Mary Ellen Mark @rencontres de la photographie |
Une récurrence sur la gémellité pendant mon été.
Deux livres magnifiques où les héroïnes sont des jumelles, rousses dans les deux cas.
C'est un pur hasard. Je choisis mes lectures en fonction des autrices, pas encore selon la couleur des cheveux des héroïnes. Je crois qu'avec un tel critère, je risquerai de perdre du monde, déja que mon prisme de ne lire (presque) que des femmes n'est pas compris par tous (essentiellement ces messieurs, ce qui n'est pas difficile à interpréter d'ailleurs).
Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy se déroule en Ecosse dans les Highlands où est menée un expérience de re-introduction des loups dans l'écosystème. C'est un roman, je ne sais pas si une telle expérience est réelle (Internet est mon ami et me dit qu'effectivement une expérience a été lancée en 2015), elle est largement inspirée de ce qui s'est fait à Yellowstone. La réintroduction des loups a régulé la population des cervidés (tous), et une végétation plus diversifiée a repoussé. C'est la version rapide de ce que je connais de Yellowstone. Le roman n'est pas le récit de l'expérience (il faudrait lire les rapports de European Wilderness Society pour ça, je n'en suis pas encore là), c'est le récit de la confrontation avec la violence, celle des hommes sur les femmes, les traces que ça laisse, l'impact sur leur vie, la violence qu'on peut exercer sur l'environnent sur les bêtes, la violence de ne pas se parler. Le roman est tout en finesse, tout en dévoilement, par touche de lumière, de vie, de confrontation des peurs. Il raconte la puissance de ce qui la gémellité unit : l'attachement, l'amour, la confiance, l'abnégation, le pardon ...jusqu'à la différenciation qui au final le sauve.
C'est ce que exactement ce que racontent les jumeaux et jumelles dans le film Twins de Mary Ellen Mark (produit par Martin Bell, son partenaire de vie) et présenté aux Rencontres de la Photographie d'Arles. Ils et elles parlent d'un lien unique, plus fort et étroit que tous les autres y compris celui avec son conjoint·e. Ce n'est pas même plus un lien, c'est une part d'eux-même qui est dans un autre corps identique aux leurs, autonomes physiquement mais ni psychiquement ou ni émotionnellement, d'où l'attachement "à la vie à la mort" qui semble les unir.
Je ne connais rien ce ce type de relation, mon expérience de soeur (aînée de surcroit) n'a rien à voir. J'ai peu de jumeaux autour de moi, et dans les faits je n'en fréquente qu'un seul des deux, je n'ai que rarement rencontré l'autre. Et même si je suis curieuse, je me suis peu aventurée à une investigation en règle.
Le dernier roman de Tiffany McDaniels Du côté sauvage est aussi une histoire de soeurs jumelles. Tiffany McDaniels est l'autrice de Betty, pas facile mais avec une note d'espérance ; L'été où tout a fondu, plus facile mais sans beaucoup d'espérance.
Celui-la rassemble tout : pas facile voire très difficile selon les passages, pas d'espérance c'est à dire pas du tout, et aucune lueur.
Brut, brutal, abrupt.
J'y ai cru jusqu'au bout.
J'ai lu, et oublié chaque indice distillé tout au long des chapitres.
J'ai relu certains passages pour m'assurer de ne pas m'être trompée.
J'ai cherché entre les lignes en me disant "ce n'est pas possible", je n'y ai rien trouvé que la noirceur.
J'ai encouragé l'héroïne comme rarement dans un roman.
Rien n'a changé. Aucun espoir, aucune lueur.
Le lien qu'ont les jumelles est ce qui les maintient en vie pour mieux les tuer ensuite. C'est toute la signification de ces témoignages entendus chez Mary Ellen Mark "un part de moi est chez ma jumelle, et vice versa". C'est l'histoire de ce "à la vie, à la mort" et de ce dont on ne se sépare pas qui nous tue.
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