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Edi Dubien |
J'ai toujours aimé les passages, les saisons la rivière, c'est comme une transition positive. Le garçon pleure de tristesse, il en nait des merveilles qui font renaître le vivant. C'est une résilience, une transformation, une façon pour moi de mettre la lumière sur le fragile et de faire de la fragilité une forceEdi Dubien
J'ai failli passer à côté.
Il s'en est fallu de peu que je n'y aille pas.
Il s'en est fallu de peu que je n'y aille pas.
Ça s'est joué serré.
Entre moi et mes biais de confirmation.
J'avais vu passer des oeuvres de cette personne, une exposition au Musée de la Chasse et de la Nature.
Déja le Musée de la Chasse. Rien que le nom. Ne pas s'y fier, il y a régulièrement des expositions étonnantes, décalées comme celle avec Sophie Calle (je n'y étais pas allée, j'en avais entendu parler). Une programmation pas inintéressante, au milieu des animaux empaillés (taxidermie, le mot ad hoc), des trophées en tout genre (il y a une salle dédiée), des vitrines avec des fusils de chasse d'époque et des focus sur des animaux plus ou moins mythiques (le cerf, le loup). Rien a priori qui m'attire.
Une oeuvre vue sur les réseaux sociaux, un nom qui sonne comme celui d'un homme. L'oeuvre m'interpelle, m'attire un peu je dois le reconnaitre, mais je ne vais tout d même pas aller au Musée de la Chasse voir une exposition d'un homme blanc. Déjà trop de temps passé à célébrer ces messieurs.
Heureusement, ces œuvres me sont revenues sous les yeux. Au delà de la curiosité, de l'émotion, une envie de creuser. Au diable mes principes, je vais tout de même pas passer à côté d'un truc qui pourrait me plaire sous prétexte que c'est un homme? (mmmh, une partie de moi pourrait répondre oui à cette question en me retorquant qu'il y en a au moins autant créé par des femmes, et mon attention et mon temps sont limitées, choisir où les investir).
Un samedi, j'ai trainé l'iMari qui n'avait pas non plus entendu parlé de l'artiste (mais où donc as tu entendu parlé de cette expo?) ni n'était jamais allé au Musée de la Chasse.
Heureusement.
Heureusement que j'ai bravé mes biais de confirmation.
Les oeuvres sont attachantes, bouleversantes par les émotions qu'elles retranscrivent, belles en elles-mêmes, étonnantes ce lien humain-non humain (que ce soit faune et flore) et très authentiques dans cette relation naïve et simple, pure et directe qu'une personne peut avoir avec son environnement. Il y a quelque chose d'originel, de touchant, d'insouciant qui revigore.
Ce n'est pas une critique du monde moderne, ou du recul du vivant. C'est tout le contraire, c'est une ode au vivant, à la relation qu'il est possible d'entretenir, de redécouvrir, de developper.
Des dessins, des peintures (aquarelles), des sculptures, des installations sur des objets du musée, une galerie de portraits d'animaux ... partout dans le musée. Un régal pour les yeux, une découverte pour le coeur, l'artiste est rentré dans la catégorie de mes inconditionnels comme Sali Gaborit (expo vue 3 fois à l'époque), Fabienne Verdier (je suis capable d'aller à Colmar pour voir ses tableaux), Françoise Petrovitch (j'arpente ses galeristes pour le plaisir de voir ses nouveautés et dans l'espoir- toujours déçu - de quelque chose d'abordable).
L'artiste s'appelle Edi Dubien. C'est une personne transgenre de 62 ans.
Un artiste qui vient à la scène artistique sur le tard : depuis 2017, qui est représenté par une galerie depuis moins de dix ans. Il raconte que c'est après sa transition en 2014 (il a alors 50 ans) qu'il s'est senti libre d'exister et qu'il s'est mis à beaucoup dessiné. Je lui en sais gré.
L'exposition s'intitule S'éclairer sans fin.
S'éclairer sans fin, c'est ce que j'ai toujours chercher à faire . Éclairer, m'éclairer. C'est une manière d'aller vers l'autre, vers soi. De faire briller les choses.
Evidemment je ne me suis pas arrêtée au Musée. Je suis passé à la galerie un samedi, les oeuvres exposées n'avait rien à voir. Semaine suivante il y avait Art Paris, 30€ l'entrée que je n'vais pas du tout envie de payer, même pour voir des belles choses. J'ai sollicité une galerie avec qui j'avais été en contact, j'ai eu des entrées (VIP de surcroit sans que je sache exactement en quoi ça consisté si ce n'est une entrée sur le côté du Grand Palais). Je suis allée direct à la galerie qui représente Edi Dubien, y voir quelques oeuvres, pas les plus émouvantes.
J'ai du prendre mon courage à deux mains pour aborder les deux (vieux) gars qui papotaient entre eux pour leur demander un catalogue. Le mec m'a poussé le livre de l'exposition du Musée de la Chasse nonchalamment. J'ai deja ça, j'ai dit, avez vous les prix des oeuvres ? et d'autres que celles exposées?
Il a enfin daigné se lever, me faire passer derrière le stand me montrer ce qu'il avait en reserve. C'est comme ça que j'ai acheté un dessin grand format d'Edi Dubien.
J'ai aussi appris aussi que je pouvais lui envoyer une photo des oeuvres de l'expo du Musée de la Chasse, qu'elles étaient à vendre. Je pourrais refaire toute l'expo chez moi !
L'oeuvre n'est pas encore à la maison, elle est y attendue.
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