Accéder au contenu principal

Une année sans - #14


3 mois. 14 livres. Tous écrits par des femmes. Des romans, des essais, des récits, un polar. Sur tablette, en papier. C'est l'année sans les auteurs. Que des autrices dans mes lectures. J'ai exclu les BD, j'en lis peu et surtout des trucs de femmes (parce qu'elles sont drôles, ou graves, ou les deux). Et que Cosey ne publie plus.

C'est pas si difficile en fait. La première semaine m'a faite hésiter, quand dans la libraire de Villars de Lans, j'ai pris sur la table du présentoir, 2 romans qui me donnaient envie d'après leur quatrième de couverture. Et que j'ai du laisser à leur sort (c'est à dire qu'ils ne croiseraient pas le mien) car hors critères. Depuis ça ne m'arrive plus. Mon regard glisse. Parfois le prénom ne dit rien du genre de l'auteur, je lis la 4ème, je cherche une photo, et le repose si ça ne va pas. Même pas tentée. Sevrage réalisé.  

Je prends conscience que mon éditeur préféré - Gallmeister - avait peu d'autrices dans les nouveautés de de ce début d'année. Conséquence collatérale de mon choix, ils auront moins de dépense de ma part cette année. Too bad. 

Est-ce que j'aurai lu celui ça sans mes critères? Je ne sais. Probablement oui. Conseillée non pas par Lire Magazine Littéraire, mais par une activiste féminine. Ce n'est pas un roman féministe. C'est surtout l'histoire d'une addiction à un homme, à une relation plutôt.

C'est un premier roman, d'une journaliste. Ecriture dynamique, tonique avec des associations d'idées et de rebonds dont je pourrais jalouse si je ne les adorais pas et me marrais pas à chaque lecture.

"J'ai passé un certain temps de notre vie commune à lui décrire le bourdon monstre que me procurent les courtes vacances dans les villes européennes. Je me méfie du revêtement intérieur en plastique des avions. De la structure psychique du pilote. Des variations du moteur. Je hais déplacer certaines affaires pour si peu de temps, l''exhaustivité des guides, les transports en commun étrangers. (...).

Ce n'est pas qu'une histoire de goût. Le week-end européen déclenche aussi des symptômes d'anxiété. Dès le démarrage du taxi, j'ai la sensation d'être un point lumineux qui avance su une carte. Je suis submergée par des images dépressives qui ressemblent beaucoup à celles de mon symptôme prémenstruel. Trois jours avant mes règles, j'ai l'impression, quand je me déplace, d'être une fourmi de taille moyenne."

C'est une histoire qui prend aux tripes, cette addiction qu'elle a pour ce gars, qui est son amant quelques temps. Lui a surtout un ego immense, il aime qu'on l'aime. Vue d'ici, la relation est toxique, à sens unique. Une relation au frontière de la folie et de l'emprise, de celle une relation qu'on peut avoir adolescent quand on pense que c'est si intense qu'on pourrait s'y engloutir corps et âme et qu'on ne parle que de ça.  Une relation de celle où moins tu en fais, plus tu attaches l'autre. De celle où l'idée de la relation est plus importante que la relation. On n'en parle plus qu'on ne la pratique. 

Elle en parle divinement bien, elle se rend compte  - sa psy le lui dit - qu'elle touche les limites de la volonté : vouloir ne suffit pas à faire. Ca finit comme ça commence, drôlissime. Positif, enthousiaste et fantasque. 

Il a dit "maintenant que j'ai ce projet à terminer, je n'ai plus de temps pour t'aimer". Et "Sauve ton cul."

Je peux lui faire un reproche, toutes ces citations, toutes ces références sont masculines. Que ce soit ses auteurs de prédilection ou les personnages de fiction qu'elle évoque : que des hommes (à l'exception de Iris Murdoch).

C'est le #14.

  
De ma liste de lecture débutée fin décembre, une année sans les hommes comme auteurs que je lirai.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Je te souhaite

Borne, une lumière pour nous guider Je te souhaite un ciel étoilé à contempler, une remise en ordre dans les constellations,     -  Aldeberan, Betelgeuse et Antarès sont mieux rangées      que dans ta bibliothèque, des contes qui organisent le bordel laissé  par des héros destructeurs qui se prennent pour des mythes. Je te souhaite  des promenades dans les pas d'autres que toi  de croiser les trajectoires de ceux qui habitent là,  de les deviner sans les voir -  eux ne te louperont pas -  apercevoir leurs empreintes, imaginer leurs chemins sont déjà un luxe Je te souhaite  d'entendre  la couche craquelée qui scintille de t'enfoncer dans le velours de la neige tout juste tombée de te couler dans le crissement de sa rondeur  quand tu avances. Je te souhaite une montée entre chien et loup une arrivée à la nuit un dernier regard aux couleurs qui se couchent la chaleur du refuge après l'effort. Je te souhaite  de...

Désintoxication

Ce qui déborde Plus d'un mois. presque deux. Un mois et vingt jours exactement. Pour l'instant, je tiens.  Un jour après l'autre. Je ne crois pas avoir passé aussi longtemps sans. Cinquante et un jours que je n'ai pas mis les pieds dans une librairie. Je me rappelle bien la date, parce que j'ai un mail de la libraire, ils se sont trompés dans le décompte, j'ai payé un livre en double et ils me font un avoir.  C'était des cadeaux. Il y a fait juste un seul livre pour moi, deux tout au plus.  Je suis presque tentée d'essayer un an sans librairie. Un an sans acheter de livre. Je lirais tous ceux que j'ai en stock. Je relirais tous ceux que j'ai aimés de mes étagères. J'ouvrirai enfin tous ceux qu'on m'a offert et que je n'ai pas touchés.  Et s'il le faut, je reprendrai un abonnement à la bibliothèque. Ou alors j'y retourne après épuisement des stocks. J'hésite encore. Je ne sais pas bien à quoi rime cette nouvelle idée. O...

Vivre en poésie

Dîner à l'arbre vagabond Il y a un an à cette époque de l'année, je recevais une carte postale avec quelques lignes de Ito Naga, que je ne connaissais pas. je me suis émue de sa poésie. Comment aurais-je pu faire autrement ?  D'autres que moi ont tissé des liens entre Ito Naga (j'adore la sonorité de ce nom), les Editions du Cheyne, une implantation géographique, un festival de lecture et des gens que j'aime... ou devrais-je dire : ont lancé leur filet et m'ont (forcement) attrapée?  je sens n'est pas je sais  je sens décrit l'autre moitié du monde  Ito Naga- Je sens Je ne pouvais pas ne pas y aller.  Je ne pouvais pas ne pas aller là où se mêlent amitié, poésie, librairie et... cerise sur le gâteau :  montagne. Je suis assez facilement cernable. Une proie facile. Laissez-moi dans une librairie j'y passe du temps. Laissez-moi dans une libraire dédiée à la poésie j'y reste longtemps.  Laissez-moi dans le coin poésie d'une librairie à dîner ave...