Notre pub-hotel dans l'Essex |
Que peut on attendre d'un mariage qui commence à la bière juste après la cérémonie des voeux, dès 14h30?
Le pire et le meilleur. Nous n'avons pas eu le pire. Juste beaucoup de bières.
Un curieux mélange d'Australiens (le marié) venus en force de down under et d'Anglais (la mariée), quelques Canadiens, a couple of irish people, et deux français, nous.
Nous avons une longue histoire de retards aux mariages, de louper les débuts, à une exception près ces dernières années. Nous avons loupé la mairie à Rouen, l'église à Gentilly, et une fois très ancienne, nous nous sommes trompés de plusieurs heures sur le timing, arrivés au moment du repas.
Une longue habitude de s'habiller sur le parking et d'arriver en courant. Ce n'est pas aussi drôle que ça en l'air, seul Quatre mariage et un enterrement le transforme en comédie.
Ce week-end, nous avions pris des marges, que l'agence de location de voiture nous a grignotées. Non seulement nous n'arriverons pas à l'heure demandée, mais juste après le début prévu de la cérémonie.
Rebelotte : habillage sur le parking, ils étaient tous déjà à la cérémonie, personne ne nous a vu en culotte à enfiler robe et pantalon à pinces. Chaussures à talons pour moi - quasi jamais portées - mettre la bride vite, enfiler la robe s'assurer qu'elle n'est pas coincée dans la culotte, se donner un coup de brosse, heureusement je ne me maquille pas. Traverser le parking comme un grand échassier - dit mon iMari quand il me voit marcher avec des talons. Route ou graviers? Route, définitivement route avec ces talons et mon habilité à les manier.
Impossibilité de courir, on arrive dans le hall, on nous propose de vite traverser sans regarder la mariée qui finit de s'apprêter. Discrètement entrés dans le fond de la salle, on se cale debout contre le mur.
Personne ne suit une cérémonie de mariage debout c'est contre le protocole anglo-saxon. On nous fait signe d'aller nous assoir... devant. Juste derrière les parents.
Arrivée discrète loupée, retard entériné, les Français démasqués.
A l'heure des bières de 14h30, il n'y a pas que des bières. Et un genre de champagne, du Prosseco je pense, ainsi qu'un Pimm's joliment présenté mais néanmoins alcoolisé. Rien d'autre n'est en libre service sur les tables. Pas d'eau, pas de jus. C'est une des serveuses qui me voyant sans verre m'a évité la déshydratation sous les soleil de l'Essex. Elle m'a fait répéter 2 fois que je voulais une boisson sans alcool. Les non-alcoholic persons s'étaient déclarées lors du RSVP, pas moi. Je n'avais pas trouvé la case pour dire je ne boirais pas avant l'apéro du soir, surtout je n'avais pas imaginé qu'il n'y aurait que de l'alcool dès le debut d'après-midi.
Pour parfaire notre réputation de Français en retard, nous sommes aussi arrivés les derniers au diner, avons du une nouvelle fois traverser la salle alors que tout le monde ou presque était déjà assis, oncle et cousins de l'iMari agitant leurs bras comme des moulins à vents pour nous diriger. C'est hyper facile d'être en retard au diner , même s'il se tient sur le même lieu que les bières. Il suffit de devoir prendre sa chambre d'hôtel - en fait un pub à 10 mn de voiture - avant 18h et de tomber sur du personnel nonchalant. A se demander si les Anglais sont nonchalants ou si les Français sont impatients.
Le menu semblait hyper long, deux entrées, deux plats,deux desserts, jusqu'à ce qu'on m'explique que la deuxième ligne était l'option végétarienne. Conseil pour la prochaine fois : dans les mariages anglo-saxons, faire comme dans les avions, prendre l'option végétarienne. Ce qu'évidemment je n'avais pas plus réalisé, que les non alcoholic drinks. J'ai donc eu meat ball à la sauce tomate en entrée et pulled pork en plat. Ils n'ont pas trouvé de dessert carné, ce qui a donné meringue et fruit de la passion.
Je fais ma difficile, je ne suis pas venue pour manger, je sais. La famille australienne de mon iMari me connait un peu, car ils sont venus, presque chacun leur tour, me demander si le vin était à mon goût. Oui le rouge était OK. Un italien un peu relevé pour aller avec tout ce menu protéiné.
Bien que le vin soit bon, les Australiens ont fait le repas à la bière. Comme ce ne sont pas des sauvages, ils avaient lâché les bouteilles et buvaient dans des grands verres (pinte) qu'ils alimentaient par des immenses jars que le personnel de service apportaient sur demande.
Un mariage à la bière, surtout quand des shots arrivent à la table des mariés avant le dessert (meringue passion je rappelle pas de viande) est tout de suite très détendu. Malgré les robes longues, les manucures, les airs sérieux des best men tous habillés pareil avec les mêmes boots R. M. Williams (la chaussure australienne de toutes les étapes de vie) la bière crée une ambiance très détendue, y compris pour la française-échassier en retard perchée sur ses talons.
Ambiance détendue des speechs. Tellement détendue, qu'un peu trop à mon goût. La bestfriend-bride's maid s'est crue obligée de nous raconter dans le détail, à la fin du dîner, l'historique de beuverie et de vomis de la mariée.
