Wild Kitchen @Kames (suburb de Tighnaburaich) |
Au programme cette année, l'Ecosse en mode slow trip. Une semaine de randonnée puis une semaine sur l'île de Skye.
Parce que la BD trois chardons de Cécile Becq.
Et la randonnée parce que la randonnée. Pour éprouver le paysage.
Et l'Ecosse pour éviter la canicule ? Pour passer inaperçue, en fait. Les Highlands parce que dans mon imaginaire c'était plus sauvage.
J'avais passé du temps à choisir le treck, avec des critères plus ou moins objectifs, qui se sont avérés plutôt pertinents. Pas l'accessibilité en tous cas. Pour rejoindre le point de départ du Loch Lomond & Cowal way, il nous fallut une journée de transport sous la pluie, le train jusqu'à Glasgow, un bus pour la péninsule de Cowal puis le ferry pour traverser le Loch Fyne, toujours sous la pluie. Avec une pause dans un café au bord du loch pour manger notre unique repas de la journée : un gratin de poisson.
Ce trek traverse nulle part, un truc un peu paumé, et qui "en une centaine de kilomètres et 5 jours de marche illustre tous les paysages des Highlands" (un passionné a écrit ça dans la description du trek, probablement un le critère retenue le plus objectif). "Nulle part" qui implique que les étapes sont imposées par les possibilités de logements et de restauration. J'aime la marche, pas forcement porter ma maison sur mon dos, je ne suis pas un escargot, je n'aime pas non plus l'humidité. Exclu donc le camping, qui aurait laissé plus de marge de manœuvre sur les étapes.
Le point de départ est une marina, posée dans un bout de presqu'ile sans village autour. C'est un complexe hôtelier blanc, d'acier et de verre, qui offre tout : du camping au cottage en passant par la simple chambre d'hôtel. Avec ce qu'il faut autour : le restau pour tous les repas et drinks, où on nous conseille de réserver notre table et nos heures pour tous les repas alors que nous ne croisons vraiment pas grand monde, du moins pas suffisamment pour remplir l'immense salle à manger donnant sur la baie ; la boutique de souvenir ; le chantier pour les bateaux et le spa avec une piscine extérieur qui donne sur la baie. Très bel endroit sans rien à faire autour, hormis le point de depart du trek, mais les gens qu'on croise ne ressemblent en rien à des randonneurs. Que font les gens qui viennent en vacances ici?
L'iMari a voulu aller au spa, profiter de la piscine et des bains à remous, c'est comme ça que le mystère a été résolu. Pendant que je lisais tranquillement dans la chambre, il a engagé la conversation dans le bain à remous avec un Ecossais. Le gars a sa résidence secondaire dans le coin, à moins de 2 heures de route de Glasgow, il y passe un mois de vacances. A la question "et qu'est-ce vous faites ? ", il a haussé les épaules
- I walk the dog.
Ce qui s'est avéré une forte réalité tour au monde de notre séjour : la concentration de promeneurs avec un chien est très élevé en Ecosse, elle approche les 100%. Les seules personnes qui ont marché comme nous le long du Cowal Way était un groupe de 4 gars de langue slave - qu'on a nommé les Russes, sans être tout à fait certains qu'ils le soient (probablement pas) - avaient un chien, le même que Dagobert dans le Club des 5. Même les randonneurs promènent leur chien.
Jour 1 : de Portavadie à Tighnabruaich
petite étape, 10km
humidité dans l'air ++, emballage du sac, vêtements de pluie mis puis enlevé puis remis puis ....
humidité au sol : +++, chaussures trempées, essorage de chaussettes à prévoir
rencontre : un gamin et sa mère qui promènent leur chien, nous rencontrerons pour la première fois nos Russes le soir au pub uniquement.
L'étape est tellement petite que nous arrivons avant midi, le pub-auberge n'ouvre qu'à 15h. On s'installe sur la terrasse pour essorer nos chaussettes, mettre nos Birkentsock, attendre. Mais le mist - petite bruine qui mouille dans la durée -et la faim nous drainent vers Wild Kitchen, un lieu improbable trouvé par l'iMari par une exploration systématique et experte d'internet, google map et Cie. Lundi : le pub n'ouvre qu'à 15h, le café local est fermé pour une occasion inconnue, le bistro n'ouvre qu'en fin de semaine, mais le Wild Kicthen fournit café, gâteaux, soupe et sandwich depuis leur cabane en palettes et leurs 3 tables et chaises dépareillées sur le parking en face du torréfacteur de café de la baie. En plus du repas, le Wild Kitchen nous abrite vaguement sous un parasol qui sert de parapluie pour l'occasion.
Tout un monde défile ici, les gens arrivent de nulle part autour, à pied, en vélo en voiture pour prendre un café, manger un bout. Beaucoup se connaissent, tous disent bonjour. Même au petit-déjeuner ce matin nous n'avons pas vu autant de monde.
Le copain de jacuzzi de l'iMari arrive aussi, à pied avec son chien (il n'a pas menti) tandis que sa femme arrive en courant de son jogging.
Passés 15h, nous retournons au pub, le gars qui nous accueille pour nous donner notre clé de chambre nous reconnait : "on s'est croisé tout à l'heure, je promenais mon chien".
Notre chambre est douillette, sous le toit, dotée d'une baignoire, idéale compte tenu de notre ratio humidité - température. L'iMari n'a qu'une remarque : "ils devraient changer de plombier". Selon lui les raccordements des radiateurs ne sont pas corrects pour délivrer le bon niveau de chaleur. Peu importe, le chauffage fonctionne suffisamment pour (presque) sécher nos chaussures. Cela n'enlèvera pas l'odeur d'humidité tourbée, ce qui est bien pour le whisky moins pour les chaussettes.
Au delà des radiateurs et de leur raccordement, un petit mot au dessus du lavabo nous avertit de "ne pas nous inquiéter : en allumant l'eau froide, nous aurons de l'eau chaude, mais en laissant couler elle finira par être froide". Ce qui ne fait que renforcer l'avis de l'iMari sur le plombier.
Plus largement, il y a des choses à dire sur la plomberie des anglo-saxons. Le mitigeur n'a pas traversé la Manche. ils aiment les robinets : il y a toujours un robinet d'eau chaud et un robinet d'eau froide, chacun avec son tuyau et son bouton, et ça pour chaque lavabo et baignoire. Pour faire fonctionner une douche du premier coup il faut une thèse en mathématique appliquée, et chaque salle de bain a son propre modèle de douche, aucune courbe d'apprentissage par l'expérience.
Ce n'est pas le plombier de l'auberge qu'il faut changer, c'est tous les plombiers du Royaume-Uni.
Whisky et gin à l'apéro, on se fond dans les coutumes locales. Le gin vient de Isle of Bute, l'île en face, je le bois en regardant le loch qu'il a traversé pour arriver sur cette terrasse.
Le repas est excellent, pas de la nourriture de refuge roborative, plutôt celle d'un pub gastro qui attire les gourmets de la région, se fournit localement et le fait savoir : le grand tableau noir indique d'où vient chaque produit jusqu'aux noms des quelques poules de la maison qui fournissent les oeufs.
C'est après notre plateau de fromages (tous excellents, tous écossais) qu'on croise les quatre Russes qui promènent leurs chiens le long du Loch, comme d'autres, parmi nous qui faisons un petit tour avant d'aller dans notre chambres à l'odeur de chaussettes tourbées.
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