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Articles

Affichage des articles du octobre, 2024

Les hommes mentent-ils plus que les femmes ?

Yashuiro Ishimoto @ Le Bal J'ai été frappée par l'attitude des accusés du procès de Mazan, ils nient, étape par étape, et ne reconnaissent les faits que l'un après l'autre parce qu'on les met en face des preuves : je ne suis pas entré dans la chambre, je ne l'ai pas touché, je ne l'ai pas pénétré, je n'ai pas ... Et à chaque étape, au sein de la cour d'assise, sont montrées les images où on voit l'accusé entrer dans la chambre, puis la suite. Ce qui est étonnant c'est qu'ils mentent par étape et ne laissent pas tomber leurs dénégations à la première confrontation, alors qu'ils savent ce qui se passe ensuite.  Le problème avec le mensonge, c'est que dès le premier c'est fini ; plus aucune chance d'être cru ensuite. Je ne parle même pas des histoires rocambolesques qu'ils (se) racontent pour s'expliquer :  "je n'ai jamais voulu le faire" (le viol involontaire),   "j'étais sous emprise" (l...

Une fois de plus (# in the mood of poetry)

à l'atelier Lorenzi La poésie comme une issue, comme écriture sans norme, ni jugement, ni arrangement avec les mots qui restent et les trouées dans le texte. La poésie comme supravie, comme au-delà, comme absolu. L’écriture absolue alors que tout parait manquer.   Il te parait heureux de faire le voyage, d’aller à sa rencontre jusqu’au blanc total. Jane Sautière – tout ce qui nous était à venir Tout ce qui nous était à venir parle de vieillir, peu de ce qui n'est plus mais de ce qui est devant nous quand on vieillit. Et même si je ne suis pas encore une "vieilleuse" comme elle dit, je me reconnais dans ses pages.  La poésie comme une issue, est la poésie qu'elle écrit. Moi je lis, sans que ce soit une issue, plutôt comme un changement de perspective, une prise de rêve, une altération métaphorique, un truc en plus qui m'emmène plus loin. J e pense a la déclaration  tranchante de Joan Didion dans « pourquoi j’écris :"si j"avais eu la chance de pouvoir...

Une vie à ma taille

expo Terres des hommes @maison Doisneau Quoi de neuf ? me demandait une copine récemment. Et moi de lui répondre : à nos âges plus grand chose. Je pensais en toile de fond à ces jeunes gens qui m'entourent et qui pour la première fois vont ici ou là, ou expérimentent des nouvelles sensations. Ce neuf-là. Je ne pouvais pas plus me tromper quand j'y pense.  Comme chez tous, quand les enfants grandissent, ils partent pour leurs études, la famille se disperse, telle une casserole de pop-corn au moment où on soulève couvercle : ils sautent hors, et hop reviennent en force le week-end, avec des grains en plus qui collent (façon sucre fondu). La métaphore est discutable, la sensation est celle-là, tu commences avec une petite quantité dans un bol et tu retrouves avec une énorme quantité dans une marmite. Chaque vendredi, l'entrée se remplit de grands sacs de courses, tels des SDF en déplacement, chacun le sien, pour transporter ses bocaux (pour la soupe), ses Tupperware (pour les ...

Drôles de dames

Los Dias Afuera @Theâtre de la ville  Ma sélection de lectures et de spectacles est (forcément) très orientée, genrée s'il faut préciser. Je pousse toujours un peu plus loin, par curiosité principalement, une lecture en amenant une autre, ou un spectacle. J'en suis à me dire que les femmes sont extraordinaires et que c'est peu montré. On s'habitue aux héros, ceux qu'on a trop vus, et je m'en lasse. Alors que je reste toujours ébahie, fascinée, envieuse même de ces drôles de dames qui savent faire de leur vie un truc à partager. La semaine dernière, nous sommes allés au Théatre de la Ville (abonnement annuel) voir un spectacle de Lola Arias, une argentine qui anime des ateliers en prison. Après un film, elle embarque six personnes  dans un spectacle Los Dias Afuera  qui raconte la détention, la vie dedans, le retour dehors, les allers-retours, et comment on s'en sort. (si on s'en sort). Le spectacle mêle danses, chants, textes écrits en ateliers par les d...

Hors saison (#portraits cambodgiens)

avant la pluie - Phnom Penh Au Cambodge en été? C'est pas hors saison ? Si, je répondais à chaque fois, c'est hors saison, c'est la saison des pluies. Je n'étais pas retournée en Asie depuis que nous étions rentrés de Chine en 2011. Treize ans. Treize ans sans hors saison. Ca m'avait manqué, je m'en suis rendu compte dès que j'y ai posé le pied. La chaleur, l'humidité, le bruit, l'odeur, la circulation, la végétation luxuriante même en ville, les couleurs pétantes, le vert qui brille, les oranges qui pètent....Tout est si intense, rien n'est terne, ni tenu. Tout déborde, explose.  Chaque fois que j'ai vu le Mékong c'était hors saison, le moment où il n'est pas tenu, hors des cartes postales aux tons bleus et verts. Je le connais intensément brun, épais, haut, isolent, indompté, inondant les terres, noyant les arbres, se faufilant en mangroves, sous un ciel blanc ou gris ou accablé de chaleur. L'aéroport de Bangkok n'a pas boug...

Je ne suis pas très bien latéralisée mais quand même ...

Yang Shun-Fa (Taiwan) au lavoir numérique Je fais partie de ces gens avec qui ont a toujours un doute quand ils disent "à droite" par exemple. On se demande si c'est droite droite ? ou droite gauche?  Ça marche aussi pour la gauche. Il y a eu trois semaines dans ma vie où je n'ai fait aucune erreur, où j'ai mis toute mon attention à ne pas confondre droite et gauche. Les trois semaines juste avant mes 18 ans quand j'ai pris des leçons de conduite et que j'ai passé mon permis. Ma réserve d'attention sur la latéralité a été épuisée, il y a donc 35 ans.  Aujourd'hui j'ai toujours un doute, je dois y réfléchir pour ne pas m'y reprendre à deux fois. Ni mon iMari ni mes iAdos ne prennent ce que je dis au sens littéral quand je parle de droite et gauche. Forte de ce constat, j'en suis à me demander si celui-qui-nous-sert-de-président n'a pas le même problème. J'ai voté à gauche, j'en suis certaine puisque le sujet n'était pas d...

Plein Est

extrait de Ploueran de Isabel del Réal Je file vers l'Est.  Je découvre l'est de la Turquie, le plateau anatolien, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Causasse, les bords du mont Ararat... Je lis avec google maps à portée de main pour me figurer les lieux que je parcours dans mes lectures. La première est un roman graphique Plouhéran qui raconte le périple d'une jeune femme qui part de Plouer en Bretagne et qui pédale jusqu'à Téhéran, pendant la période Covid. Ça semble une drôle d'idée à une drôle de période, pour quelqu'un qui fait à peine du vélo et qui n'a jamais dessiné. Isabel del Real le raconte très bien dans le podcast le temps d'un bivouac ;  Isabel Del Real  est la pédaleuse dessinatrice en question. Le dessin en noir et blanc n'est pas nécessairement attirant aux premiers abords, mais ils sont immersifs. Aussi bien pour les grands espaces, de nuit comme de jour que pour les détails d'architecture, de bouffe (plus que de gastronomie)...