vue en Arles cet été - j'ai oublié le nom du photographe |
Il n’existe qu’une façon de lire, et elle consiste à flâner dans les bibliothèques et les librairies à prendre les livres qui vous attirent et ne lire que ceux-là, à les abandonner quand ils vous ennuient, à sauter les passages qui trainent et à ne jamais, jamais rien lire parce qu’on s’y sent obligé ou parce que c’est la mode. Le carnet d'or - Doris Lessing
J'applique à la lettre les conseils donnés dans ce livre. J'ai saut
é les passages qui m'ennuient et finalement j'ai abandonné à la page 599. J'ai vaguement aéré les 400 pages qui suivent, lu une ligne sur deux dans les dernières pages pour m'assurer que je ne manquais pas une partie cruciale.
Mais non. décidément je ne suis pas une bonne féministe, les classiques me font littéralement c***.
Notamment une réplique (je ne me rappelle plus dans quoi) où c'est le gars qui lit le carnet d'or, il est à la bibliothèque, et une fille lui dit "tu lis ce livre pour attirer les filles à la bibliothèque?" ce à quoi il répond "ça me plait, et ça m'aide à comprendre ce qui se passe pour vous".
Et dans Le choeur des femmes de Martin Winckler, la narratrice se dit qu'elle n'aurait jamais du se séparer d'un mec qui lit le carnet d'or juste parce qu'il en a envie.
En fait la fonction du roman semble changer : c’est maintenant un avant poste du journalisme, nous lisons des romans pour nous documenter sur des zones de vie que nous en connaissons pas (…). Nous lisons pour découvrir ce qui se passe. Un roman sur cinq cents ou sur mille possède la qualité qu’un roman devrait posséder pour être un roman : la qualité philosophique. Je découvre que je lis la plupart des romans avec le même genre de curiosité qu un livre documentaire. S’ils sont le moins du monde réussis, la plupart des romans sont originaux en ce sens qu’ils informent sur l’existence d’une partie de la société, d’un type de personnes, qui ne sont pas encore révélées à la conscience générale des lettrés. Le carnet d’or – Doris Lessing
Je suis curieuse, j'ai abordé le carnet d'or avec avidité, contente à l'avance. Ça fait plus de deux semaines que je suis dessus, j'ai lâché l'affaire. Soit je ne suis pas une lettrée et auquel cas la révélation ne marche pas pour moi, soit c'est une information obsolète : la partie de la société sur lequel ce roman doit nous informer n'existe plus.
Simone m'a fait le même effet. La grande Beauvoir m'a tué (sans r) avec le deuxième sexe (livre I). A la page 198, je suis restée coincée, le marque page y est encore et pour longtemps certainement. Des pages et des pages sur les points de vue pris sur la femme dans la biologie (toutes les espèces ou presque y passent), la psychanalyse (j'ai toujours eu du mal avec une doctrine qui postule que tout repose sur l'envie de penis) et le matérialisme historique (concept plus difficile, il me manque des références en philo et en histoire).
Je comprends la démonstration, chapitre après chapitre...
L’asservissement de la femme à l’espèce, , les limites de ses capacités individuelles sont des faits d’une extrême importance ; le corps de la femme est un des élements essentiels de la situation qu’elle occupe en ce monde. Mais ce n’est pas non plus lui qui suffit à la définir : il n’a de réalité vécue qu’en tant que qu’assumé par la conscience à travers des actions et au sein d’une société. La biologie ne suffit pas à fournir une réponse à la question qui nous préoccupe : pourquoi la femme est elle l’Autre ?
... mais je m'ennuie à la lire de bout en bout. Bien que reprenant le livre pour voir les passages que j'ai surlignés, je les trouve puissants, peut-être trop pour le moment où je les lis c'est à dire la matin au petit déjeuner le temps de vider ma théière.
Je suis une mauvaise féministe à renier les classiques, trop fine bouche.
Ou tout simplement pas assez intello-femininste aux petites heures du matin?
Tant pis, je commence Cher Connard de Virginie Despentes.
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