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Walk the way, walk for food (#3)

Last section - une nouvelle estimation des km

Jour 4 de Strachur à Lochgoilhead

grosse étape : 18km sur le papier, un peu plus de 20 au final pour les gourmets que nous sommes
humidité dans l'air +, lunette de soleil (yeah!)

humidité au sol : +++,  on marche des heures dans la tourbière, jusqu'au sommet de la montagne
rencontre :  grande abondance, nos 4 Russes et leur chien, 2 hommes à pied en sens contraire qui montaient au point de vue, 2 cyclistes en sprint

On a croisé les Russes au petit déjeuner, sans leur chien. Première conversation engagée avec eux, - avec un seul en fait - celui qui parle anglais, pour les trois autres, leur anglais a l'air plus rudimentaire. Evidemment le sujet était le passage du torrent, comment on a fait sans le pont ....Conclusion : on a tous fait pareil, c'est à dire braver l'interdit de la barrière et descendre dans le ravin avec forces acrobaties.

L'étape nous semble plus courte, alors qu'elle est loin de l'être. Le paysage est alpestre, pour la première fois depuis qu'on est parti on grimpe 500 mètres de dénivelé, d'un coup dans la tourbière, sans sentier vraiment tracé sauf les passages creusés des moutons. Contre toute attente, il y a des bancs installés dans la montagne. Au grand dam de mon iMari car ce n'est pas l'heure de déjeuner (pour s'installer sur le banc), ce qui ne nous empêche pas d'essayer un ou deux bancs à mi-parcours. 
Même le sommet est détrempé. Selon les théories de mon iMari - qui comme tous les hommes, saurait faire atterrir un avion de ligne - l'eau ruisselant du haut vers le bas, le  sommet devrait être sec. Que nenni, en haut à moins de 1000 mètres d'altitude, le "sommet" qui ressemble à un plateau est une immense tourbière. Chaque pas produit son "floc", nos chaussures s'enfoncent jusqu'à la cheville, c'est un lac qui ne dit pas son nom. Il faut bien de la tourbière pour le whisky, me direz-vous.
Le "sommet" (Ben en écossais) -  jamais on appellerait ça un sommet dans les Alpes - est marqué par un gros rocher plat qui forme une île avec son cairn (c'est universel). Ce serait l'endroit idéal pour pique-niquer, même sans banc, mais l'iMari a repéré un café au bord du lac, à l'arrivée pour notre déjeuner. 
Le "Boat Shed" cuisine les meilleurs toasties de la région, d'après les avis, et l'endroit où on loge est de nouveau un immense complexe de vacances ; hôtel, appartements, cottages, mobil homes, chalets avec son café, son bar, son restaurant... bref l'usine à vacances. Le repas du soir et le petit-dej seront le maximum de ce qu'on pourra supporter sur place. Nous sommes prêts à nous rajouter 35 minutes de marche pour bien manger. 
C'est à ça qu'on reconnait les gourmands/gourmets ou juste les "estomacs sur pattes", quand après 18 km ils sont prêts à en rajouter pour bien manger. Ça valait la détour - comme dirait le guide vert - la soupe, la tartine, le café, et même le gâteau  -  en enlevant les chaussures de marche le temps du repas.  Tout ça nous requinque pour finir l'étape jusqu'à notre complexe de vacances, qui proposent dans ses panneaux de devenir propriétaires de son bungalow.

Il y a une piscine, un sauna et un hamam sur le site, des jeux d'arcades et tout un tas d'ateliers pour occuper petits et grands. En sortant du sauna, mon iMari me suggère d'aller faire du lancer de hache, il pense que ça me fera du bien (!). Je préfère m'installer face à la vue avec mon livre et un thé. 
Ce lieu est l'industrie des vacances poussée à l'extrême, je crois que je préfère l'ambiance du Caravan Park, au moins les gens aiment le camping, et il y a Annie. Ici, pas d'Annie et une flopée d'employés en T Shirt corporate, à l'air épuisé.

