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Moisson d'avril

Ma balade de midi

Les lectures d'avril étaient comme la météo, variées, diverses, des grands hauts, un bien bas, du très décalé et du plus classique. Toutes parlent de notre monde, celui dans lequel on vit avec toutes ses nuances, et notre façon unique de l'aborder : en se prenant pour un cosmonaute, en étant saoul, sans attache ou en cherchant d'autres, en secret comme une agente ...

Love me tender  -  Constance Debré. Cette femme est une énigme qui me fascine. Elle est issue de la famille du même nom dont on a tous entendu parler parce que personnalités publiques, politiques, avocats journalistes, ou artiste (le musée de Tours Olivier Debré : fabuleux). Elle se métamorphose depuis plusieurs années maintenant ; l'avocate parisienne prometteuse mariée et mère de famille s'est dépossédée de tout : biens matériels, carrière, couple, et dans ce dernier livre y compris du lien avec son fils, le maintien de ce lien qui devenait un combat. Elle s'est réduite à sa vie intellectuelle (et sexuelle), grande maigre, elle n'est pas intéressée par manger, par posséder ni les choses ni les gens, sa vie se résume à penser, écrire (et baiser, voire aimer parfois). L'écriture est aussi ascétique que sa vie.


Les impatientes - Djaïli Amadou Amal. C'est le prix Goncourt des Lycéens, mais qu'est-ce que je me suis ennuyée! Ce n'est pas le sujet, qui devrait m'emballer - la liberté des femmes en Afrique, -  mais son traitement, pas la hauteur, ou l'écriture trop linéaire été prévisible? Ce livre et moi, nous nous sommes loupés. 





L'étrange vallée  -  Anna Wiener. C'est ce que les Américains appellent "non fiction", en France rangé parmi les romans, car ce n'est pas une autobiographie. C'est un sujet (la culture tech des entreprises de la Silicone Valley) raconté du point d'une personne. Elle le vit à la première personne dans la dernière décennie, bien avant la pandémie. C'est glaçant de cynisme, non pas ses propos mais la culture de ces entreprises, où on pense faire le bien, on croit faire le bien et qu'on ne se pose pas beaucoup de questions car finalement on est bien payé et on vit confortablement. Un effet un peu dissonant quand elle raconte une époque avant la pandémie, mais qui semble très réel aujourd'hui avec la notion de distance, de télétravail et de lien délité. A lire absolument.


The SCUM Manifesto -Valérie Solanas. SCUM  : society for cutting up men. Et ce n'est pas une blague. On a beaucoup écrit sur ce livre écrit en 1967, par celle connue pour avoir tiré au revolver sur Andy Wahrhol. On a beaucoup parlé de cette femme, plus que de son livre parce qu'elle a été incestée, prostituée, SDF, artiste, mentalement dérangée... autant d'attributs qui visent à décrédibiliser sa pensée ou à la réduire à un de ceux-là. Je crois surtout quel ce qu'on dit sur elle est pour éviter de voir et de reconnaître  que ce manifeste est sérieux et cdonc dérangeant. Une société  sans hommes. Il exprime la rage jusqu'au bout, renverse la table et ne cherche pas à se faire entendre ni à être poli. 




Les cosmonautes ne font que passer -  Elitza Gueorguieva. Ecrit à la deuxième personne du singulier, on est tout à  côté de la narratrice, on voit le monde par  ses yeux d'adolescente.  C'est la chute de l'empire soviétique et la fin de sa grandeur vue par une adolescente qui veut devenir Iouri Gargarine : elle vit si c'était  la conquête de l'espace. Que faire quand l'empire soviétique n'est plus le seul modèle à suivre et que les grands héros soviétiques sont déchus? Frais, léger, drôle, une autre façon (malicieuse) d'aborder la vie.





Sans alcool - Claire Touzard. Je suis tombée dessus par hasard. Cette journalise raconte comment elle se rend compte de la place que tient l'alcool dans sa vie fait d'elle une alcoolique. Elle décide d'arrêter. Ce livre ne raconte pas les 12 étapes (ou je ne sais combien) des AA, mais le rapport qu'elle entretient à l'alcool, le rapport de notre société à l'alcool, ce qu'il nous fait oublier, ce à quoi il nous oblige et que devient une vie sans. J'avoue que pendant quelques temps, j'ai pris du jus de tomate à l'apéro!
La "famille" Shilpi Somaya Gowda. J'avais lu "un fils en or" de cette autrice indienne et j'avais adoré. Elle explore dans ce roman les liens à la famille : entre enfants et parents et comment ils se renouent ailleurs avec d'autres pas forcement bien intentionnées quand la famille vole en éclats. L'histoire se passe au Canada, on y parle de spiritualité, de culpabilité et d'allers et retours.







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