Accéder au contenu principal

Smart and feel good movies (#les jeunes amants - #Licorice Pizza)

Mes déambulations d'aujourd'hui m'ont menée vers Montparnasse en début d'après midi. Et devant le programme de ciné je suis allée voir "les jeunes amants".

Titre trompeur pour ceux qui ne regardent pas l'affiche  : Fanny Ardant (72 ans) et Melvil Poupaud (49 ans). Et c'est une histoire que je n'ai jamais vue au cinéma, et c'est une histoire qui fait du bien.
C'est le regard d'une femme sur cette histoire (réalisatrice Carine Tardieu) qui semble inimaginable, qui va à contre sens parce qu'elle fait tomber les stéréotypes. Encore une fois ça fait du bien. 

C'est l'histoire d'un médecin une nuit, alors qu'il est de garde, qui rencontre une femme au chevet de son amie en train de mourir. Cette rencontre crée quelque chose chez lui, laisse une trace. Il la revoit 15 ans après. Il suit le fil, remonte les traces que la première rencontre a laissé, s'approche tout doucement. 

Elle a 70 ans, il en a bien 20 de moins; il est marié, il a des enfants. Et pourtant il tombe amoureux. Elle a du mal, elle hésite, elle a peur. Elle met du temps à oser, et elle reste sur la défensive, s'attendant à chaque instant qu'il se retourne sur une plus jeune, qu'il se réveille enfin. La scène de retrouvailles à Gare de Lyon raconte tout cela tellement subtilement que c'en est palpable sans un seul mot.

je n'ai pas d'avenir, je n'ai rien pour toi

C'est cette histoire-là, si douce, si revigorante, et si douloureuse aussi pour son épouse qui rigole au début :"une femme de 70 ans !", puis reconnaît que c'est du courage d'assumer d'aimer et de se monter avec une femme de 70 ans plutôt qu'avec une jeunette.

C'est tiré d'une histoire vraie, l'histoire de la mère de Solveig Anspach (l'effet aquatique : un de mes films préféré). Ça existe. ce n'est pas une pure fiction pour nous raconter des histoires. Il n'y a pas d'âge pour vivre l'amour, et à cet âge là la différence compte-t-elle encore ? (et pourtant j'aurai beaucoup à dire sur ces hommes qui à 50 ans se remettent en couple avec une femme de 30 ans ou moins).

Oui nous ne sommes pas toutes Fanny Ardant (longues jambes, lèvres pulpeuses et voix grave envoutante), et ils ne sont pas tous Melvil Poupaud, doux rêveur, sensible, sorti tout droit de conte d'été (Eric Rohmer) d'où il aurait grandi.

Les personnages de femmes sont magnifiques dans ce film; la fille, la petite-fille et l'épouse sont tellement bien dessinées ; en quelques scènes elles sont réelles tout comme les relations qu'elles ont entre elles : attentives, respectueuses et joyeuses. Ça donne tellement envie d'être dans cette lignée-là de femmes que c'en est presque modélisant. (je suis à la recherche de rôle modèle inspirant en ce moment).

Je réalise que le film que j'ai vu dimanche était une histoire similaire, version très jeune : Licorice Pizza
J'avais lu des critiques dans le Guardian et j'attendais sa sortie en France. C'est ça de jouer les malines en lisant le Guardian Weekly. Après il y a l'attente. 

Ca se passe dans les années 70, toute l'insouciance, la liberté et le "tout est possible". 
Une rencontre entre un lycée de 15 ans et une jeune femme de 25 ans qui s'ennuie et se sent nulle. Le film est haut en couleurs des années 70, incroyable dans ce qui s'y passe : les décors, le rythme, les plans rappellent cette époque folle. Ils courent tout le temps (non, ce n'est pas l'homme de Rio), il y a des scènes extraordinaires (les virages des collines de Los Angeles dans un camion en marche arrière). 
Le lycéen de 15 ans est acteur dans une série juvénile, il passe son temps à monter des entreprises qui marchent, elle suit, comme associée et aussi parce que elle, elle a son permis de conduire, elle a l'étoffe d'un héros sans s'en rendre compte.
Elle c'est Alana Haim (du groupe du même nom : ça s'écoute aussi) et lui c'est Cooper Hoffman, (fils de).

