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Articles

Affichage des articles du juillet, 2023

Je l'ai épousé

Au bord au lac Noir (Laurentides) Je l’ai épousé parce qu’elle était amoureuse de moi et que j’en étais sidéré et flatté.  Je l’ai épousé parce que j’ai cru à tort que nous voulions     les mêmes choses dans la vie. Parce qu’elle était belle.Parce que j'étais reconnaissant à ses parents de m’avoir accepté comme prétendant malgré l’ivrognerie et la bêtise de mon père. Parce que je partais à la guerre où j’allais me faire tuer et que je voulais coucher avec une femme avant de mourir.  Je l’ai épousé parce qu’elle me l’a demandé et que refuser aurait été impoli. Je l’ai épousé parce que j'avais encore dans les narines l’odeur acre de l’incendie et que j’étai déboussolé. Un hiver long et rude - Mary  Lawson Beaucoup de raisons pour l'épouser, aucune qui ne tienne dans la durée. C'est un livre que j'ai trouvé dans la cabane au bord du lac, lu en deux jours aussi au bord du lac. Trois personnages, membres de la même famille : le père, la fille et le fil...

Savoir, trauma, résilience et mes propres paradoxes (#Premiers peuples du Quebec)

Voix autochtones, savoir, trauma, résilience @McCod Le musée McCod Stewart est situé sur un territoire fréquenté et occupé depuis des millénaires par les peuples autochtones, lequel n'a jamais été cédé par voie de traité. La nation  Kanien'kehà:ka démontre toujours un profond attachement envers ce territoire qu'elle nomme Tiohtià:ke. Reconnaissant les conséquences désastreuses du colonialisme pour les Premiers peuples; le Musée McCod considère qu'il est son devoir de contribuer à une meilleure connaissance des cultures autochtones et de soutenir le maintien de leur vitalité. C'est ce qu'on lit sur la page d'accueil du musée  de Montreal, en pop up qu'il faut fermer par la petite croix en haut à droite. Plusieurs expositions au musée ce jour-là, la plus touchante est "Voix autochtones aujourd'hui - savoir, trauma, résilience", faite de films, d'images, de témoignages et d'objets appartenant aux 11 Premiers peuples du Quebec. La commi...

Un bon cru (coups de coeur #Rencontres Arles)

à l'Abbaye de Montmajour Je ne sais plus depuis combien d'années nous y allons. J'ai perdu le fil. Pas loin de 10 ans. C'est notre rituel à nous, juste mon iMari et moi d'aller en juillet, au moment de mon anniversaire (mais je crois que cela n'a rien à voir) d'aller à Arles (ou en Arles) aux Rencontres Photographiques. C'est la combinaison ultime : boire, manger, dormir, voire des belles choses et marcher. Le choix des restaurants est stratégique, il y en a bien plus que le nombre de repas, à calibrer aussi selon notre faim. Où prendre un verre selon une envie de cocktails (signature s'il vous plait pas juste le Mojito de base) ou de bons vins et tapas. Le tout entre des expos photos qu'on enchaîne, plutôt qu'on enfile, comme des perles parce qu'à la fin ça ressemble à quelque chose de beau et qui laisse des traces. Ce n'est pas juste du binge-expo, surtout avec la programmation de cette année. Le choix des expos est lui tactique, l...

Un air de vacances

Saul Leiter Abbeville sous le soleil n’a pas la même allure. Se lever à 6h pour prendre pour le train non plus quand il faut jour et que la journée s’annonce chaude. Le train K16 qui, de la Gare du Nord emporte vers la Picardie jusqu’à la mer est vide au départ de Paris. En ce matin de juillet, je n’ai que l’embarras du choix où m’assoir, j’hésite beaucoup dans ces cas là, comme si le choix du siège pouvait avoir une quelconque influence sur ma journée. J’ai redécouvert la campagne aussi sous le soleil. Le ciel bas de l’hiver, la grisaille du printemps, la fatigue aussi peut-être m’avaient caché la campagne verdoyante, à peine ondulante.   Et à Amiens ( ville maudite où j’avais un jour été stoppée nette dans mon élan picard), le train a pris un air de vacances. Le quai était bondé, une horde d’enfants joyeux et de familles portant glacières et nattes de plage ont envahit le train. Certains étaient débout, les enfants surexcités dès 8h30 le matin. Ça ne sentait pas encore la c...

Du fond du coeur

Anna Eva Bergman Je me suis de nouveau retrouvée dans la salle d'attente des consultations congénitales pédiatriques, entourée d'enfants. Une pré-ado avec son papa, un petit garçon à bout de patience avec sa maman, un tout petit en poussette avec sa maman et une valise, et un nouveau né dans un brancard. C'est impressionnant les brancards avec les nouveaux-nés, c'est là-bas que j'en ai vu pour la première fois, et je ne m'y habitue pas. Ils ont en commun le désarroi des parents qui accompagnent, c'est toujours la maman. Elles ont l'air défait de l'après-accouchement, encore récent, le corps encore chamboulé par la naissance et la douleur, et si elles sont là c'est qu'il y un problème cardiaque d'importance. Elles sont dévastées, évitent les regards et ne rendent pas les sourires, et surtout n'engagent aucune conversation. Contrairement à d'habitude, je n'avais pas mon Mac sur les genoux, je ne travaillais pas. j'étais tran...

Qu'il reste dans ma vie

Geography Biography - Tacita Dean Je suis sortie. Impatiente de rentrer chez moi. Impatiente de retrouver mon lit où j'imaginais que je dormirais mieux. Il a de nouveau regarder à l'échographie que les choses étaient en place ; depuis le temps qu'il me montre, je vois désormais mieux sur ces images, je sais deviner ce que je vois juste avant qu'il ne l'énonce.  Lui dans ses Vans vertes quand il me croise dans le couloir  : vous marchez bien! Il est content, presque surpris, moi qui ne rêve que de me carapater. Et le lundi suivant en fin d'après-midi, je suis à mon bureau entre deux choses, mon téléphone sonne. Lui sans se présenter : comment allez-vous?  Moi; décidément vous ne pouvez pas vous passez de moi. Lui : vous devez aller bien, vous êtes déjà sur Linkedin. Oui j'étais sur Linkedin, je l'y avais cherché dans les 10 minutes précédant son appel. J'étais démasquée, mais sans honte ni culpabilité. Son dernier post parlait de son intervention, ave...

Mon coeur entre ses mains

Françoise Pétrovitch Il m'a appelé alors que j'étais en vadrouille, comme souvent, sans prévenir. Il surgit dans ma vie pour me donner des nouvelles, me raconter comment ça avance, me dire qu'il ne m'oublie pas que je suis la première sur sa liste. Je n'ai pas décroché. Il n'a pas laissé de message, il a tenté le lendemain.  Par mail interposé avec son assistante j'ai fait savoir que je ne pouvais pas répondre, et j'ai reçu une proposition de date  pour l'intervention , celle de  la charge de hippocampes.  Rapide, il me proposait de venir dans la dizaine de jours qui suit.  Dans ma chambre à Sarajevo, bien après l'appel à la prière je suis restée scotchée devant le mail. D'un coup, ça devenait réel, c'était proche et ensuite ce serait fini. Ensuite j'aurai un coeur qui fonctionne sans effort, ma malformation serait réparée, je serais "normale". J'ai été tentée de me dire c'est trop tôt, faisons ça à la rentrée. Premi...