à la Fondation Cartier |
J'y suis retournée une deuxième fois.
La première fois j'avais été submergée.
La deuxième, j'ai vu plus de choses, j'ai senti plus de nuances dans les émotions.
Et je n'exclus pas d'y retourner.
C'est comme un bain, ça régénère, ça fait du bien pour les yeux, ça m'enveloppe de beauté, je ressors en ayant confiance.
La beauté me faut du bien.
L'émotion de la beauté me lave des autres (émotions).
J'aimerai y aller avec un fauteuil confortable un bon livre et y passer du temps.
Je revois encore la salle du bas, en respirant je la ressens.
C'est comme un rêve, un lieu apaisant, a safe place. Un endroit qui sauve le monde.
C'est une Aborigène d'Australie des territoires du nord, au delà même, elle vient d'une ile isolée dans le golfe de Carpentrie. Cette femme a vécu toute sa vie avec sa communauté, isolée sur ces iles (les iles Wellesley). C'est à 80 ans qu'elle visite pour la première fois un musée, lors d'une visite de groupe organisé par sa nursing home (son Ephad). C'est la révélation devant les peintures. A partir de ce moment, elle passe son temps à peindre. Des toiles immenses, des aplats de couleurs. Ça semble primitif et brut, en fait c'est de l'art figuratif. Peu importe la qualification, ce sont des tableaux qui parlent au corps et non la tête, ils se regardent et se ressentent, il n'y a rien à intellectualiser.
Pendant une dizaine d'années, elle peint tous les jours. Elle produit plus de 2000 oeuvres, plus d'une tous les deux jours. Elle semble insatiable, infatigable, commune course contre la montre, comme si elle était remplie d'une trop plein de choses : de visions, de couleurs, d'émotions, d'images de sa terre, de ses paysages, d'histoires...
Pour les Aborigènes, l'Histoire se raconte dans la nature, dans les paysages.
Lors de nos différents voyages en Australie, nous avons visité beaucoup de lieux aborigènes (plus ou moins sacrés à chaque fois) , et j'ai toujours adoré la visite de ces lieux : l'histoire EST dans le paysage, l'histoire EST le paysage. Il faut voir le serpent, la terre, l'oiseau, le chasseur dans la forme de la montagne, dans le mouvement de l'eucalyptus, dans le ruisseau (Creek) qui est à sec la plupart du temps, et la création du monde est là, une histoire en mouvement dans une paysage statique.
Ça m'a toujours demandé un effort - de lire l'histoire dans la paysage - un effort que j'ai adoré faire, je peux y passer des heures (ce qui est pénible pour le reste des troupes...) mais quelle joie quand tu la perçois. Il y a comme un frisson de transcendance.
Il y a ça dans les peintures de Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori : je retrouve des histoires et des paysages et si je me laisse aller je vois des eucalyptus, je vois des paysages rouges, de la lumière aveuglante, le Pacifique, le noir des ombres portées.. il ne manque plus que les odeurs.
C'est un voyage.
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