Jour 5 de Lochgoilhead à Tarbet
très grosse étape : 24km, on n'a toujours pas compris comment les kilomètres sont calculés entre le site (amateur), les panneaux et ce qu'on a sur Visorando, rien ne colle. C'est toujours plus que ce à quoi on s'attend.
humidité dans l'air  0 , lunettes de soleil (yeah, yeah!)
humidité au sol : - + , le chemin est principalement forestier, voire même un bout de route par moment
rencontre :  foule de monde à l'approche de Tarbet, il y a une (petite) ville à l'entrée du parc national, on a perdu nos 4 Russes et leur chien.

Une étape qui traverse un bout de montagne puis longe des lacs, traverse un estuaire, puis une ville. 
On déjeune dans un Tea Room, un truc simple de toatsie (encore), sans soupe, et des excellents gâteaux. Ce périple n'est qu'une excuse pour manger sans culpabiliser des carrot cake, Banana bread, caramel short bread et cookie maison. Puis on repart pour une bonne heure de marche encore, alors que ça nous semblait si proche. 
On rencontre beaucoup de promeneurs de chiens, de petits randonneurs (à la journée, sans gros sac) et pour la première fois on croise de trailers. On croise même la version Parisienne de l'anglaise, qui veut un cake sans gluten, sans lactose, qui demande s'il n'y a pas trop de sucre et qui passe son temps au téléphone pendant que ses copines savourent leur thé, leur gâteau vont au toilettes paient et s'en vont. La blonde (facile) a haché menu dans son assiette ce qui ressemblait un scone, a saoulé tout le monde avec sa conversation mais n'a pas profité du moment avec ses copines. J'ai eu une version similaire en juillet à la boulangerie de Port Manech (en Bretagne) de la parisienne (toujours blonde) qui fait ses vocaux pendant  ses courses de pains et de kouign aman, le samedi à 11h. Toute la queue profite de sa vie. Bon retour à la civilisation. Je vais presque regretter le Caravan Park de Glendaruel.
A Tarbet, on est dans un grand pub, au croisement de deux grandes routes au bout du Loch Lomond. La chambre est cosy, le plombier est le même qu'à Tignabruaich (selon l'iMari), la chasse d'eau fuit, ce que j'arrive à régler facilement. En évitant les plats avec des frites, on dîne bien dans les pubs. 

On a fini notre périple, et je ne suis pas mécontente de mettre des habits propres qui ne sentent pas la sueur, de ranger mes chaussettes à l'odeur tourbé dans les chaussures de marche pleine de boue et de poursuivre le lendemain en bus.

En clin d'oeil et clôture de cette randonnée écossaise, je croise dans la vitrine de la seule librairie de Fort William le livre de Nan Shepherd (Anna de son prénom ce que j'adore évidemment, j'aime les liens inutiles, les résonances impromptues, les rimes qui n'en sont pas..) - le plus connue : the living mountain avec sa couverture joliment colorée. Nous serions passés devant à des heures ouvrées je l'aurai acheté.
Nan Shepherd (née en 1893 et mort en 1981, nous avons été contemporaines 10 ans!) est poète, écrivaine, essayiste et insatiable randonneuse, notamment dans les Cairngorns tout proche. C'est en lisant, peu de temps avant les congés Méfiez vous des femmes qui marchent de Annabel Abi que je l'ai rencontrée. Elle a marché toute autour des 80 km de sa maison d'enfance. Pas mariée : après la guerre de 14-18 pas assez d'hommes au Royaume Uni pour toutes les femmes en recherche de mari, d'après l'autrice. C'est une des raisons des randonnées de Nan Shepherd. Il en faut bien une!
J'aime savoir que j'ai foulé les mêmes chemins qu'elle. Il va maintenant falloir que je la lise.
Former l’oreille au silence, c’est découvrir combien il est rare.
Nan Shepherd  -  la montagne vivante



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