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Articles

Affichage des articles du mai, 2025

Quand on me demande comment ça va

Francesca Woodman @Tate Modern Vendredi, quelqu'un me demande si ça va.  Oui d'abord.  Puis non en fait.  En fait non, j'ai eu une drôle de semaine qui laisse un drôle de goût, une sensation désagréable, qui colle à la peau, qui préoccupe. Mon ciel n'est pas sans nuage, pop, pop des bulles remontent à la surface de ce qui n'est pas réglé. des unfinished business . La semaine avait mal commencé avec cette visioconférence en lieu et place de 27 choses plus agréables. Mais une fois terminée, c'était derrière moi, nous reste avec mon collègue à clore la mission, le shutdown process est en court, tout est sous contrôle, je peux me dire. Mardi j'ai enfin un signe de vie de ma cliente qui a annulé sa séance en mars et dont je n'ai plus de nouvelles depuis. Elle a disparu des radars : un message d'absence par mail, pas de retour de SMS, ni au appels directs. Pas de son, pas d'image. Mon inquiétude augmente avec le temps qui passe. Puis j'ai vu un fré...

27 choses plus agréables

@Tate Modern- London  Parfois c'est l'horreur. Pas souvent. Une fois par an, peut-être moins, pas beaucoup plus. Je compte les jours jusqu'à la fin, je compte les minutes avant de raccrocher. Et je me pose deux questions : qu'est-ce que j'aurai pu faire pour éviter ça? qu'est ce que j'en tire comme enseignement pour ne pas renouveler l'expérience ? Inutile de préciser : pas grand chose des réponses de l'une ou l'autre ne m'évite pas de retomber annuellement dans une situation merdique. Je parle d'une situation merdique avec un client, sur une mission qui ne se passe pas comme on voudrait, qui nous met à mal et qu'on vit mal. Les causes sont connues, diverses : la demande qui ne correspond pas au besoin, la précipitation qui ne permet pas l'exploration de la demande (encore moins du besoin), l'implicite dans lequel on se prend les pieds, notre envie de faire différemment... Les signes avant coureurs, souvent on les a. Les signa...

La neige en Nobel

Il neige dans Atsuko de Cosey En lisant Han Kang, je me suis demandée ce qui constituait un prix Nobel de littérature. Nous nous engageons dans une forêt dont je ne peux identifier les essences à cause de la neige et de l'obscurité. Le chemin s'infléchit, les pas d'Inseon dessinent un arc doux. La bougie vacille, la flamme monte et descend, traçant des lignes rouges dans l'air. Des signes indéchiffrables. Comme une flèche qui volerait lentement, vers l'infini. Han Kang - Impossibles adieux La lenteur. L'immersion. L'empathie. L'étrangeté. La beauté. La poésie. La sensation. Le malaise. La douceur. L'intimité. La douleur. Tout tricoté ensemble ; rien de cela. Il m'a été offert deux des livres de Han Kang, que j'ai lu quasiment à la suite. La végétarienne avec son lot d'étrangeté, de malaisance et de violence impose son lot d'effort à la lecture. J'ai du relire souvent, plusieurs fois certains passages, pas certaine de bien compre...

Une liste de trucs que j'aime

Fabienne Verdier @Domaine de Chaumont/Loire J'aime  la lumière qui rayonne de la porte ouverte du frigo dans le noir la pluie quand elle tombe sur le toit et la fumée qu'elle laisse au sol les bruits du soir quand le soleil se couche  le moment bleu entre chien et loup  J'aime le soleil qui hésite le matin l'ombre des branches qui tressaille sur le mur  la surpopulation d'oiseaux dans mon jardin  les fleurs qui s'y invitent, les graminées qui prolifèrent  le fantasme qu'un jour il ressemble à un champ J'aime  quand je me glisse dans mon lit le temps du petit-déjeuner qui s'étire ouvrir la porte de ma maison vide  la musique beaucoup trop fort ne rien faire sur mon banc rouge  J'aime le thé encore brûlant dans la tasse le pain à l'odeur de presque brûlé  l'amertume sous la langue  le livre qui a des traces de chocolat, de thé, de vin  les choses qui ont du goût et des couleurs  J'aime  ranger mes livres par couleur...

Une Gabriele si moderne

Autoportrait - Gabriele Münter Au moins trois expositions dédiées à des artistes femmes en ce moment. L'embarras du choix.  A Beaubourg, l'exposition Suzanne Valadon est complète plusieurs jours à l'avance.  Artemisia au Musée Jacquemart Andrée a encore des plages disponibles, pas les plus pratiques. Gabriele Münter a le mérite de la spontanéité. Aucune queue au Musée d'Art Moderne, aucun besoin d'acheter le gilet à l'avance.  Contrairement à ces premières lignes, cela n'a pas été mon critère de choix.  Le critère est le plus souvent la relation que j'ai le coup d'oeil, l'aperçu que je peux avoir avec une oeuvre, c'est a dire avec le dessin que j'aperçois sur l'affiche. C'est comme cela que je finis souvent par hasard dans des expositions d'artistes dont je n'ai jamais entendu parler.  Je suis guidée par l'émotion qui se dégage à l'aperçu d'une oeuvre (peu importe laquelle, je ne creuse pas avant d'y aller)...

Entre deux mères

Détail d'un tableau de Claire Trottignon Deux versions de la maternité que je lis presque en même temps, le premier issu d'un recueil de poèmes qui traine sur la table du salon et que je feuillette en me posant sur le canapé (ça pourrait devenir mon  Instagram), et l'autre dans l'ovni essai-poêtique qui m'a tenue quelques jours au petit déjeuner. Tu as du t'accommoder des nuits blanches, bercer les coliques et les cauchemars, apaiser la douleur. Tu as confondu l'aurore  avec les cernes, et les cernes avec l'envers du regard, tu as vu s'emmêler les couleurs de l'été, tu as délaissé les saules aux chevelures frêles pour les conifères. Tu es entrée dans le temps long des femmes qui veulent voir grandir leur enfant ; le consoler, le défendre, l'armer pour les petites et les grandes guerres. A vingt ans tu as fait le serment de vivre, vivre vieille, sans héroïsme, sans chemin précis à suivre, sans chercher à distinguer les zones d'ombres entre...