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Articles

Affichage des articles du avril, 2022

Après l'effroi

R. Depardon - ton oeil dans ma main J’ai voté pour lui. J’ai eu peur.  Au dernier moment. Ni peur ni haine c’est là notre victoire, dit Camus Alors je suis en échec. Je les hais et j’ai eu peur. Je me suis dit qu’il valait mieux une voix en trop, que de louper la Présidence d’une voix. Et cette voix manquante aurait toujours été la mienne. Comme l’a bien mieux que moi le journalise Edwy Plenel, j’ai voté  dans la douleur pour conjurer l’effroi. J’ai du choisir entre l’insuffisance et la suffisance (pareil l’expression n’est pas de moi). Je ne suis pas arrivée à les renvoyer dos à dos. Comme Peste et Choléra.  C’est le nom des deux pies qui vivent dans mon jardin. Et je les aime bien, elles chapardent vraiment tout ce qui brille, comme les bougies chauffeuses, elles me narguent, chient sur la table de jardin, font des trous dans les pots de fleur. Je les soupçonne de manger certaines graines que je plante. Bref, l’une et l’autre se valent. Les mêmes nuisances.  L’un e...

En train

Il faut le reconnaitre j’aime le voyage. J’adore le concept, j’aime la pratique, j’en apprécie les détails et les détours. J’aime le paysage qui défile à la fenêtre du train, l’enchainement du vert, du jaune du colza, du brun des champs labourés. J’aime le bruit de fond du souffle de l’air, les petites maisons carrés, les jardins bien rangés et les terrains vagues, les piscines abandonnées et les chaises renversées.   J’aime traverser les villes, imaginer les vies d’ici : sont-elles différentes de celles de là-bas ? J’aime compter les voitures garées, les vélos bien ordonnés, les tracteurs à l’abandon. J’aime les buissons mal taillés, les forêts plus ou moins diversifiées, les genêts en fleur sur le côté, les flancs vallonnés, les sentiers qui   se perdent. J’aime la Loire qui fait la course, le temps qui s’arrête, ou plutôt moi qui m’arrête, j’aime le balancement du deuxième étage de la rame, j’aime le bleu désuet des sièges, l’odeur de   poussière   et de...

De la maternité

dessin de Bernard Moninot Il y a longtemps j’ai lu Mona Cholet –   Sorcières - La puissance invaincue des femmes.   Les critiques étaient tellement dithyrambiques que comme souvent dans ces cas-là je m’en suis approchée avec une grande méfiance, avec un désintérêt affiché, une vague et dédaigneuse curiosité, mais curiosité tout de même. Je refusais de l’acheter (je suis très attentive sur qui j’investis, qui je sponsorise) et quand une jeune collègue m’a proposé de me le prêter je l’ai pris, je l’ai lu.  Il a fallu que je passe outre l’énervement que ce livre a généré chez moi pour en tirer tout de même un intérêt. Mais quel effort ! C’est un livre à charge contre la maternité. Et ça c’est envisageable, c’est un point de vue que je comprends. Elle évoque de nombreuses féministes, explorent leur choix de ne pas avoir d’enfants, de ne pas avoir de famille. Sa référence est Simone de Beauvoir, s’exprimant sur son évitement de la maternité   mon bonheur était trop c...

Zeste de lumière en période trouble : WPP2022

Amber Bracken for The New York Times Je suis TRES contente.  Il faut  bien se trouver d'autres sources de satisfaction et de joie que les élections présidentielles. J'aimerai me dire que j'y suis pour quelque chose.  Le WPP  - World Press Photo 2022 - a fait sa révolution, et cette année c'est quatre prix decernés et deux femmes sont recompensées. Je me suis émue l'année dernière, du nombre de prix et des catégories (dont une catégorie Sport), et de la part des femmes récompensées (moins d'un quart). Je m'étais même avancée à faire un lien entre les catégories et le peu femmes au final. Je suis même allée jusqu'à écrire à la galerie Polka qui relayait le prix et au comité d'organisation du WPP2021, en anglais. s'il vous plait. Le comité du WPP 2021 m'avait répondu un mail qui allait dans mon sens, et qu'ils y réfléchissaient. Cette année : grands changements! Toutes les subtiles catégories ont disparu, elles sont replacées par quatre cat...