Collage du week-end |
Je joue un peu avec le feu en ce moment : depuis le début des grèves je prends des trains plusieurs fois par semaine, souvent en espérant faire le trajet aller-retour dans la journée. Un peu gonflée peut être, naïve surtout.
J'y suis arrivée : un peu, pour Nantes j'ai du partir la veille et revenir le lendemain ; beaucoup, Lille, partir plus tard et rentré plus tard ; passionnément : Montpellier partir plus tard ; et aujourd'hui pas du tout.
Aujourd'hui, je ne suis jamais arrivée à destination. Mon TER le k16 en direction de Boulogne sur Mer est tombé en panne à Amiens. Nous avons attendu un peu, puis 30 minutes, puis une heure de retard annoncé. J'ai voulu changer mon train retour pour avoir le temps de faire mon rendez-vous sur place, à Abbeville. Le seul train de retour était celui que j'avais réservé, vers midi, ou alors le soir à 19h.
L'absurdité de ces trajets était qu'en attendant que celui là redémarre je risquais de louper le train retour...
J'ai rebroussé chemin. Et pour faire demi tour, j'ai du attendre 3 heures, puisque les grèves ont supprimé tous les autres trains. Bonheur ferroviaire.
Je me suis donc promenée un peu (tout petit peu) dans Amiens, en quête d'un endroit accueillant pour travailler. La gare n'est pas très cosy, oubliés les salons Grand Voyageur (même à Montpellier il n'y en a pas), en dehors du Relay et la Croissanterie, il n'y a que de courants d'airs, l'expression "hall de gare" prend tout son sens.
Je ne crois pas être déjà venue ici. Cette ville est doté d'un "Mondial food" qui ne fera jamais son entrée nulle part, ni même sur Tripadvisor et d'un Grand Hôtel International en face de la statue du Général Leclerc. Une ville ouverte sur le monde, ou du moins avec des intentions.
J'ai trouvé une grande place ensoleillée où se regroupaient les cafés ouverts du matin et leurs habitués. Le Café Urbain avait une façade au soleil, des gens en terrasse, j'ai pris place dedans, derrière la baie vitrée. La mousse du cappuccino est crémeuse, onctueuse et abondante et le pain au chocolat tout frais. Les serveurs sont tatoués, saluent les clients avec un air de copinage "mesdames bonjour, je vous sers comme d'habitude?".
J'ai un faible pour les tatouages et le soleil.
Une heure avant le départ de mon train, j'ai quitté mon paradis ensoleillé car des camions de CRS se rassemblaient sur la place ; l'arrivée de toujours plus de camions et toujours plus de CRS inquiétait les serveurs. J'ai eu peur de me retrouver de nouveau coincée dans la manifestation à éviter les projectiles comme la semaine dernière à Nantes. J'ai préféré traverser tout ça quand ils en étaient encore leur casques à la main, leur matraque à la ceinture et leur café fumant. Je ne pouvais pas louper le seul train de la journée qui roulait vers Paris.
Le hall de gare a tenu ses promesses d'inconfort. Le train retour a eu 10 minutes de retard.
Je ne me suis même pas énervée, ni même sentie agacée. J'ai ri devant l'enchaînement des circonstances, en me disant que décidément je vieillissais.
J'ai passé la matinée dans les Hauts de France, même pas énervée.
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