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Hofesh Shechter |
Si je suis honnête, je dois reconnaitre qu'avant En corps - l'excellent film de Cédric Klapish - je n'avais pas remarqué Hofesh. J'ai vu des spectacles de lui, plusieurs au gré de nos abonnements au Théâtre de la Ville depuis des années (peut être trop nombreuses ces années, ça devient une routine à reconsidérer), et aucun ne m'est resté en mémoire. D'autres chorégraphes ont marqué ma rétine, mes émotions, je me souviens de mouvements, de musique, de sensation.
De lui, rien.
Sauf sa belle silhouette depuis En corps, son air dégingandé et assuré, une nonchalance dansée et légère. Il est beau, agréable à regarder, sa voix est douce, ses mouvements sont fluides. Mais j'ai oublié tous ses spectacles. Et le dernier à la Philharmonie ne fera pas exemption, trop alambiqué, qui mélange de l'Opéra en accordant toute la première partie du spectacle à du Bach chanté en allemand, à des musiciens sur scène qui ne laissent plus de place à la danse, à des interviews de personnes mourante à l'hôpital.
La partie dansée est trop réduite : à la fois dans le temps quelques minutes à chaque fois ; sur scène : l'espacé est tellement petit que même les mouvements m'ont semblé retenus.
Et pourtant dans le dépliant de présentation du spectacle et des compagnies - que j'ai lu attentivement du début à la fin, il y a une chose qui m'a plu.
Beaucoup.
Et qui m'a entrainé loin.
La compagnie fondée par Hofesh Shechter a écrit ses missions. C'est la première fois que je lis quelque chose comme ça. Les missions d'une compagnie de danse. Avec du recul, ça ne devrait pas être surprenant et pourtant ça le fut pour moi ce soir-là.
Je me suis demandée comme ils s'y étaient pris. Hofesh les a-t-il écrit seul ? Avec son manager ? Ou est ce qu'il a réuni ses premiers danseurs, organisé un seminaire, ensemble ils ont réfléchir et parlé des missions de cette compagnie, essayer de formuler des jolies phrases qui illustrent leur souhait ?
Je les ai imaginés avec leurs post-its jaunes, assis à des tables rondes (ou est-ce que les danseurs ne s'assoient que par terre avec - ou sans - des coussins? J'ai imaginé le consultant qui les fait réfléchir à ce sujet, quelles méthodes, quel fil rouge pour la journée?
Vraiment, avec des posts it? Ou avec un grand tableau noir où ils écrivent à la craie? Est-ce que les post-its sont collés sur le miroir de leur salle de répétition?
Ils ont du le faire en anglais, vu la diversité des nationalités qu'il a.
Comment s'en servent-ils? J'imagine mal que ce soit un guide pour à la création, ou pour les thèmes ?. Est ce qu'ils sont allés jusqu'à réfléchir à la raison d'être ?
C'est un tout autre univers qui s'ouvre, quand j'y pense.
Et leurs missions ne sont pas classiques, un peu plus élaborées que "mettre la danse à la portée de tous", où ce serait alors une branche spécialisée de la FNAC (qui veut mettre la culture à la portée de tous, sans vraiment y parvenir d'ailleurs).
Ces missions m'ont laissée songeuse :
- s'éloigner de la danse pour se rapprocher de la vie
- partager des expériences qui ébahissent les spectateurs et résonnent avec leur conscience
- nourrir la prochaine génération des danseurs et aller chercher un nouveau public dans le monde entier
Ma première réaction a été de me dire que le consultant n'avait pas fait le boulot comme il faut jusqu'au bout. Ces trois phrases embrassent trop large et cherchent à tout couvrir.
Pour etre juste, ce qui manque est une synthèse, uhh effort de refomulation pour monter le tout d'un niveau.
Je comprends que la compagnie ne fait pas de la danse pour de la danse ou pour ses danseurs (ce n'est pas danseur-centré) mais elle recherche les passerelles entre la vie et la danse, dans le partage d'expérience, dans la transmission intergénérationnelle et entre les pays. C'est une compagnie à mission (comme les entreprises à mission) qui cherche à faire de sa danse un vecteur humaniste, qui éduque au delà des âges et des nations.
C'est finalement très ambitieux.
Trop ambitieux au vu du denier spectacle, qui est sur la mort (vs se rapprocher de la vie), qui a peu de danse au final, qui ne m'a pas ébahie (ni mes iAdos ni mon iMari), qui a un peu déçu son public.
Au final, il n'y a que ma conscience qui a résonné, puisqu'une grande partie du spectacle j'ai pensé à ce missions et au post)-its jaunes.
Je me demande si je dois lui écrire pour finir le boulot sur les "missions" et leur réalité opérationnelle ...
Voilà ce qui arrive quand les spectacles ne nous captivent pas.
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