Bonheur des rencontres on y croise Bradley Cooper pas sous son meilleur jour, Sean Pen qui vieillit bien et Tom Waits qui lui ne vieillit plus et semble aussi dingue que dans ses chansons. 
Là encore, la relation se tisse, prend des tours et des détours, se solidifie, et on aimerait être dans leur bande, même si on n'a plus du tout l'âge. Et chez moi quand j'avaas cet âge, c'était loin d'être aussi insouciant.

Nous ne sommes pas toutes Fanny Ardant (du moins pas moi), ni Alana Haim, mais nous sommes toutes et tous capables de relation, d'abandon quel que soit notre âge, et d'attention aux autres.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Je te souhaite

Borne, une lumière pour nous guider Je te souhaite un ciel étoilé à contempler, une remise en ordre dans les constellations,     -  Aldeberan, Betelgeuse et Antarès sont mieux rangées      que dans ta bibliothèque, des contes qui organisent le bordel laissé  par des héros destructeurs qui se prennent pour des mythes. Je te souhaite  des promenades dans les pas d'autres que toi  de croiser les trajectoires de ceux qui habitent là,  de les deviner sans les voir -  eux ne te louperont pas -  apercevoir leurs empreintes, imaginer leurs chemins sont déjà un luxe Je te souhaite  d'entendre  la couche craquelée qui scintille de t'enfoncer dans le velours de la neige tout juste tombée de te couler dans le crissement de sa rondeur  quand tu avances. Je te souhaite une montée entre chien et loup une arrivée à la nuit un dernier regard aux couleurs qui se couchent la chaleur du refuge après l'effort. Je te souhaite  de...

Petites aberrations et grands agacements

C'est l'automne à Cachan  Il y en a en ce moment une conférence à Pusan en Corée, celle du comité intergouvernemental de négociation sur le traité plastique. Intergouvernemental. C'est bien nommé comme ça. Ce qui signfiie que la négociation concerne les gouvernements.  Ils négocient entre eux tout ce qui concerne le plastique (de sa fabrication à son recyclage), cette année on y parle de sa production notamment pour la réduire. En tout cas c'était le but de la négociation : réduire la production plastique. L'Europe a envoyé 191 personnes par la représenter ainsi que ses pays membres.  Les chercheurs et scientifiques sont environ 70, donc des ecotoxicologistes qui démontrent tous les jours les dangers du plastique sur la santé. Les lobbyistes de l'industrie pétrochimique sont eux 220, de toutes les entreprises concernées : du pétrolier TotalEnergies, au chimiste Arkema pour ceux qu'on connait bien en France. Ils représentent sans nul doute le septième contine...

Le chouchou ultime, le roi-dieu (#portraits cambodgiens)

prise en 2008, quand l'étage du Bayon était accessible C'est mon chouchou. Il l'a toujours été. Il est beau, il est grand, il est bouddhiste, il est visionnaire. Je le vois tous les jours. Et avantage ultime, il est mort depuis plusieurs siècles.  Ça commence il y a quinze ans, avec la découverte du Bayon - même s'il faut le reconnaitre mettre sa tête sur les quatre côtés des 54 tours de son temple montagne a quelque chose de narcissique et mégalomane. Il n'empêche, le Brayon avait déja eu son effet sur moi en 2008, la première fois. Plus qu'Angkor Vat (la grandiloquence), plus que Phnom Kulen (la victoire de la forêt), plus que le Kumbh Melea (le plus sauvage). Jayavarman VII est réellement mon idole. Il trône en photo grand format dans ma salle à manger. Le beau, le grand, le bouddhiste, le visionnaire. Il est connu pour être un grand roi bâtisseur khmer, mais dans les faits il est bien plus que ça.  Comme Alienor (d'Aquitaine, parfois je me passionne pou...