Raymond Depardon - 1989 |
Un jour on a décidé d’éliminer tous les juifs, et les homosexuel·les, et les Roms, puis les communistes…On s’y est mis progressivement jusqu’à avoir une méthode industrielle et performante qui nous a presque permis d’y arriver. Mais d’autres n’étaient pas d’accord, nous nous sommes battus sur plusieurs fronts géographiques, technologiques et idéologiques. A la fin, il y avait toujours des désaccords, plus sur les juifs, ni les homosexuel·les, ou les Roms, mais sur d’autres choses et nous avons donc construit un mur entre l’Est et l’Ouest. Ce mur s’est concrétisé aussi physiquement en séparant une ville, des maisons et des familles. Il a empêché des gens de passer d’un côté ou de l’autre.
Un autre jour, bien plus tard il est tombé.
Raconté comme ça, ça semble dingue.
Et pourtant nous recommençons.
Nous construisons des murs à la frontière de l’Europe, entre Israël et la Palestine, entre le Mexique et les Etats-Unis. Il n’y a jamais eu autant de kilomètres de mur aux frontières qu’aujourd’hui pour empêcher les gens de passer. A l’heure du libre-échange, d’accords économiques sans précédents, il y a encore des murs, des vrais, en béton avec des grilles, des électroniques avec des systèmes de surveillance aussi sur les eaux territoriales.
En Europe, le système Eurosur permet d’échanger toutes sortes de données sur les migrations, y compris des images satellites et l’Agence Frontex est l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (budget de 540 millions en 2021, budget qui ne cesse d’augmenter).
Nous avons développé une façon industrielle et performante pour empêcher les gens d’entrer.
Quelle est la différence avec l’histoire du 20ème siècle ?
2014 - photo prise le Président d'une ONG espagnole |
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