Il faut le reconnaitre j’aime le voyage.
J’adore le concept, j’aime la pratique, j’en apprécie les détails et les détours.
J’aime le paysage qui défile à la fenêtre du train, l’enchainement du vert, du jaune du colza, du brun des champs labourés. J’aime le bruit de fond du souffle de l’air, les petites maisons carrés, les jardins bien rangés et les terrains vagues, les piscines abandonnées et les chaises renversées.
J’aime traverser les villes, imaginer les vies d’ici : sont-elles différentes de celles de là-bas ?
J’aime compter les voitures garées, les vélos bien ordonnés, les tracteurs à l’abandon.
J’aime les buissons mal taillés, les forêts plus ou moins diversifiées, les genêts en fleur sur le côté, les flancs vallonnés, les sentiers qui se perdent.
J’aime la Loire qui fait la course, le temps qui s’arrête, ou plutôt moi qui m’arrête, j’aime le balancement du deuxième étage de la rame, j’aime le bleu désuet des sièges, l’odeur de poussière et de produits d’entretien, j’aime le murmure des gens qui m’entourent, j’aime encore plus inventer leur vie au son de mes écouteurs, sans rien entendre de ce qu’ils se racontent.
J’aime savoir que pendant ce temps je ne suis nulle part, je suis à peine joignable.
J’aime les gares, chacune a sa personnalité, Vannes a plus de caractère que Cholet, Angers se prend pour une grande Dame, Roanne est austère, Aix est vulgaire, Albertville est tournée vers les montagnes, elle ne s’intéresse pas à ses voyageurs, au contraire de Chambéry qui cherche à les retenir.
Les parisiennes sont … comme des Parisiennes, impersonnelles et font semblant de ne pas être concernées.
J’aime y passer, vite, regarder qui va là, qui vit là, qui s’embrasse, se quitte, s’y retrouve.
J’aime longer le quai, tenter de rattraper la personne devant moi qui va toujours plus vite de toute façon.
J’aime deviner qui attend qui au bout de la voie.
J’aime traverser, j’aime la promesse de la gare et celle du voyage.
J’arrive en gare. Je vous quitte.
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