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Biais de genre (#a teacher)

Ici c'est l'Automne

Je regarde des séries, beaucoup, souvent comme un bruit de fond le soir dans mon lit, comme on peut mettre de la musique ou la radio. Et puis il en a que je regarde vraiment par ce d'un coup elles me font lever le nez de mon livre, elles apportent un renouveau dans le paysage (normal people, foodie love), elles sont esthétiquement au dessus de la moyenne (Peaky Blinders), drôles (10 pour cent), flippantes (the handmaid's tale) historiques (the English game). 

"A teacher" c'est ça. J'ai levé le nez en regardant cet objet non identifié. Et même après avoir un peu lu des critiques et écouter des podcast, l'objet n'est pas plus identifié.

L'intrigue est simple : une professeur d'anglais dans un lycée a démarre et entretient une relation avec un de ses élèves. Au debut de la relation il a 17 ans. Un jour, elle en parle à une collègue, qui la dénonce et c'est le scandale public, elle reconnaît les faits, et c'est la prison pour elle. On voit leur vie perturbée, chacun de son côté. On les retrouve 10 ans après, cet événement a été un tournant,  un truc ineffaçable qui les affecte à vie et les séparent en se haïssant presque.

Je n'ai toujours pas compris le positionnement, la morale, l'enseignement, le message ... ce qu'a voulu dire la réalisatrice, qui est aussi l'autrice du roman. Je suis toujours autant dérangée du début à la fin, le point de vue change au cours de la série sans qu'on sy attende ce qui accentue le déséquilibre. Du moins le mien.

Dans les articles et les messages portés par la réalisatrice et par les acteurs dans les médias, ils mettent en avant la prévention pour dénoncer l'abus d'autorité de la professeur sur son élève. Ce n'est clairement pas ce qui ressort dans les premiers épisodes. C'est de la romance, c'est de l'attirance, tout est fait pour nous raconter une histoire d'amour peu conventionnelle, gênée par le puritanisme américain. Et d'ailleurs on pense qu'ils vont s'en sortir. 

Il a 18 ans dans l'année, le problème persiste : la relation est interdite. Relation d'autorité. Elle est heureuse, elle veut le partager, le raconte à une collègue qui n'a d'autre choix que de la dénoncer.

J'ai du mal avec l'interdiction de la relation sous couvert d'autorité ou de hiérarchie, même si intellectuellement je comprends. Et là il se conjugue avec la limite d'âge du lycéen qui devient majeur. 

J'ai fait une petite recherche sur ce qui se passe en France. La loi n'interdit pas les relations entre professeurs et élèves si l'élève est majeur. D'ailleurs, sur certains forums, le nombre de ce qui semble être des professeurs qui se posent la question est troublante. L'Education Nationale ne donne pas de statistiques sur le sujet, il y a des procès dont on entend parlé dans la presse. Le résultat est en général en défaveur du professeur évidemment.

Des psy interrogées sur le sujet expliquent clairement que l'élève quelque soit son âge est valorisé par le professeur qui s'intéresse à sa personne  : le jeune se prend pour un adulte. Dans la série, l'élève dit souvent "I am a man". C'est la maîtresse qui fait l'homme. 

Coté "adulte, les professeurs qui s'engagent dans ce genre de relation sont souvent immatures" disent-elles, et se prennent encore pour des adolescents. Personne n'est à sa place.

Je suis vexée car je n'ai pas vu dès le début l'abus d'autorité, donc l'emprise. J'y ai cru. J'y ai d'autant cru qu'il devient majeur, qu'il est très autonome et responsable (oui mais du coup plus vulnérable?). Je ne comprends pas qu'il ne s'en sorte pas. Une fois qu'il a compris qu'il n'est pas responsable de son emprisonnement à elle, si la société était moins puritaine, est ce que ce serait plus facile ?

Je m'explique : ce n'est pas un enfant, à 17 ou 18 ans, il est possible d'avoir des relations sexuelles consenties. Ce n'est pas sa mère, sa grand-mère, sa soeur ou quelqu'un qui a une autorité parentale. C'est juste sa professeur. Son autorité a elle s'arrête une fois qu'il a fini l'école. 

Et c'est surement là où je sous-estime l'abus d'autorité. Et les traces que ça laisse chez lui. C'est surement ça qu'on appelle l'emprise. Et la limite du consentement, même chez une personne majeure.

La série n'est probablement pas faite dans une visée pédagogique pour comprendre cette dynamique, elle donne les règles, le non respect, les impacts. Caricaturale, parcellaire et partiale en ne donnant que les points de vue de l'une et de l'autre. On ne connait pas le point de vue de sa mère à lui, de son mari à elle, de la collègue...

Elle a le mérite de m'avoir fait réfléchir et décortiquer ce qui s'y passe. Le fait d'avoir mis une femme dans la position de l'abuseur ne m'a pas aidé. Je me dois admettre mon biais de genre : je crois que 'j'aurai pus facilement et rapidement reconnu le déséquilibre avec un professeur homme et une jeune lycéenne, ou un jeune lycéen. 

Comme quoi les stéréotypes de genre, ça se travaille dans les deux sens.

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