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Mai, un mélange qui me plait

En mai, j'ai lu ce qu'il me plaisait - comme hab' me direz-vous, oui mais encore plus en ce joli mois de mai  : c'était "avant l'été" de Claudy Gallay  et les deux romans de Sally Rooney.

Puis Connexion  (#28) de Kae Tempest - une personne non binaire, ex femme. C'est une année sans lire d'hommes, il est donc possible de lire des écrivains non binaires, et des écrivains trans, y compris des hommes trans. On ne peut pas dire qu'ils font partie de la caste des dominants. Ce n'est pas un roman, c'est une réflexion sur la créativité et le lien qu'on a et qu'on entretient avec le monde, avec les autres avec soi. Ce n'est pas une intello au sens académique du terme,  c'est quelqu'un qui  réfléchit, qui lit, qui vit et qui tire de ses expériences une compréhension du monde qui l'entoure et qu'elle partage ("elle": remplace ici la personne). Elle fait du slam, le mot est incorrect en français, "spoken word" en anglais, qui est un mélange poésie, lue en public, vécue, transcendée, partagée en public comme elle le raconte très bien dans son bouquin. Curieuse, je l'ai aussi écoutée ici


Ce phénomène appelé "contagion thermique", démontre que la physiologie occupe une fonction déterminante dans le cadre social : voir une personne à laquelle rien ne nous lie subir une expérience désagréable ou un choc déclenche en nous une réponse physique ; mon corps se refroidit quand je vois que tu  as froid. ce réflexe facilite la compréhension émotionnelle et la cohésion sociale.

Le berceau de dominations de Dorothé Dussy. Je ne sais pas si je le conseille, il est vraiment dur à digérer


. C'est le live indispensable dès lors qu'on veut comprendre l'inceste, et les violences sexuelles intra familiales. C'est l'éclairage sociologique, qui regarde la réalité et pas la théorie. C'est l'impensé de Claude Levy Strauss et de son tabou de l'inceste. Ce n'est pas l'inceste qui est tabou dans notre société, c'est d'en parler. Elle est allée à la rencontre d'hommes en prison pour violences sexuelles sur des mineurs de leur famille. Elle a mené  comme toute bonne sociologue des entretiens, croisé des chiffres, des études et elle nous explique tout ça, comment se construit cette mécanique. Le livre se lit dès bien, écrit simplement, en langage courant, avec humour parfois. L'inceste reste une réalité difficile, et quand je le lisais, je me suis rendue compte à un moment que je n'allais pas bien. On ne regarde plus le monde avec les même yeux ensuite. Dans une classe de CM2, sur 30 élèves il y en a 3 qui sont victimes. Après vous comptez : dans la classe de mon dernier, on en connaissait une, son papa était en prison pour ça, qui sont les deux autres? Et dans votre classe de CM2 à vous, vous les avez identifiés? Et dans la soirée de copains, parmi les12 gamins, il y en un... C'est une boucle infernale. Il est aussi possible d'écouter Dorothée Dussy dans la série Ou peut-être une nuit, ou dans les deux épisodes des Couilles du la table 
Qu'on se le dise, la pratique de l'inceste - dans sa forme ultramajoritaire, c'est à dire l'usage d'un petit de la famille comme objet sexuel - est une spécificité humaine.


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