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Articles

Affichage des articles du novembre, 2021

N'ont-ils rien à faire d'autre?

Collage  - Acceptée (sans point médian) Le petit Robert dans sa nouvelle édition a ajouté le pronom iel (que mon correcteur d'orthographe ne prend pas). Et les politiques s'en sont mêlé. Chacun avec sa petite phrase, souvent assassine et même Brigitte Macron a trouvé quelque chose à dire. Je n'aime pas tirer sur les femmes,   "Mais, là Poulette, tu aurais mieux fait de te taire. Tu a été un jour prof de français, c'était il y a bien longtemps, la langue évolue avec la société, pas toi apparemment".  Elle a le droit d'avoir un avis, elle le garde pour elle. Personne ne l'oblige à utiliser le pronom iel. Il existe, il est utilisé, mais pas par elle. Et Blanquer (notre génial ministre de l'éducation) s'est cru aussi obligé de participer :  "l'écriture inclusive n'est pas l'avenir de la langue française" "Toi, non plus, Coco, pour notre bien à tous".  Et il ne s'est pas arrêté là : "en français, le neutre e...

In the mood for poetry #2 (Louise Labbé)

Où il fait bon lire Un poème de  Louise Labbé pour féter son entrée dans la bibliothèque de La Pléiade.  Peu d'élues dans la prestigieuse collection  - que je ne lis pas : je n'aime ni l'odeur du cuir, ni la papier Bible (ou cigarette pour les prolo non catho). 3 femmes dans la lettre A, et 2 autres à la lettre L pour tenir compagnie à Louise.  Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie J'ai chaud extreme en endurant froidure ; La vie m'est et trop molle et trop dure ; J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout à coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis quand je crois etre certaine Et etre au haut de mon désiré heur Il me remet en mon premier malheur. Dans Lire Magazine littéraire , un article est consacré à "la grande poétesse" désormais dans la biblioth...

Les passions de Paul B. Préciado

Collage  - carte et territoire J’ai connu dans ma vie quatre types de passion amoureuse. Celle que suscite un humain, celle que provoque un animal, celle qui est générée par une fabrication historique de l’esprit (livre, œuvre d’art, musique et même institution) et celle que déclenche une ville. Je suis tombé amoureux d’une poignée d’humains, de cinq animaux, d’une centaine de livres et d’oeuvres, d’un musée et de trois villes. Un appartement sur Uranus  - Paul B. Préciado Et  moi  de lui. Et je le classerai à la fois en tant qu'humain, d'oeuvre et de ville car il est à lui  seul  un  nouveau  territoire. Je dis "il", sans savoir comment lui se  nommerait  autrement que Paul B.  B pour Beatriz.  C'est un homme transgenre, ses écrits ne sont ni homme, ni femme, ni  neutre. Ils sont sur un territoire en transit. Un no man's land que nous ne connaissons pas, un nom man's land engagé, révolutionnaire dans son approche de ...

Conversations avec mes garçons

Georgia O'Keefe (encore!) Je ne sais pas si j’élève des garçons féministes - d’ailleurs l’expression est bizarre, presque un oxymore.  Je reviendrais plus tard sur le fait que le mot n’est pas le bon. Féminisme,  c e n’est définitivement pas le bon mot. Le féminisme ne parle que des femmes. Or ce n’est pas un sujet (ou une lutte, un combat, une bataille bref ce que vous voulez) qui ne concerne que les femmes.  C’est un sujet de notre société. C’est ce que je rabâche (le mot est faible) à mes garçons, et à ma fille aussi. Elle est plus facilement convaincue, elle voit bien de quoi je parle. Et surtout elle ne se sent ni coupable, ni accusée. Eux oui. Ils connaissent bien les chiffres, sur les violences faites aux femmes, sur les violences faites aux enfants, sur le coût de la virilité. Ils savent que ce sont des hommes. Ils m’entendent râler, pester, m’insurger. Ils voient bien que j’oscille entre la colère et le désespoir. Ils comprennent que malgré moi je suis touchée, q...

People, again pour Sally Rooney dans Beautiful world, where are you?

And what are your books are about? Oh, I don't know, she said. People. That's a big vague. What kind of people do you write about, people like you? Beautiful world, where are you est d'abord un poème de Friedrich Schiller, un allemand de la deuxième moitié du 18è siècle. Et c'est aussi le dernier roman de Sally Roney.  Pure joie. Comme les précédents, le livre est centré presque exclusivement sur quatre personnages. Et nous sommes avec eux, dans la même pièce quand ils discutent (du monde, des politique, des relations), à la table d'à côté quand ils sont au pub, derrière eux quand ils se promènent, au dessus de leur épaule quand ils lisent leur courrier. Ils ont trentenaires, ils se cherchent encore, ils sont lucides, explicites dans leurs vécus et directs dans leur relations. Sally Rooney écrit des dialogues fabuleux, si réels qu'on aimerait s'attitrer toutes les phrases et pourtant rien dans la typographie ne nous dit que ce sont des dialogues. Il n'y...

Georgia et Emily

Georgia O' Keffe Je me cache - dans ma fleur Pour, me faner dans ton Urne - T'inspirer - à ton insu - un sentiment - De quasi - solitude Emily Dickinson Georgia O'Keeeffe par A. Stiegliz Au Jeu de Paume, parmi les chefs d'oeuvre du Moma, je suis de nouveau tombée sur Georgia prise en photo par Stieglitz.  L'ombre sur son sein , c'est moi avec mon pull orange. A. Stiegliz Et une photo de lui, prise de la galerie 291 où il a monté la première explosion de Georgia O' Keeffe. Une fleur est relativement petite. Chacun associe une quantité de choses à une fleur -  à l'idée de fleurs. Vous tendez la main pour toucher une fleur - vous vous penchez pour la sentir - peut être pour effleurer des lèvres sans y penser - ou vous l'offrez à quelqu'un pour lui faire plaisir. Cependant d'une certaine faon, personne ne soit une fleur - vraiment - elle est tellement petite - nous n'avons pas le temps - et voir prend du temps, comme d'avoir un ami prend ...

La dernière aventure, puis la suite

lui, qui ne vieillit pas Je l’aime depuis que j’ai douze ans. A une année ou deux près. Une véritable passion. Pas l’amourette adolescente. Le truc qui dure, qu’on oublie et qui se ravive régulièrement, à chaque fois aussi intense. A chaque fois renouvelé. Parfois, c’est lui qui revient.  Parfois, c’est moi qui y retourne. Un amour fort, jamais déçu.  Et là, c’est annoncé, c’est la dernière aventure. Celle qui rassemble les épisodes précédents. Celle qui rappelle tous les souvenirs. Et qui donne envie de tout revivre. Depuis le début. Sauf que moi j’ai vieilli. Pas lui. Lui c’est Jonathan. De la série du même nom. De Cosey. De l’auteur au protagoniste on ne sait pas lequel est lequel. Et si dans sa lettre, Cosey nous décrit son ami Jonathan quand ils avaient vingt ans, le doute subsiste. D’ailleurs ce n’est pas important. Jonathan existe bien dans les 17 albums publiés entre 1975 et 2021. Et ses semblables dans les autres albums de Cosey (trop peu nombreux à mon goût).  D...