Le best man & best friend un gars bien viril avec une coupe mulet - qui aurait fait bavé d'envie mon iAdo - a, lui, eu une parole presque poétique, toute en nuances, élogieuse et drôle, en inversant qualités et défauts du groom, qui nous l'a fait aimé tout de suite (le marié et le best man). Rien de trash, juste miel et douceur.
Le père de la marié, ex IT man à la retraite , a regretté de ne pas avoir eu l'autorisation d'un PPT, mais il s'en est bien sorti. Il nous a presque fait croire que c'était un père présent, attentionné, qui connaissait sa fille. Il a sorti d'un sac, que portait son épouse, Doll-doll, la poupée doudou de sa fille, les 2 versions de la poupée de chiffon car, explique-t-il "il faut bien la laver de temps en temps, nous avons du en acheter une deuxième et nous t'expliquions qu'elle changeait de robe".
Je n'avais pas de doute sur qui avait acheté la deuxième poupée identique la couleur près de la robe, sur qui lavait les poupées et faisait l'échange, sur qui racontait l'histoire du changement de robe. Mais j'en suis venue à me demander pourquoi ce sont les pères qui font les discours de mariage.
Les pères qui sont statistiquement peu présents, moins attentifs à ces histoires de doudou à laver tout en assurant la continuité auprès de l'enfant.
Evidemment je suis allée voir à la mère de la mariée, pour partager avec elle ma préoccupation "pourquoi ce ne sont pas les mères qui font les discours de mariage ?". J'aurai bien aimé entendre sa version de l'histoire. Elle a tout confirmé de son rôle dans l'affaire. Son mari travaillait à Londres, 2h heures de route le matin et autant le soir, sachant qu'il restait souvent à Londres la semaine. Inutile de préciser que s'il se rappelait seulement du nom du doudou ça relevait du miracle, alors de là à imaginer qu'il aurait su quel programme de lavage utiliser ...
Mais c'est le père qui nous raconte tout ça.
Puis le grand-père du marié.
Pas le père, qui était là pourtant. Assis à la table des mariés. Je ne connais absolument rien des protocoles de mariage (je me suis mariée en vert, sur un tracteur, pas à l'église, sans fiançailles, et sans diner familial la veille, sans bière aussi), mais j'ai noté qu'à la table des mariés il y avait les parents de la mariée et sa soeur, les best man/woman (un·e seul·e), le père du marié et sa nouvelle compagne, la soeur du marié. Mais pas la mère. La mère du marié était à une autre table avec son compagnon. Pourquoi pas à la table officielle?
Les mères ne parlent pas et ne sont pas à la table des mariées si elles ont divorcées.
Le grand-père du marié - qui est l'oncle de mon iMari - a fait l'historique de le famille depuis ... plusieurs siècles en arrière avec l'arrivée des premiers descendants en Australie. En racontant l'histoire familiale, il en profité pour nous présenter : the French family - ceux qui avaient loupé nos retards ne pouvaient plus nous ignorer. Les discrets français.
Le cycle des discours s'est clos sur la seule femme à prendre la parole, c'était la meilleure amie et elle nous parlé de biture et de vomi, trop longtemps et trop de détails. Le cousin de mon iMari m'a expliqué que c'était somme toute assez classique, ce qui l'était moins était le discours du best man-poète. Il a trouvé qu'elle était plutôt soft et s'est marré quand j'ai dit que c'était too much for me (surtout en même temps que meringue passion). Les français en plus d'être en retard sont prudes.
Se serait-elle lancée dans un discours aussi trash si elle n'avait pas été pas la seule femme à prendre la parole? Qu'aurait-elle dit si elle s'était inscrite dans une lignée de femmes : la mère de la mariée, la mère du marié, la meilleure amie du marié (pourquoi faut-il que le best man soit un man et pas une best woman?). Mes plus proches sont plus souvent des hommes que des femmes, cet équilibre commence à changer avec l'âge - comme dans ma bibliothèque - je réfléchirai un autre jour à ce sujet.
J'ai échangé mes talons contre des chaussures plates et brillantes pour danser, sans hurler les paroles de tout ce qui passait car je ne les connaissais pas, contrairement à tous ces (jeunes) gens (anglo-saxons) autour de moi.
La bière à continué de couler à flot en open bar, et le Prosseco, du moins ce qu'il en restait ; les cocktails du soir étaient payants, ce qui est très bien pour limiter les débordements. Je n'ai rien vu de ce qui avait été raconté par la best-friend & bride's maid. Le mariage sonne le glas de ces heures de gloire, les discours de mariage sont en fait des discours de clôture.
Vers 22h, sont apparus des pains burger, des steaks, du bacon grillé et des oignons. Tout le kit du burger DIY (Do It Yourself). Comme j'avais fait la difficile à table (toute cette viande!), je me suis rattrapée avec un sandwich oignons et bacon, toujours sans bière.
Le lendemain, rendez-vous chez les parents de la mariée pour un bbq chill-out post wedding. C'est la même histoire : début à 14h, avec de la bière et de la viande. Différence majeure, j'ai trouvé une limonade et des salades.
Au delà de son empreinte carbone, ce mariage était très sympa, et il est utile de garder des liens avec ces gens, de les entretenir pour que nos enfants et les leurs sachent que les autres existent, se connaissent, qu'ils viennent parfois en France (coincer ma machine à laver!), et échangent sur nos façons de vivre (et surtout de comment utiliser les lave linges européen)
Je suis contente d'y être allée, je veux juste plus de mères et moins de bières dans les mariages.
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