une montée entre chien et loup une arrivée à la nuit un dernier regard aux couleurs qui se couchent la chaleur du refuge après l'effort. Je te souhaite  de...

Petites aberrations et grands agacements

C'est l'automne à Cachan  Il y en a en ce moment une conférence à Pusan en Corée, celle du comité intergouvernemental de négociation sur le traité plastique. Intergouvernemental. C'est bien nommé comme ça. Ce qui signfiie que la négociation concerne les gouvernements.  Ils négocient entre eux tout ce qui concerne le plastique (de sa fabrication à son recyclage), cette année on y parle de sa production notamment pour la réduire. En tout cas c'était le but de la négociation : réduire la production plastique. L'Europe a envoyé 191 personnes par la représenter ainsi que ses pays membres.  Les chercheurs et scientifiques sont environ 70, donc des ecotoxicologistes qui démontrent tous les jours les dangers du plastique sur la santé. Les lobbyistes de l'industrie pétrochimique sont eux 220, de toutes les entreprises concernées : du pétrolier TotalEnergies, au chimiste Arkema pour ceux qu'on connait bien en France. Ils représentent sans nul doute le septième contine...

Le chouchou ultime, le roi-dieu (#portraits cambodgiens)

prise en 2008, quand l'étage du Bayon était accessible C'est mon chouchou. Il l'a toujours été. Il est beau, il est grand, il est bouddhiste, il est visionnaire. Je le vois tous les jours. Et avantage ultime, il est mort depuis plusieurs siècles.  Ça commence il y a quinze ans, avec la découverte du Bayon - même s'il faut le reconnaitre mettre sa tête sur les quatre côtés des 54 tours de son temple montagne a quelque chose de narcissique et mégalomane. Il n'empêche, le Brayon avait déja eu son effet sur moi en 2008, la première fois. Plus qu'Angkor Vat (la grandiloquence), plus que Phnom Kulen (la victoire de la forêt), plus que le Kumbh Melea (le plus sauvage). Jayavarman VII est réellement mon idole. Il trône en photo grand format dans ma salle à manger. Le beau, le grand, le bouddhiste, le visionnaire. Il est connu pour être un grand roi bâtisseur khmer, mais dans les faits il est bien plus que ça.  Comme Alienor (d'Aquitaine, parfois je me passionne pou...