sous le sapin |
C'est de la bonne littérature, ça ne se discute pas. C'est bien écrit, même mon niveau d'anglais me permet de dire ça. L'histoire nous prend, nous emmène, nous implique dans cette famille.
Je viens de finir le dernier Jonathan Franzen, vous savez l'écrivain qui écrit trop peu, mais des pavés à chaque fois, avec des allers-retours dans le temps, dans les lieux, dans les liens, entre les personnages. Il est bien, je ne l'ai pas lâché. C'est un bon cru.
Et pourtant, j'ai un goût d'insatisfaction, une attente, un truc qui me gratte. Pas de héros dans ce livre, s'ils sont tout attachants, aucun n'est parfait, les personnes sont humaines avec leurs faiblesses, leur excentricité, leur façon de voir les choses parfois très autocentrée. Le livre commence en 1971, à Noel et les événements se suivent sur quelques années au fil des fêtes religieuses : on est dans une famille de pasteur.
Le père est pasteur, rêve de tromper sa femme ; la mère est dévouée à son mari et ses enfants, puis elle décroche ; le fils ainé est moraliste et aime sa soeur ; la soeur est la vedette de son école et finit comme toutes les filles très populaires ; le fils cadet est trop intéressé par les drogues. Les chapitres se dévorent, ils se placent du point vue d'un des personnages puis die l'un autre. Il y a l'ambiguïté des liens dans les familles, ce mélange d'amour, d'intérêt, d'habitude et de morale. Il y a le portrait de ces gens qui ne se libèrent pas tout à fait, mais finissent par y arriver, et sublimer ce qui leur arrive. Il y a ce rapport à la sexualité si compliqué pour les Américains (et pourtant là, la mère est explicite).
Et il y a Dieu. C'est ça qui me gratte. Il y a Dieu tout le long, chacun y va de son rapport à la foi, à quel moment il rencontre Dieu, sa foi, son oeuvre. Avec une vraie dévotion, un véritable partage d'expérience presque de la surenchère. Ce qui me gène reste que leur choix de vie sont conditionnés par leur rapport avec Dieu, les promesses qu'ils font, l'envie qu'ils ont de retrouver Sa présence. Rien dans tout ceci ne me parle. J'aurai aimé qu'ils aient une conscience, des cas de conscience, des dilemmes intérieurs. Intérieurs, pas avec Dieu ou avec le rapport qu'ils ont avec un Dieu que soit celui des catholiques, l'église reformée ou encore une troisième congrégation dont je n'ai pas retenu le nom.
Bref, j'ai aimé le livre, en le dépouillant de Dieu. En grattant cette partie, ça va. Un livre à offrir, ca reste und valeur sûre, malgré Dieu.
Ça me donne envie de relire les corrections (2001) qui doit être quelque part dans ma bibliothèque.
Let me think about it, he said, although he already knew what he would do
Crossroads - Jonathan Franzen
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