J’avais rapporté de Chine mon vélo, en me disant que ça servira toujours. Il a trainé quelques années à la campagne, jusqu’à ce que dans notre jardin, il y ait un abri pour le ranger facilement.
Il est donc de nouveau en service depuis quelques années. Il a quinze ans, il est rouillé, son pédalier n’est pas fluide, ni son changement de vitesses.
Je change rarement de plateaux car je ne suis pas certaine du résultat.
Le panier sur le guidon est tombé, rongé par la rouille, il a désormais une sacoche orange (on ne se refait pas) sur le porte bagage pour transporter des trucs (du chocolat, des livres, des courses…).
Il sert pour les petits trajets autour de la maison. Sous la pression de mes iAdo j’ai même acheté un casque, et l’antivol (aussi chinois) pourrait être coupé avec un sécateur, on peut même s’éviter l’effort tellement souvent la clé reste sur l’antivol.
A la fin du confinement, j’avais été ravie de pédaler jusqu’au bureau (quand j’y allais encore parfois). Les rues étaient vides de voitures, les 40 minutes me semblaient d’une telle liberté que j’en étais enivrée et carrément extatique, y compris le soir à la montée quand je rentrais crevée.
Jusqu’à présent, pédaler restait une activité ludique, comment joindre l’utile à l’agréable. Il fallait que j’ai le temps, l’envie et que j’y pense.
Depuis le 1er septembre, il sort désormais plusieurs fois par semaine et sur des trajets de plus en plus longs.
Que s’est-il passé au 1er septembre ?
Le 1er septembre, le parking est devenu payant pour les deux-roues motorisés dans Paris.
Ce n’est pas le prix qui est rédhibitoire, c’est le fait de payer qui est incitatif.
Quand je dois sortir je me pose la question : vélo ou scooter ?
Du coup : 14è : vélo ; 5è : vélo ; Denfert (le bout du 14è) : j’hésite.
Clairement cette semaine, j’ai fait quelques kilomètres : le cours de Pilates, le café rue d’Alesia, le dej à Denfert… Pas encore la gare Montparnasse pour partir en déplacement, le retour à 22h30 me semble insurmontable en pédalant avec mon sac de voyage.
Il me reste à convertir le trajet jusqu’au Parc de Sceaux le dimanche, ça me ferait échauffement avant le jogging et récupération active après.
Nous sommes nombreux·ses le matin en vélo. Il y a même des embouteillages de vélo pour passer les barrières, et sur certaines pistes cyclables on est les uns derrière les autres (moi derrière surtout).
Les femmes ont des vélos électriques, à 90% je dirais, je suis la seule avec mes pédales qui grincent, les hommes c’est moitié électrique moitié traditionnel, et ceux-là ne sont pas en costumes cravates.
Je suis beaucoup doublée, je ne double que les piétons.
Il y a encore beaucoup de progrès pour que je me sente à l’aise et que je descende alerte te fraiche après n’importe quel trajet.
Déjà, Geo velo me guide dans l’oreille (prenez à droite, dans la rue de la Santé), je me trompe souvent, le GPS est en léger décalage ou je pédale trop vite. Je m’arrête régulièrement pour regarder le plan sur mon téléphone, surtout quand il me dit « recalcul de l’itinéraire en cours… ». Je visite ainsi des rues inconnues jusqu’alors et pas tout à fait sur mon itinéraire le plus direct. C’est un peu l‘aventure, le vélo.
Ensuite, les montées et les descentes. Contrairement aux idées reçues, Paris est loin d’être plat et j’habite en haut d’une colline. Les montées, ben comme son nom l’indique, je sue. Et les descentes, il faut se retenir de freiner par ce qu’après ça monte. En vélo, il faut se retenir de freiner, car ensuite tu dois pédaler encore plus fort pour repartir. Ce n’est pas comme en scooter où juste en tournant le poignet tu repars.
En vélo, ce sont les jambes qui te font repartir.
Je freine trop, je n’ai pas assez de jambes.
Les feux de signalisation. Double problème. Les hommes en vélo ne s’arrêtent pas aux feux de signalisation. Ils filent. Certains regardent, d’autres pas, zigzaguent entre les voitures, filent comme des flèches.
S’arrêter, deuxième problème, sachant que mes pieds ne touchent pas le sol. Je suis obligée de descendre de ma selle, je ne sais pas restée en équilibre sur mes pédales comme les gars (peu nombreux) qui marquenet l’arrêt aux feux.
Et enfin, descendre de son vélo, l’attacher et faire sa vie. Mes iAdos descendent de leur vélo pendant qu’ils roulent. Moi je freine, je descends de ma selle et je passe une jambe de l’autre côté Il me faut toujours un peu de temps pour trouver où l’attacher, mettre l’antivol et oublier la clé dessus.
Bref c’est l’histoire d’une vie.
Mon iAdo me dit que je serais bien avec un vélo électrique. Un Gazelle, comme ceux qu’on a eu à Amsterdam. Confort et élégance avec le cadre très bas et le guidon très haut. Je me tiendrais fière et droite sur mon velo, et peut être je pourrais descendre en roulant.
Je pourrais aller au-delà 14è, et je serai moins en nage. Je doublerais enfin autre chose que des piétons.
Peut être a-t-il raison.
Et que deviendrait alors mon vélo chinois ?
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