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Même quelqu’un comme moi qui s’intéresse peu à la Politique (celle avec un P majuscule) et ne lit JAMAIS les pages politiques des journaux, il ne m’a pas échappé que l’élection présidentielle de l’année prochaine allait être…compliquée ? cruciale ? révélatrice ? Je n’ai pas le mot exact ou ce sont tous ces mots à la fois.
Mais comme en juin pour les élections régionales, je vais aller voter et je refuse le vote par défaut, le barrage à l’extrême droite, ou je ne sais quelle autre raison tout aussi bidon du choix entre la peste et le choléra. Ou entre deux maux le moindre. Peut-être que pour la première fois de ma vie, je voterai blanc. Et c’est comme si je n’aurai pas voté.
Je suis juste désespérée des candidats que nous avons, du peu de choix malgré la multitude des candidatures présentées. Comme aux régionales, je vais devoir me faire un petit algorithme pour sélectionner quelques candidatures dignes d’intérêt et pour lesquelles je vais me pencher sur le programme.
Je vais devoir ajouter un critère de sélection à ma grille de juin dernier : celui des agressions sexuelles. Éliminer tous les candidats contre lesquels il existe des plaintes pour agressions sexuelles. Ah, vous me dites que ce sont les mêmes que les extrêmes et les hommes et que donc ils seraient de toute façon éliminés de mon choix. Je crains que si je dois supprimer tous les hommes de la liste des candidats, je ne tombe sur l’ensemble vide. Je sens cette fois qu’avant le critère : « supprimer tous les candidats » je ne sois contrainte d’ajouter des critères qualitatifs comme « pas d’agresseurs sexuels ».
C’est tout de même dingue de se dire qu’on peut être violeur et se porter candidat à la Présidence de la République. Jusqu’où il nous est dit « on se moque de vous, et de toute façon on fait ce qu’on veut».
A ce jour, ma méthode à appliquer serait la suivante :
- Prendre la liste des candidats à l’élection présidentielle
- Ôter toutes les personnes contre lesquelles il y a une plainte pour agressions sexuelles (ou violences) : à ce jour moins trois hommes : Zemmour, Asselineau et Lassale. On attend la suite, il n’est pas exclu qu’il y en ait d’autres.
- Ôter tous les candidats d'extrême droite et gauche (je perds les très vieux : Melanchon 70 ans) et une femme (Adieu Marine)
Je fais une pause et je regarde ma liste. Je dois constater qu’à ce stade si j’enlève les hommes il ne reste pas grand monde (Hidalgo surement). Alors je vais faire une étape supplémentaire :
- Supprimer de la liste « candidats dignes d’être considérés pour mon vote » : ceux qui sont exclusifs sans être exrêmes, ceux qui ont défilé ou qui ont été solidaires de la manif pour tous. (Adieu Pécresse).
- Je n’ai aucune idée de combien il va m’en rester à ce stade. Macron surement, sauf si dans le critère agressions sexuelles j’ajoute « a nommé des ministres contre lesquels y a des plaintes d’agressions sexuelles ». Si je considère que nommer un (ou deux) Ministre(s) - Darmanain, Dupont-Moretti, voire trois avec Hulot (mais on peut toujours dire qu’on ne savait pas à l’époque non ?) - est une solidarité masculine criminelle, alors Macron saute au premier tour de ma sélection.
Au passage du tamis, pour les élections régionales, il me restait 3 choix à la fin, après avoir supprimé toutes les listes avec des hommes à la tête. Il m’en resterait bien moins aux présidentielles. En regardant sur Wikipedia les candidats, je vois qu’il y a des candidat·es issues de mouvement Gilet Jaunes et similaires et il semblerait : une femme trans.
Je pourrai donc éventuellement avoir quelques choix de femmes candidates, mais avec quel programme ? La moulinette doit me permettre de restreindre la selecction mais bien de choisir un programme. Un programme pensé par des candidats dignes d’être considérés.
Un critère que je n’ai pas appliqué est celui de l’âge. Il est frappant de constater que beaucoup de ces gens (ces messieurs surtout) ont tous acquis leurs droits à la retraite (même avec la réforme qui un jour avait été envisagée). Seul Macron évidemment, il a beaucoup joué sur son âge et le dynamisme qu’on y fantasme. Parmi les candidats principaux (terminologie Wikipedia) c’est Lutte Ouvrière qui est la plus jeune (52 ans). Je serai moi-même une encore plus jeune candidate.
En résumé, des hommes, des vieux et des agresseurs sexuels. C’est le portait robot du candidat à l’élection présidentielle française.
Au moment de l’exercice grandeur nature du vote, je sais que je risque de me retrouver avec l’ensemble vide.
Au premier tour j’aurai Hidalgo.
Au deuxième, personne.
Ça me désole de me dire que les États-Unis ont eu un Président noir, unE Vice-Présidente, des sérieuses candidates femmes ; l’Allemagne unE Chancelière (et plus récemment des parlementaires élues qui sont des femmes trans), les grand-britons unE Prime Minister et nous-mêmes pas une candidate crédible pour le second tour. Et je n’ose pas rappeler combien de Première Ministre, ou de Ministres femmes dans des fonctions régaliennes, ça risque de ne pas occuper mes deux mains.
Il faut croire que nous sommes vraiment des arriérés au sens premier du terme : en retard dans notre développement de l’appareil politique.
L’affaire Sandrine Rousseau est en cela révélatrice de la résistance du système. Quand on s’attèle à essayer de changer la donne, le retour de bâton est violent. La réponse du système à l’attaque est à la hauteur de ce qu’il a perdre « vous voulez des femmes dans le système ? Attendez, on va vous élire un président violeur (homophobe, raciste…) , vous réfléchirez à deux fois à ce que vous demandez ensuite » .
Et c’est peut être ça qui est finalement positif, c’est que la réaction est aussi violente que la crainte de perdre le pouvoir. Cela veut dire que l’attaque est crédible, qu’elle ébranle le système, qu’il y a bien quelque chose à défendre : le pouvoir, la position dominante, le privilège masculin.
Un jour, on y arrivera. On aura des représentations politiques qui seront des femmes et qui défendrons les droits de toutes et tous.
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